L'actualité de la crise: des tourments monétaires japonais annonciateurs, par François Leclerc

Billet invité

DES TOURMENTS MONÉTAIRES JAPONAIS ANNONCIATEURS.

De latente, la crise proprement monétaire est en train de monter en puissance et à son tour de s’installer. La montée du yen japonais par rapport au dollar, et dans une moindre mesure à l’euro, en est la spectaculaire illustration. Sans que la banque centrale japonaise, ainsi que ses consoeurs qui ne le tentent même pas et la laissent inopérante et solitaire, ne puissent prétendre s’y opposer.

Déjà confronté à un cocktail de difficultés insurmontables afin de sortir de la déflation, le Japon doit désormais faire face au surenchérissement de sa monnaie et à ses conséquences. Obstacle d’un côté à ses exportations – qui seules tirent l’économie – de l’autre confortant à l’intérieur la déflation en raison de la baisse des prix des produits importés qu’elle induit.

Des mesures d’urgence viennent bien d’été adoptées de manière cordonnée par le gouvernement et la banque centrale, mais elles sont de portée symbolique et sans réel effet. Le gouvernement doit à la fois commencer d’une main à contenir le déficit public, et envisage pour cela une hausse de la TVA qui est au taux de 5% au Japon, tandis qu’il cherche de l’autre main à relancer la consommation et la croissance. S’efforçant avec peu de moyens désormais de créer des emplois, la nouvelle priorité gouvernementale après que le précédent a beaucoup fait en pure perte dans le béton.

La Bank of Japan utilise pour sa part les moyens dont elle dispose, son taux directeur étant déjà collé à 0,1%. Elle s’efforce de faire baisser le coût du crédit, ce qui n’a pas d’effet car la demande reste résolument très limitée. Ainsi que de faire baisser le yen en achetant des dollars, mais le compte n’y est pas et la tendance ne s’inverse pas. Enfin, les grandes entreprises contribuent au marasme intérieur, cherchant à maintenir leur compétitivité en pesant sur les salaires et en implantant leurs unités de production dans des pays plus favorables, afin de contrebalancer la hausse du yen par une baisse de leur prix. Elles alimentent ainsi la déflation.

De tous côtés, les leviers font défaut qui permettraient d’agir, ou bien ils sont actionnés dans le sens contraire à ce qui serait nécessaire, en vue de défendre les intérêts particuliers du seul secteur économique des grandes entreprises actives à l’exportation. L’équation est rigoureusement insoluble, le gouvernement japonais annonce vouloir stopper la hausse du yen « par tous les moyens », mais lesquels ? Si, comme évoqué, le Japon devait préfigurer ce qui attend les autres pays occidentaux, il y a franchement de quoi s’inquiéter.

L’irrésistible ascension du yen a ses causes, rarement recensées dans leur étendue. La principale d’entre elle est – comme c’est devenu une habitude – l’expression d’un parfait paradoxe. Monnaie d’un pays dont l’économie est profondément malade, le yen n’en est pas moins considéré comme un refuge sur le marché monétaire vis à dis des autres grandes devises. On assiste ainsi, une nouvelle fois, aux méfaits des déplacements erratiques de ces masses importantes des capitaux flottants. Dans le cas présent, résultant de la fuite vis à vis du dollar en raison des mauvaises perspectives économiques américaines. A tel point que sur le Forex, le marché des devises, les banques centrales hésitent fortement désormais à intervenir, craignant que leurs interventions ne fassent pas le poids, même coordonnées. C’est la situation qu’a enregistré la Banque Nationale Suisse au printemps dernier, après être intervenue en pure perte – non sans déséquilibrer son bilan – afin de tenter de contrer la hausse du franc Suisse, qui connaît la même embellie que le yen.

La Fed, pour sa part, n’a aucune raison d’intervenir, satisfaite d’une situation qui a pour effet de faire baisser le dollar ainsi que les taux obligataires, quitte à accentuer les difficultés extrêmes que rencontre le Japon. Les Américains continuent d’exporter leur crise dans toute l’économie mondiale. Hier, c’était en inondant le marché financier européen de leurs produits dérivés toxiques, aujourd’hui c’est en perturbant gravement le marché monétaire au détriment du Japon. Et ce n’est pas fini.

