Billet invité.
Les résultats des élections italiennes ne seront connus que dans la soirée et les commentaires craignant qu’ils ouvrent une ère d’instabilité vont bon train. Sous-entendu : que la mise en œuvre d’un programme « réaliste » poursuivant ce qu’à engagé Mario Monti rencontre de grandes difficultés.
Figure emblématique d’une politique qui n’a procuré une accalmie qu’en s’abritant sous le parapluie de la BCE, Mario Monti a d’ores et déjà perdu son pari. De même que Silvio Berlusconi, désormais tout entier consacré à son propre sauvetage. Le « Tsunami-tour » que Beppe Grillo a effectué dans tout le pays a par contre payé, lui permettant de cristalliser les rejets, mais aussi d’affirmer quelques idées force fédératrices. Si l’on prend également en compte la baisse de la fréquentation électorale (voire la désertion des urnes dans le Sud du pays), c’est de toute évidence le phénomène le plus important : les Italiens ont trouvé l’occasion d’exprimer à la fois leur rejet de l’austérité et du monde politique.
Après avoir fait chuter le gouvernement de centre-droit, les Bulgares qui scandaient hier « Les partis dehors ! » et « Stop à la mafia! » ne disaient pas autre chose, et la « marée citoyenne » qui a monté en Espagne ce même week-end pour s’opposer au « coup d’État des marchés » ainsi qu’à la corruption n’avait pas d’autres objectifs.
Les références péjoratives au « populisme » ne vont pas manquer dans les commentaires, comme si le recours à la volonté populaire était en soi à ce point méprisable. Ne voulant voir dans ces profonds courants agitant l’opinion que chose subalterne de gens déraisonnables, exaltés et cibles de toutes les manipulations. À les écouter pourtant, des revendications précises sont à chaque fois formulées, opposées au flou qui caractérise désormais le discours politique, la franchise proclamée consistant à ne pas faire de promesses !
Quelques combinazioni politiques seront sans doute nécessaire pour que la victoire électorale de Pier Luigi Barsani, le leader du parti démocrate, se traduise par une majorité au Sénat italien. Laissant entière une question sur laquelle il s’est peu exprimé : que va-t-il faire ? Parmi les dirigeants européens, il n’est pas le seul à s’interroger à ce propos. La réponse du pragmatisme est un peu courte par les temps qui courent. Un gouvernement élu va succéder à l’intermède Monti, mais comblera-t-il la vacance du pouvoir que la presse italienne souligne, qui ferait mieux de parler d’absence de programme.