Billet invité
L’indécision généralisée prévaut à tous les échelons européens : une politique d’ensemble se dégage moins que jamais et il ne subsiste plus que l’improvisation et le chacun pour soi. Pour faire bonne figure, la Commission réclame des efforts conjugués de l’Allemagne et de la France, qui « détiennent les clés d’une croissance renforcée ». Selon cette grille d’analyse qui ne mène pas loin, les deux pays sont en passe de devenir les moutons noirs de l’Europe, pour respectivement entretenir « les goulets d’étranglement de la demande intérieure » et pour ne pas réformer comme il faut (avec pour effet de comprimer la demande, allez comprendre !). Alors que la déflation se confirme en Espagne, quatre négociations qui pèsent n’avancent pas.
1. Les contours de l’union bancaire sont toujours aussi flous, alors que la BCE va devoir engager en aveugle sa revue de détail des banques sans connaître les futures règles du jeu, avec à la clé leur désendettement effectif une fois les pertes épongées, afin de repartir sur de nouvelles bases.
2. Le gouvernement de coalition italien est paralysé et l’économie atteinte, la réforme de la loi électorale qui devrait permettre de convoquer de nouvelles élections pour sortir de l’impasse (et prendre quelles décisions ?) n’avance pas.
3. Les négociations préalables à la formation d’une grande coalition en Allemagne traînent en longueur, le groupe des conseillers du gouvernement qualifiés de sages mettant en garde contre un démantèlement des réformes Schröder, le SPD qui durcit ses positions allant tenir son congrès le 20 novembre prochain.
4. Les missions de la Troïka, au sein de laquelle des divergences ne demandent qu’à apparaître, s’enchaînent sans résultat à Athènes. Celle qui est en cours va être interrompue le 22 novembre pour reprendre en décembre, mais les négociations semblent appelées à se poursuivre l’année prochaine, tant les points de vue sont opposés. Le déblocage de la tranche d’aide d’un milliard d’euros reste en attendant en suspens.
Au sein du conseil des gouverneurs de la BCE, deux camps se sont cristallisés. Lorsque les caricaturistes s’en mêlent, deux clans sont opposés, celui des Allemands et celui des Italiens, ce dernier emmené par Mario Draghi. Les premiers reprochent aux seconds une baisse des taux dont leur système bancaire dépendant des liquidités de la BCE a besoin et de négliger le risque de la constitution d’une bulle immobilière en Allemagne, mettant en évidence que les besoins sont divergents. Ils entendent fermer toutes les portes permettant aux gouvernements d’atténuer les effets d’un désendettement public forcé en jouant sur la politique monétaire. Cette division n’est pas nouvelle, mais pourra-t-elle être contenue ? Est-ce dans cette attente qu’un projet de référendum serait à l’étude en Allemagne, destiné à donner une assise supplémentaire à la poursuite de sa politique gouvernementale ?