Billet invité.
Cela devait arriver un jour ou l’autre : les dérèglements du système financier s’additionnant, c’est le FMI qui est à son tour touché par la bande. Les Droits de tirage spéciaux (DTS) qui constituent son unité de compte risquent de voir leur taux d’intérêt tomber en territoire négatif, or celui-ci sert à établir le taux des emprunts et des prêts du FMI. La conséquence ? Un État pourrait devoir payer un intérêt pour prêter au FMI, et le FMI en finirait pas faire autant pour prêter des fonds à un pays bénéficiant de l’un de ses programmes d’assistance !
Pour éviter de se retrouver dans une telle situation, le FMI a annoncé vendredi qu’il instituait un taux plancher de 0,05% pour les DTS. L’origine du problème se situe dans la méthode de calcul du taux d’intérêt des DTS, qui repose sur un bouquet de taux, un pour chacune des quatre devises qui composent à l’heure actuelle ce panier (le dollar, la livre sterling, le yen et l’euro), dont certains sont actuellement négatifs et d’autres très faibles. Pour l’euro, c’est l’Euribor trois mois et pour le dollar les bons du Trésor américain à trois mois.
Une hausse générale des taux est crainte, dont la Fed pourrait être à l’initiative en procédant au relèvement de son principal taux directeur, avec pour conséquence la valse hésitation dont nous sommes témoins au fil des réunions de son comité de politique monétaire. Elle aurait notamment pour conséquence un surenchérissement du coût du service de la dette, alourdissant encore la charge du désendettement. A contrario, le maintien de taux faibles a de multiples inconvénients. La mésaventure du FMI n’en est qu’une illustration mineure, et facilement corrigée, car l’inflation du prix des actifs est bien davantage redoutée et la formation de nouvelles bulles, dont inévitablement une bulle immobilière dans certains pays. L’arme des taux est la plus importante de l’arsenal déjà bien déserté des banques centrales, mais comment l’utiliser lorsque ses effets sont tous à éviter, que les taux soient bas ou élevés ?