Une discussion à ce sujet aura lieu cet après-midi. Les commentaires seront ouverts entre 16h et 18h sur la page Les débats du blog de Paul Jorion, précisément ici.
Billet invité.
Dans toute l’Europe, un fort rejet des partis de gouvernement et de leur politique s’est traduit dans les urnes, illustré au mieux par le recul conjoint du PSOE et du PPD espagnols. Fait seule exception le Parti démocrate italien, sans doute en raison de la politique offensive de Matteo Renzi qui réclame son assouplissement.
Du côté des formations qui en bénéficient, la progression du FN en France et de l’UKIP éclipse les scores de Syriza – devenu premier parti et emportant au passage la région Athènes – d’un Mouvement des 5 étoiles malgré tout installé à la seconde place en Italie, et de la nouvelle formation Podémos (Nous pouvons) issue du mouvement des indignés, qui recueille 8% des suffrages espagnols. La grille d’analyse opposant défenseurs de l’Europe et populistes eurosceptiques est réductrice, accréditant une opposition entre défenseurs et destructeurs de l’Europe qui évite d’aborder le sujet de la politique préconisée par les premiers et rejetée par les seconds. Une esquive rendue possible par l’absence d’une alternative. Faute d’une issue alternative claire et crédible au désastre engagé, le repli national et la sortie de l’euro qui le symbolise sont au cœur des tentations.
La crise, était-il annoncé au vu de ses prémices, va devenir politique. Nous y sommes ! Son onde de choc ne va pas se dissiper plus rapidement que celle qu’a connu le monde financier et qui s’est ensuite traduite par une stagnation économique et un chômage installés à demeure. Mais comment va-t-elle se traduire ? Le murissement d’une politique alternative est l’enjeu principal, deux voies étant possibles mais pas certaines. D’un côté, l’émergence d’un plan A’ assouplissant les contraintes et leur rythme tout en conservant la même orientation, de l’autre une autre politique ayant pour but de remettre la finance à sa place et d’instaurer un développement économique reposant sur la préservation des ressources et la répartition égalitaire de la richesse. Mettre en musique un tel programme de manière intelligible et crédible réclamera du temps en raison des remises en cause qu’il implique et ne pourra pas résulter de réflexions isolées ou en provenance des cénacles politiques installés. Les modalités d’une réflexion la plus élargie possible et menée à l’échelle européenne devront être recherchées, notamment en s’appuyant sur les nouvelles formations contestatrices qui ont émergé. Le brouillard ne se lève pas d’un seul coup.