Billet invité.
Vladimir Poutine vient de commencer à remplir sa part du contrat en déclarant ce matin que « la Russie fera tout ce qui est en son pouvoir pour que le conflit passe d’une phase militaire à une phase de négociations pacifiques par des voies exclusivement diplomatiques ». L’échange de bons procédés négocié par la Chancelière allemande connait un début d’application : la Russie ne sera pas mise en cause à propos du tir du missile ayant abattu l’avion de Malaysia airlines et va en contrepartie s’engager dans des négociations politiques à propos de l’Ukraine. Angela Merkel a pris le risque que ces négociations tournent court ultérieurement sous un prétexte quelconque, sauf à révéler ultérieurement ce qui est a priori destiné à rester un mystère non élucidé. Attendons de voir comment les autorités américaines vont réagir et ce que les ministres des affaires étrangères européens réunis ce soir diront, et enregistrons que David Cameron, le « cousin » britannique, a demandé une enquête complète sur ce qui s’est passé dans un article écrit pour le Sunday Times, impliquant la Russie et lui demandant non seulement d’encourager un cessez-le-feu en Ukraine mais de rendre disponible toutes les informations dont elle dispose à propos du crash…
Le président russe s’est placé sur le terrain qui lui a été avancé en jugeant « indispensable que tout soit fait pour garantir la sécurité du travail des experts internationaux sur les lieux de la tragédie » : les morts ne parlant pas (et ne sachant rien), il va pouvoir être laissé libre cours à l’émotion et oublier un malencontreux tir de missile qui, selon lui, n’aurait pas eu lieu « si les combats n’avaient pas repris le 28 juin » (à l’initiative du gouvernent ukrainien).
Si la morale ne sort pas grandie de cette affaire, l’honneur des autorités russes est sauf et c’est là l’essentiel pour Vladimir Poutine. Car il s’appuie dans l’opinion sur un chauvinisme qu’il exalte en chaque occasion et qu’un Staline qui finira pas être réhabilité savait flatter lorsque nécessaire. A cet égard, une sinistre exposition célébrant Iouri Andropov à l’occasion du 100 ème anniversaire de sa naissance est organisé depuis fin juin à Moscou. Cet ancien numéro 1 soviétique précédemment dirigeant du KGB et encore avant ambassadeur à Budapest en 1956, a comme titre de gloire d’avoir particulièrement persécuté les dissidents quand il ne les a pas envoyé à la mort. Il est qualifié d’« un homme de talent » par le président russe actuel qui ne renie rien de ses origines.