Billet invité
Le nouvel incident survenu sur le chantier de Fukushima est « grave », a reconnu l’autorité nucléaire japonaise qui propose à l’AIEA de le classer au niveau 3 sur l’échelle Ines, qui en compte 7. La catastrophe elle-même est de niveau 7, le maximum. L’eau hautement contaminée qui fuit d’un réservoir de stockage provisoire s’est répandue par flaques et pourrait avoir atteint l’océan Pacifique via un petit ruisseau, a reconnu Tepco. L’opérateur de la centrale pompe comme il peut les 300 tonnes d’eau, qui se sont également infiltrées dans le sol qu’il faut racler, et transfère dans un autre réservoir les 670 tonnes d’eau restant dans celui qui a fuit. Un examen des 350 autres réservoirs du même type – sur un millier pleins à ras bord – est en cours, afin d’identifier d’autres fuites éventuelles.
La précarité des installations de stockage provisoire ne peut plus être dissimulée, mais que faire avec de tels volumes d’eau hautement contaminée, sa production continuant au rythme de 400 tonnes quotidiennes aux fins de refroidissement des coriums ? À cela s’ajoutent 300 tonnes d’eau radioactive dans les sous-sols de la centrale, qui contaminent la nappe phréatique et la mer toute proche. La centrale est littéralement submergée par sa propre production, qu’elle ne peut ni réduire ni stocker dans des conditions adéquates.
Aucun scénario de crise n’avait prévu un tel phénomène devant lequel les autorités sont désarmées et ne peuvent qu’annoncer des moyens supplémentaires, mais pour quoi faire ? De quoi faire réfléchir. Qu’en sera-t-il quand il s’agira de tenter de récupérer le combustible nucléaire qui a fondu, une opération sans précédent et pour laquelle les moyens d’intervention restent à inventer ? Combien de temps la fiction du démantèlement pourra-t-elle être maintenue ?