Etre avec sa monnaie une base de repli financière n’est donc pas nécessairement une sinécure, pas plus que peut l’être une fuite brusque des capitaux, quand elle intervient. Réduire la masse des capitaux flottants est devenu un impératif au regard du bon fonctionnement de l’économie, mais cet objectif reste impensable, comme va le montrer le débat qui rebondit actuellement en Europe à propos d’une taxe sur les transactions financières. Cela en serait l’un des principaux effets.

D’autres causes, certaines plus immédiates, sont à l’origine du niveau atteint par le yen. Les autorités chinoises continuent de diversifier leurs acquisitions de devises, en raison de l’accumulation qui se poursuit à grande échelle de surplus commerciaux, au détriment du dollar et en faveur du yen et de l’euro, ce qui conforte ces deux dernières monnaies. Les investisseurs achètent aussi du yen en masse, afin de rembourser les emprunts effectués en yen dans le cadre de leurs florissantes opérations de carry trade, qu’il convient de déboucler car la forte volatilité actuelle des marchés monétaires est pour elles menaçante.

Les dernières statistiques publiées par la Banque des règlements internationaux viennent de mettre en évidence que le marché des devises connaissait une expansion formidable, plus de 20 % en volume depuis 2007, la BRI publiant ces statistiques tous les trois ans. Il s’y échange quotidiennement 4.000 milliards de dollars. En 1998, c’était 1.500 milliards de dollars. Dans un monde où le marché de la dette souveraine est devenu très risqué ou au contraire de faible rendement, et où les marchés boursiers sont anticipés baissiers sur une longue période, en raison des risques de récession occidentale généralisée, le marché des changes offre au contraire des rendements très appréciés et recherchés. Non sans conséquences économiques, qui sont ignorées au vu de la ferveur qu’il suscite.

Un nombre réduit de très gros intervenants est responsable de cette activité frénétique et hautement rentable. Les marges étant généralement faibles, il faut donc intervenir selon de très forts volumes. On ne sera donc pas étonné de trouver une forte implication sur le Forex du high frequency trading (HFT), qui y trouve l’un de ses terrains d’élections. Ce qui notamment explique techniquement la croissance enregistrée par la BRI et offre de quoi alimenter la réflexion. Démentant une fois de plus la vulgate selon laquelle accroître la liquidité serait l’expression d’une incontestable vertu, car permettant d’accroître le volume des transactions financières. On comprend, au contraire, combien l’accroissement de ce volume, au prétexte d’augmenter les rendements, peut être destructeur.

Il n’est pas sans intérêt de noter, au passage, que si la place du dollar continue de s’effriter par rapport aux autres grandes monnaies, on constate l’augmentation du poids dans les échanges des « monnaies matières premières » – des pays qui en sont le réservoir – qui ont devant elles de beaux jours. En attendant mieux, elles servent aussi de substitution au yuan chinois, dont la convertibilité est encore très limitée. Ce sont les contours d’un nouveau système monétaire international qui en filigrane se dessinent dans ces évolution, et que la crise du yen, qui est en réalité celle du dollar à l’origine, devrait contribuer à rendre plus indispensable. Ce qui ne signifie pas qu’il va rapidement intervenir, étant donné les intérêts en jeu qui s’y opposent, contribuant à l’approfondissement de la crise dans sa dimension monétaire.

Non seulement aucune solution à la crise globale que nous connaissons n’est en vue, mais celle-ci continue de s’élargir et de s’approfondir. De financière, elle est devenue économique et désormais monétaire, tandis que l’on commence à percevoir dans toute sa dimension – en priorité aux Etats-Unis qui ont été son épicentre – la crise sociale et très bientôt politique qui montent.

