Billet invité.
Les banques de la zone euro auraient besoin de se recapitaliser à hauteur de 400 milliards d’euros, soit 4,25% du PIB de la zone, selon une étude de l’OCDE qui vient de paraître. Ce calcul repose sur l’application d’un ratio de fonds propres les rapportant au montant non pondéré des actifs. Il ressort dans de nombreux cas inférieur à 5%, y compris pour les banques allemandes et françaises qui ne sortent pas indemnes de l’exercice.
La présentation de l’étude ne manque pas d’intérêt : « La faible capitalisation des banques persiste dans nombre de pays de la zone euro malgré l’exigence communautaire qui a imposé à ces établissements d’atteindre en 2012 un ratio rapportant la composante dure des fonds propres de base (qui constituent qualitativement les meilleurs fonds propres) aux actifs pondérés des risques d’au moins 9 %, ce qui est supérieur aux exigences internationales actuelles. Pourquoi cette nouvelle norme n’a-t-elle pas suffi à restaurer la confiance ? En partie parce qu’elle repose sur une pondération des risques liés aux actifs qui sous-estime sans doute les risques, puisque les banques utilisent pour ce calcul leurs propres modèles de risque internes et qu’elles attribuent, par exemple, une pondération de risque nulle à la dette souveraine. »
L’OCDE s’appuie sur une étude publiée en 2012 et rédigée par Adrian Blundell-Wignall et Paul E. Atkinson, qui dans sa présentation explique « comment les variations enregistrées dans les bilans sont dominées par l’exposition aux dérivés, qui varie en fonction du cycle de risque. La compensation des produits dérivés ne fournît aucune protection contre le risque du marché, tandis que la garantie et les appels de marge sont à la fois pro-cycliques et dangereux ». Pour finir, les auteurs préconisent une séparation des activités bancaires en marquant leur préférence pour les préconisations de la commission du Britannique Vickers, seule solution selon eux pour favoriser le « bon désendettement » (qui procède de l’augmentation des fonds propres) au détriment du « mauvais » (qui a pour conséquence l’accroissement du chômage).
Andrew Haldane, de la Banque d’Angleterre, avait joué les précurseurs lors de la conférence des banques centrales de Jackson Hole, en préconisant de ne pas pondérer les risques de ses actifs pour mesurer la solidité d’une banque, un calcul selon lui impossible. Mais si le risque ne peut plus être mesuré, nous voilà bien avec nos milliers de milliards de dollars d’actifs sur les bras et des contreparties ne tenant pas la route, il n’y aura jamais assez de fonds propres pour les garantir ! Il ne reste plus qu’une seule solution : nier l’évidence en attirant l’attention ailleurs, un exercice auxquels nos communicants sont rompus.
Une réponse sur “L'actualité de demain : L'IMPOSSIBLE MESURE DU RISQUE, par François Leclerc”
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