Billet invité.
Comment survoler les manifestations de la crise politique sans évoquer la grecque ? La majorité soutenant le gouvernement de coalition s’effrite en raison des défections sur sa gauche – sa majorité ne tient plus qu’à cinq sièges – et Syriza devance Nouvelle Démocratie dans les sondages. En tête des résultats, il bénéficierait de la prime de 50 sièges accordé au vainqueur, selon le système électoral en vigueur. Mais un danger plus immédiat est apparu. Quatre parlementaires appartenant à Aube dorée sont déjà aux mains de la justice, et les 14 autres risquent une inculpation pour appartenance ou direction d’organisation criminelle, dans le cadre de l’enquête sur le meurtre du militant anti-fasciste Pavlov Fyssas le 18 septembre dernier.
La réaction inattendue du gouvernement suscite à la fois satisfaction et trouble. Comment expliquer qu’il ait fallu si longtemps pour qu’il réagisse, Aube dorée s’étant fait une spécialité de l’agression des étrangers et des discours apologétiques du nazisme, la police suspectée de complaisance et, pire, d’appartenance à ce parti ? Comment également expliquer que des centaines de milliers de Grecs lui aient accordé leur vote ?
Une autre question est soulevée, qui porte sur le fonctionnement d’un parlement dont l’effectif de 300 est inscrit dans la constitution, au cas où les députés d’Aube dorée perdaient leur mandat après avoir été jugés et condamnés ? Les constitutionnalistes s’agitent, et l’hypothèse d’inévitables nouvelles élections est soulevée. Cette fois-ci, il pourrait en résulter une sortie par le haut, si la victoire de Syriza se réalisait. Avec pour celui-ci la très lourde responsabilité de mener des négociations financières dans des conditions impossibles. Mais Nouvelle Démocratie fera tout pour tenter de récupérer l’électorat d’Aube dorée, jouant à son tour avec le feu…
La Grèce devant prendre son tour de la présidence de l’Union européenne début 2014, la suite ne passera pas inaperçue.