Quant à la mondialisation, si encensée telle qu’elle a été pratiquée, elle a induit des déséquilibres majeurs qui ne peuvent plus maintenant être résorbés. La Chine engrange des surplus commerciaux gigantesques qui font défaut notamment aux Etats-Unis. Mais les puissances exportatrices sont tributaires de la bonne santé de leurs clients. L’ensemble vacille et ne peut plus être consolidé par l’échafaudage du crédit.

Une autre de ses dimensions, encore largement méconnue, est qu’elle a été une machine à fabriquer de l’inégalité, que ce soit dans les pays émergents ou avancés, un coup d’accélérateur venant d’être donné dans ces derniers. Dans les premiers, on oublie trop vite comment la majorité de la population reste très largement écartée des bienfaits d’un modèle de croissance qui en premier lieu alimente l’hyper richesse d’une toute petite minorité.

Il n’y a pas de solution financière à la crise actuelle : cette vérité-là n’est pas prête d’être admise et on prétendra – quand il ne sera plus possible de l’éviter – qu’une réforme monétaire en est la clé. Pour continuer, encore et toujours, à rester enfermé dans une logique qui fait des marchés une instance suprême abstraite devant laquelle il n’y a pas d’autre choix que de s’incliner.

Nous ne sommes pas au bout de nos peines avec cette secte d’adorateurs.

81 réponses sur “L'actualité de la crise: des tourments monétaires japonais annonciateurs, par François Leclerc”

  1. Concernant les liens Yen/Dollar, il n’est pas inutile de rappeler le rôle joué à l’époque par les « accords du Plaza » (1985), entre les banques centrales des principaux pays (USA, Japon, RFA, etc.. ) après quoi le Yen subit une hausse de 50% vis à vis du Dollar en 2 ans. Beaucoup y voient le déclencheur de la bulle japonaise (les surplus énormes du Japon, libellés en dollars, furent rapatriés, à cause de leur décote, puis investis dans l’immobilier local). Après ces mouvements, les Etats-Unis entament une phase de croissance, et le Japon continue à stagner. Aujourd’hui encore, le Japon reste le principal créditeur des USA (au même niveau que la Chine), et normalement, on devrait aussi assister à un redéplacement de ces capitaux. Vers où, je ne sais pas…

    En tout cas, cela montre que les rapports de force dans le couple créditeurs/débiteur ne s’expriment pas forcément en termes financiers.

    De même, la Chine a bien retenu la leçon, en refusant des évolutions d’ampleur du cours du Yuan vis-à-vis du dollar (ce qui n’empêche pas, cependant, l’esquisse d’une bulle immobilière).

  2. « Il n’y a pas de solution financière à la crise actuelle »

    Je dirais qu’il n’y a pas de solution du tout.

    Je revoyais, récemment, l’excellent « Marie-Antoinette » de Miss Coppola. Peu avant la révolution, le petit monde des puissants paraissait au faîte de sa puissance et …
    Avant que les bourgeois ne prennent le relais, il est advenu quelques désagréments.

    Cette fois, ce sera à la fois plus simple et plus compliqué : Il n’y a qu’à attendre que tout dégringole. Avec un petit peak oil, que même les militaires ne dissimulent plus, ça ne va pas faire un pli.

    1. Si vous voulez une référence sur la position des militaires on en trouve une trace récente citée notamment par dedefensa.org et concernant l’Allemagne:
      http://www.dedefensa.org/article-le_peak_oil_est_de_retour_02_09_2010.html
      Et voici l’article du Spiegel auquel ils renvoient:
      http://www.spiegel.de/international/germany/0,1518,715138,00.html

      J’ai souvenir que le Pentagone aussi a émis des rapports sur la question, mais cela remonte et nécessiterait un peu plus de temps à la recherche.

    2. Et la « cour de justice internationale » ne trouve pas de conflit d’intérêts dans la politique menée par l’administration Bush ?

