Billet invité
Tout le Nord et l’Est de la Chine, dont Pékin, sont actuellement couverts d’un épais brouillard de pollution, résultat de la pollution industrielle et automobile, offrant une image saisissante. La densité des particules fines – qui pénètrent le plus profondément dans les poumons – dépasse tous les seuils, la qualité de l’air est la pire jamais mesurée. Des autoroutes sont fermées, des vols aériens annulés en série, les vieillards, les malades et les enfants priés de rester chez eux calfeutrés. Aucune des mégapoles des pays émergents n’échappe à ce cauchemar dont il n’est possible de s’éveiller que si l’on en a les moyens, en les quittant.
A São Paulo, le bal du vendredi soir des hélicoptères emmène les privilégiés vers le littoral distant de 80 kilomètres, des centaines de milliers de voitures se ruant sur les multiples voies des autoroutes ouvertes dans le même sens afin de permettre de s’y rendre, laissant un sillage nauséabond. Le temps du week-end, l’air devient presque respirable dans la ville par laquelle passent en semaine tous les gros camions aux carburateurs mal réglés avant d’atteindre le port de Santos, en attendant la transhumance du retour du dimanche soir.
Les riches habitants des quartiers « nobles », comme on les appelle, partagent cet air que tout le monde respire et c’est bien la seule chose qu’ils acceptent d’avoir en commun, réfugiés derrière leurs clôtures électrifiées et leurs murs surélevés qui ne les en protègent pas. Mais ils commencent à s’évader d’une ville de plus en plus inhospitalière, pour vivre dans des résidences fermées à dimension humaine construites à la campagne, qui leur sont réservées…