Billet invité.
A lire les déclarations des habituels protagonistes de la crise européenne, avant qu’ils ne bouclent leur valise de vacances, la Troïkaland se porte comme il faut.
Que l’on en juge ! Le rafistolage de la coalition portugaise donne à Paulo Portas, par qui la crise est arrivée, la responsabilité de la poursuite d’une politique avec laquelle il venait de prendre ses distances avec une démission « irrévocable ». Ce sera matière à discussion à la rentrée, une fois passé le cap du nouvel examen de la Troïka du 15 juillet, dans la canicule de l’été. La Grèce va recevoir une partie de la tranche d’aide qu’elle attendait, de quoi lui permettre d’assurer ses échéances, mais les conditions l’assortissant devront être immanquablement revues car elles ne seront pas remplies. Les banques espagnoles sont pour leur part suffisamment capitalisées grâce à une réforme comptable du gouvernement qui ne trompe personne, permettant de se concentrer sur le scandale financier qui poursuit le premier ministre, suspecté d’avoir reçu des enveloppes mensuelles d’entreprises bénéficiant de faveurs du temps où il était ministre. Selon les sondages, les deux partis gouvernementaux (Partido popular et PSOE) recueilleraient moins de la moitié des suffrages. Tout va donc bien !
Et l’Italie ? Le gouvernement annonce vouloir réduire la dette du pays de 400 milliards d’euros en 5 ans, selon un plan qui serait prêt à la fin du mois selon la « Corriere della Serra ». Plus de la moitié de cette somme proviendrait d’un montage financier reposant sur la création d’une société de droit privé, détenue par des banques et compagnies d’assurance italiennes, qui achèterait pour ce montant des actifs publics en se finançant grâce à l’émission d’obligations à 15 ou 20 ans. Ces actifs pourraient être achetés à l’échéance par les créanciers, remboursés avec le produit de la vente.
Comme il est devenu habituel, le FMI vient de donner le coup de pied de l’âne en présentant son diagnostic sur la situation européenne. Relevant que « les objectifs actuels pourraient s’avérer ambitieux si la croissance était décevante », il préconise de se doter de plus de « flexibilité », « surtout si cela permet de mettre en œuvre des réformes structurelles plus profondes ou de recapitaliser des banques viables » (ce qui signifie que certaines ne le seraient pas). Le fonds demande à ce sujet « un examen crédible » de la qualité de leurs actifs. Il souligne aussi que le poids de l’ajustement budgétaire et les niveaux record du chômage menacent le « potentiel de croissance à long terme ». « Dans ce contexte, poursuit-il, relancer la croissance et l’emploi est impératif », selon quatre priorités : restaurer le bilan des banques pour relancer le crédit, progresser vers une union bancaire complète, apporter un soutien suffisant à l’économie à court terme, mettre en œuvre des réformes structurelles pour tirer la croissance. Voilà qui a tout l’air d’un contre-programme, avec comme principal défaut qu’il restera lettre morte !
PS : nouvelles de la cinquième colonne : « Il faut d’abord remettre le système bancaire sur les rails si l’on veut remettre notre économie sur les rails », a déclaré Vince Cable, ministre du commerce britannique.