  3. L’évolution déflationniste du Japon et son appréciation monétaire confirme ce que j’ai toujours avancé:
    La crise est monétaire. Tant que la monnaie reste une valeur refuge, elle est déflationniste. cet effet

  4. (suite)
    cet effet avait tout juste été contrebalancé par une ambiance d’expansion de l’économie mondiale. Maintenant, que cette expansion n’existe plus que dans des statistiques mensongères, il est évident que le refuge dans la liquidité – en attendant la baisse des prix et donc une appréciation de la monnaie vis-à-vis des autres biens services et capitaux- a la cote.
    Seule l’introduction d’une technique empêchant la monnaie d’être refuge ultime peut permettre d’inverser la tendance. Et cela nécessite la modification du mode d’émission en émettant un signe monétaire marqué par le temps (le SMT)

    1. Le seul pépin de ton raisonnement, Johannes, est qu’il y a beaucoup d’autres manières de concentrer la richesse…

    2. et pourtant, la volonté d’une privatisation des systèmes par répartition (d’assurance-maladie, de pensions de retraite..) en vue de leur capitalisation, est bien toujours dans l’air !!!

      pour donner une idée des montants sur l’évolution de ce type de collecte aux USA (et donc de la puissance.. ) :
      cet extrait de « Colloque EPI, Poitiers, 14-15 Mai 2009 CRISE FINANCIERE OU CREPUSCULE DU CAPITALISME (AMERICAIN) DE RENTIERS ? B. GERBIER

       » 1) La structuration nationale du capitalisme de rentiers
      Ce régime de croissance trouve sa source dans la montée des capacités de financement des investisseurs institutionnels américains en charge des fonds de pension, des assurances vie ou des portefeuilles de titre. Ces capacités génèrent, aux Etats-Unis, « une véritable industrie de la finance qui s’est constituée à partir des années soixante et a pris véritablement son essor dans les années quatre-vingt » [G. Vanel, p.31].
      De 1980 à 2000, le montant des fonds de pension vont passer de 710 à 7674 milliards de dollars (soit de 25 % à 78 % du PIB américain),
      celui des contrats d’assurance vie de 646 à 4000 milliards de dollars (soit de 22 % à 41 % du PIB américain)
      et celui des portefeuilles de titres gérés par les organismes de placement collectif (mutual funds)
      de 62 à 4433 milliards de dollars (soit de 2 % à 45 % du PIB américain), soit d’ailleurs la plus forte hausse des trois [G. Vanel, p.38].
      Ces capacités placent l’industrie américaine de la finance de marché en situation de domination internationale dans la finance de marché : « la capitalisation boursière américaine est de loin la plus
      importante avec plus de 11000 milliards de dollars fin 2002 (dont 9015 pour le NYSE et 1994 pour le NASDAQ) alors qu’en deuxième position, on retrouve loin derrière la place de Tokyo avec 2000
      milliards de dollars et, en troisième position, la place de Londres avec 1800 milliards de dollars. La capitalisation boursière américaine représenta ainsi près de 46 % de la capitalisation boursière mondiale (22800 milliards de dollars). De même, la très grande majorité des investisseurs institutionnels sont américains et la part des actifs qu’ils gèrent avoisine les 50 % du total des actifs des investisseurs institutionnels du globe. » [G. Vanel, p. 38-39]. Cette importance va permettre de repolariser le système financier mondial sur la finance américaine et de la mettre au coeur de celui-ci. Elle va donner aux Etats-Unis le rôle directeur dans la libéralisation du compte de capital, dans la gouvernance de la globalisation financière et, finalement, dans la gouvernance globale….
      … »
      halshs-00385368, version 1 – 19 May 2009, page 4
      http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/38/53/68/PDF/PUB09006.pdf

    3. et cette idée présentée par Bernard Friot
      de courtcircuiter les marchés financiers en sorte de se « libérer » des entraves constituées de fait, par principe même de la propriété lucrative ???

      par ex, de 9/12 à 11/12 dans l’émission « L’enjeu des retraites » avec Bernard Friot
      Le jeudi 2 septembre 2010
      http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1979

  5. @ François,

    Bonjour,

    Trésor national, un statut « vivant » au Japon?

