Billet invité.
La cause serait-elle entendue ? De l’eau pourrait être mise dans le vin et le calendrier de désendettement européen légèrement assoupli, sans le clamer sur les toits, le maintenir relevant de l’exploit impossible, car cela craque de partout et nécessité fait vertu. Ce sont tout du moins les bruits de couloir du G20 finances de Washington, qui vient de se terminer, et qui demandent à être confirmés.
Symboliquement, les travaux de Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, professeurs à Harvard, qui ont si bien servi à justifier ce qui ne fonctionne pas, se sont révélés reposer sur des biais et des erreurs de calcul. L’histoire a fait le tour du monde. Le fatidique seuil de 90% du PIB atteint par la dette publique ne condamnerait pas à la récession ! Avec la mise en cause du coefficient multiplicateur, qui lie l’évolution des dépenses publiques au taux de croissance de l’économie, c’est la deuxième fois en peu de temps qu’un ratio présenté comme fait d’acier est abandonné… Toute une conception de l’économie qui fout le camp, et avec elle une politique à la recherche de ses fondements !
La position de repli est toute trouvée, et a été exprimée sans tarder par Jens Weidmann, le président de la Bundesbank. « Surmonter la crise et les effets de la crise restera un défi au cours de la décennie qui vient », a-t-il dit, promettant la poursuite de la même stratégie sur une longue période, repoussant d’autant les effets qui devraient en résulter. Car ils se font attendre, eux aussi. Ce mou dans la laisse sera-t-il suffisant ? A observer la détérioration qui atteint le tragique de la situation dans les pays ayant bénéficié d’un plan de sauvetage, celle de l’Espagne qui ne parvient pas davantage à réduire comme convenu son déficit, la crise politique italienne partie pour perdurer et la contagion qui a désormais atteint la France, il est loisible de rester circonspect…
En Grèce et en Espagne, des dispositions sont prises localement pour que les enfants puissent manger trois fois par jour quand leurs parents n’en ont plus les moyens, cela avait été le cas pendant les dernières vacances au Portugal, où les écoles étaient restées ouvertes. Des autorités sanitaires s’alarment en Grèce des conséquences des coupes budgétaires dans la santé publique. Le gouvernement portugais va taxer les indemnités de chômage pour boucler son budget de l’année…