Billet invité.
Présentée comme étant un laboratoire de la crise tant qu’il était espéré que l’expérimentation engagée allait bien se passer, la Grèce a perdu ce statut auquel l’Espagne est désormais en mesure de prétendre, tel un modèle à suivre dans la décennie perdue qui s’annonce.
Selon le FMI, le pays doit se préparer à une longue période de croissance anémique n’atteignant pas 1%, avec comme conséquence le maintien du chômage au dessus de la barre de 25%, soit 6 millions d’Espagnols (il est actuellement de 26,2%). Afin de « générer de l’emploi et de la croissance », le fonds préconise de prendre davantage de mesures d’assouplissements du droit du travail, présentées comme abaissant les barrières à l’embauche et au licenciement, en diminuant la précarité des contrats temporaires pour réduire la protection des contrats permanents. Car, remarque-t-il, « le poids de l’ajustement [fiscal] continue de reposer sur les employés temporaires et jeunes ». Il faut donc mieux le répartir, au prétexte d’améliorer la consommation et de favoriser la relance (et de rendre la situation sociale moins explosive).
Dans le même ordre d’idée, partant de la constatation qu’avec la croissance prévisible le chômage ne peut être résorbé – il faudrait pour cela atteindre 1,5 à 2% de croissance – le FMI revient sur l’une de ses idées-force : un grand marchandage patronat-syndicats reposant sur une baisse de 10% des salaires en vue d’impulser l’emploi. Car le niveau du chômage est un point noir « intolérable », alors qu’ont été réalisés « d’importants progrès dans les réformes » permettant de « stabiliser l‘économie espagnole ».
Somme toute, il s’agit de négocier au niveau du pays un accord du type que ceux qui sont parfois présentés au niveau d’une entreprise, afin de sauver l’emploi. D’autres prétendent sauver la retraite par répartition en favorisant d’autres marchandages via le dialogue social. Il faut décidément se méfier des sauveurs. Quand il faut continuer de s’inscrire dans un cercle contraignant, pour ne pas sortir du cadre, les autorités politiques ne manquent pas de ressources.
Le gouvernement portugais a trouvé ainsi une ruse afin de réduire la dette publique du pays, qui est de 127% du PIB. Le fonds destiné à régler les retraites des fonctionnaires a reçu comme consigne, au début du mois de juillet, d’acquérir des obligations d’État dans la seule limite de 90% maximum de la valeur de son portefeuille de titres financiers. Ce qui selon les critères européens diminuera la dette, bien qu’il soit possible de remarquer que le fonds en question étant un organisme de l’État, cela revient à ce que ce dernier soit en même temps son débiteur et son créditeur…