    Au pays du yen soulevant la cote du cours monétaire, « simple » levier de (dés)placement capital parmi d’autres (actions/bourses, matières premières, taux d' »intérêts »…), un tsunami central en approche de tout faire banque-fausse router?

    Sur l’image de la piraterie, les galions à tête de mort chargés de butin cherchent rivage tranquille où jouir de leurs valeurs acquises…casi-no méthodiquement?

    Et de terre tranquille il n’est plus, comme dévastées par les assauts de ces sympathiques virtualités, toutes d’algorythme et de loi faites (« les reins » du marché?), leur avatars ayant pognon sur sommet et indispensable place au chapître des refondations..

    Le trône lourd de la contigence richesse écrase cette cour cauchemardesque où « nos » acteurs s’emperruquent d’effets de plume, de gazouillis hypnotisants, accrus par la réduction des perspectives et autres poux-voir d’achat éventuellement hypothéthiquement teinté de nulle-value.

    Les écrits, de banques (centrales) en traités politiques (multilatérales), font de l’effet, médiatiquement parlant, du plus correct qui soit. Ce « cher » étage supplémentaire à nos courtes instances, quelque peu désemparées, alimente la berceuse et allonge le brouet, au son toujours promis de ce nouvel ordre mondial que serinent mystiquement nos sereins et sérénissimes souverains zélus depuis un bail déjà il est vrai, discrètement mais systématiquement, il convient de le noter?

    A force de tendre le rapport catastrophique entre individu et réel, l’impuissance générée divertit les énergies à alimenter l’attente quelque peu messianique de cet ordre, le poids des avanies et dettes accumulées constituant par avance son crédit, ou son capital confiance, peu risqué..

    Un peu comme le fameux « Etat de grâce » accordé à chaque élu sur ses X premiers jours, où la force de l’espoir et de l’attente « placés » autorisent le pardon, « moratoire » de la crédulité, signe de la fantasmatique relation entre gouvernants et gouvernés.

    Les Burakumins sont au Japon une caste bien à part, le travail de la peau, des cadavres et des chairs les condamne à une consanguinité biologique et sociale, quid d’une « corporation » mathématiquement stable.

    Les fils du soleil levant ne professent d’ailleurs pas de racisme au sens occidental, ils savent avec si vive certitude être les élus, qu’une chamaillerie serait un abaissement, clin d’oeil à la secte culturelle qui habite chaque corps à son insu. Et les peintures de Zao Wu ki (« l’esprit divise, le coeur unit »)..Le beau est là où le choix « s’investit »?

    Bref, ces « élus » roulèrent bien les américains, qui après les avoir « éclairés » de leur « puissance » par deux fois, et fait « adopter » une constitution à la leur semblable, humiliation historique, ils minimisèrent fort astucieusement la « placardisation » des élites locales, en jouant sur…une finesse de traduction, au sujet du mot dirigeant, enfin responsable..l’histoire est belle parfois, ils conservèrent grâce à leur culture (l’empereur et le pays étant l’évidence forte de leur union en tant que peuple) leurs « forces vives » dirions par chez nous.

    Les symbiotes économiques japonais et chinois sont d’antagonisme teinté, tous deux ont une vitale relation avec l’oncle d’amérique, et réciproquement, le poids des dépendances et pouvoirs relatifs donne des indicateurs au sens des sacrifices qui devront être consentis.. Quand le barycentre éléphantesque de l’histoire règle son compte aux inimitiés, les traités sont d’insultes mise, nécessité fait loi, se dit-il..

  6. Monnaie d’un pays dont l’économie est profondément malade, le yen n’en est pas moins considéré comme un refuge sur le marché monétaire vis à dis des autres grandes devises.

    Le Japon est malade de sa démograhie, son économie par contre se porte encore relativement bien sauf la récente appréciation du Yen.
    La déflation n’est une malédiction que pour les banques et les gens endettés. Le gouvernement peut s’endetter auprès de sa propre banque à hauteur de 1 000% tout le monde s’en fo.. (la vigueur du Yen en témoigne), le Japon exporte des biens et services pas de la monnaie au contraire des Etats Unis ou de certains pays d’Europe.

