Billet invité.
Les 15.000 manifestants qui hier scandaient à Bruxelles « Habemus austeritate » se sont en quelque sorte invités au sommet européen. Réunis à l’initiative de la confédération européenne des syndicats (CES), ils ont symbolisé une contestation montante de la politique d’austérité que les dirigeants n’ont pas ignorée et qui a donné le ton à leurs discussions, immanquablement « sereines et intenses », d’après Herman Van Rompuy, le président de l’Union européenne.
Jean-Claude Juncker, le premier ministre luxembourgeois, a le plus clairement exprimé l’inquiétude ambiante en déclarant : « Je n’exclurais pas que nous courons le risque de voir une révolution sociale, une rébellion sociale », n’ayant à ajouter que « il faudra que nous expliquons mieux notre politique ». Les uns parlaient « d’urgence sociale », les autres du « niveau inacceptable » atteint par le chômage. Herman Van Rompuy expliquant « nous sommes pleinement conscients du débat qui monte et même du désespoir de certains ».
Au chapitre des solutions, il y a eu moins d’interventions. Angela Merkel a affirmé « nous devons nous concentrer sur une seule chose, la lutte contre le chômage des jeunes », et Mario Monti – tirant les leçons de son échec et du score du Mouvement 5 étoiles – préconisé de « prendre des mesures efficaces pour stimuler la croissance et lutter contre le chômage de longue durée et des jeunes », ce qui serait « le meilleur message pour contrer la montée du populisme et la désaffection de l’Union européenne ». Les dirigeants en sont restés là du point de vue des mesures concrètes, se référant à leur appel de février dernier, constatant comme Herman Van Rompuy que « les résultats prennent du temps à se traduire en termes d’activité économique et d’emplois ».
Les débats se sont poursuivis sur « le juste équilibre » à trouver entre consolidation budgétaire et croissance, afin de le définir en termes autres que généraux. « Ce n’est pas noir ou blanc, il y a plusieurs nuances de gris! » s’y est essayé Herman Van Rompuy. Tout en n’hésitant pas à affirmer « nous sommes le bon élève ! », François Hollande a apporté sa contribution : « la seule priorité, au-delà des engagements budgétaires, c’est la croissance », avant de conclure qu’il y avait « une grande convergence de vues » qu’il a résumé ainsi : « nous avons pris une orientation générale qui est de faire en sorte que les ajustements budgétaires ne soient pas incompatibles avec les objectifs de croissance ». Sur le départ pour ne pas l’avoir obtenue, Mario Monti avait auparavant réclamé « plus de flexibilité » dans l’application des réformes.
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