    Vous pondez souvent de très bon « papiers » mais vous véhiculez parfois une idée qui n’a pas de sens, à titre d’exemple le citoyen Japonais : propriétaire de sa propre dette, il se devrait trop d’argent à lui même par le truchement de l’état Japonais ?? Si il ne peut pas se rembourser alors il ne se devra plus rien, en sortira t’il plus riche ou plus pauvre ?…

    1. Il ne faut pas confondre 1 Japonais qui se doit de l’argent et une majorité de Japonais qui doivent tous de l’argent à quelques-uns seulement. C’est la nuance qui permet de comprendre le sens.

    2. @ Otto Di Dacte,

      Bonsoir,

      Quid…de l’immobilier au Japon, prix du m2, prêt sur immobilier sur 2 générations, durée de vie du bien inférieure à la durée du prêt, petit contrepoint au sens social du nihongo correct.

      Les paramètre usuels de dette considérés, (dette/PIB, /hab, publique, privée, etc…) n’ont pas de pertinence à la spécificité de chaque pays…les analystes et économistes commencent à s’accorder sur l’absurdité systématique des indices utilisés, quand l’analyse est « débordée » par les « fêtes » spéculatifs, ou autres beaux dégats collatéraux de l’interconnexion mondialiste..compliqué l’enfumage, simple le rapport des forces?

    3. @ Bertrand,

      Bonjour,

      http://www.immobilier-danger.com/Immobilier-au-Japon-032.html (2008, lien vers chiffres)

      http://japanhousing.canalblog.com/

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Bulle_immobili%C3%A8re#Bulle_immobili.C3.A8re_japonaise_des_ann.C3.A9es_1990

      http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/06/immobilier-la-chine-sera-t-elle-le-nouveau-japon_1288100_3234.html

      Des prêts immobiliers sur un siècle, pour des biens d’une durée de vie de circa 60 ans…La buse en dur, ta buse mollement, le nid de l’oiseau sourit!

  7. De façon simultanée, El Pais consacre aujourd’hui une analyse de la situation du Japon:

    – Le yen est à son cours maximal vs.le $ en 15 ans, vs.l’euro en 10 ans
    – Les prix ont chuté au Japon pour le 17 e mois consécutif: la déflation y/o/y au dernier pointage
    est de – 1.8%
    – Le concurrent de Kan aux élections du 14 Septembre, Ozawa, aurait fait part de son intention de
    dévaluer
    – 19 millions de Japonais, 1 sur 6, vivaient sous le seuil de la pauvreté, selon les résultats d’une
    étude de 2007

    Los mil achaques de Japón

    Par ailleurs le plan de stimulus annoncé se ‘heurte’ au plafond de la dette publique, et comme vous
    le signalez, réflexion qui pourrait s’appliquer à la F.E.D, tous les instruments ‘traditionnels ‘de la politique monétaire semblent inefficaces. Au delà du ‘cas d’école’et sa cohorte d »experts américains, semaines décisives pour le Japon.

  8. Quelle analyse magistrale encore ! Merci.
    Aujourd’hui, par pure coïncidence, à 20h30 heure de Tokyo (13h30 heure des Canaries), je discutais avec mon fils qui y travaille chez Amundy Assets Management et je lui tenais des propos semblables à ceux de votre billet. Il se demandait pourquoi le yen et le franc suisse représentent des valeurs refuge et ne trouvait pas de réponse. Il faut préciser qu’Amundy Tokyo gère plusieurs centaines de milliards de dollars essentiellement placés dans des entreprises du sud-est asiatique et ne fait aucune opération sur le Forex, ce n’est pas sa vocation…
    Et quand je disais à mon fils que la TVA au Japon est la même qu’aux Canaries, une zone européenne périphérique spéciale, je trouvais ce fait assez drôle pour la deuxième économie du monde, alors que la dette de ce pays est astronomique mais détenue à plus de 90 % par des résidents, seul fait susceptible d’expliquer le renchérissement du yen, le seul, car les marchés savent qu’un problème majeur inciterait les citoyens détenteurs de bons du Trésor japonais « à la jouer citoyen ». De ce fait, le yen est une valeur refuge sure et qui le restera encore longtemps car le Japon est à l’abri – pour le moment- d’une crise, en ce sens que son principal partenaire et voisin, la Chine, continuera à lui acheter des machines outils, des robots, du matériel électronique, des voitures, des turbines et des centrales nucléaires et de l’ingéniérie en tous genres. Cependant, le fait nouveau que la Chine achète des yens risque de perturber cette situation, mais je pense que les chinois jouent avec leur spéculation sur le yen un jeu facile, mais dangereux.
    Qu’en pensez-vous ?

    1. « Cependant, le fait nouveau que la Chine achète des yens risque de perturber cette situation, mais je pense que les chinois jouent avec leur spéculation sur le yen un jeu facile, mais dangereux. »
      Il me semble que les Chinois veulent surtout diversifier leur portefeuille de devises et procéder à un rééquilibrage par rapport à leurs énormes réserves d’USD. Ils font pareil avec le won, pour le moment (et les obligations sud-coréennes y passent aussi).

    2. Je pense qu’il y a de plus en plus d’artistes qui travaillent sans filet dans ce cirque !

      La détérioration de la situation sociale japonaise est totalement ignorée en Europe, où l’on est resté à cette idée simpliste que les japonais financent eux-même leur dette, oubliant que d’abord c’est la Banque of Japan qui fournit aux banques les liquidités qui leur permettent d’acheter les titres de la dette publique. Et que ces banques sont des zombies.

    3. oubliant que d’abord c’est la Banque of Japan qui fournit aux banques les liquidités qui leur permettent d’acheter les titres de la dette publique. Et que ces banques sont des zombies.

      Mais qu’est-ce qu’on s’en .. que ce soit des banques « zombies » qui rachètent la dette japonaise ? A la limite ce serait des martiens cela n’y changerait rien.

      Avez vous conscience qu’en parlant de dettes qui mettent l’occident (et l’extrême orient) à genoux , vous parlez de 0 et de 1 sur les barrettes mémoires des BC ? Qu’est-ce qui se passe ? Samsung a céssé de vendre de la mémoire flash ?

      Je sais bien qu’il y’a un minimum de créditeurs (statistiquement la ploutocratie) pour un maximum de débiteurs à savoir le contribuable et à la limite je ne le sais que trop bien, en oubliant de dire qui doit combien à qui vous alimentez ce débat aveugle sur les dettes publiques. Et le quidam de répéter que l’on vie au dessus de nos moyens. Mais qui vie au dessus des moyens de qui ?

      Est-ce la majorité pauvre qui vie au dessus des moyens d’une minorité qui n’a jamais été si riche ? C’est à peu près le message que vous véhiculez, faites un effort de pédagogie SVP.

      Merci

  9. Ce que je trouve inquiétant c’est l’ampleur avec laquelle les gouvernements – par exemple le gouv. allemand, première puissance en Europe – essayent d’ignorer certains faits, de ne pas agir. Cette politique d’autruche a déjà coûté beaucoup et elle finira, à mon avis, non pas par un crash, mais par un chemin de croix au point de vue économique.
    Ce qui me fait penser aux paroles du philosophe Michel Serres: « Le clivage entre l’univers politique d’une part, et le réel d’autre part est tellement important…..Les vraies choses se passent en dehors de ce que la politique représente » (2010). C’est bien dit et bien trouvé.

  10. « Monnaie d’un pays dont l’économie est profondément malade, le yen n’en est pas moins considéré comme un refuge sur le marché monétaire vis à dis des autres grandes devises. »
    A rapprocher du billet de PJ du 3 septembre :
    « Ce qui provoque évidemment notre hilarité, c’est le fait que dans un contexte économique catastrophique, il suffirait que les économistes soient jour après jour plus pessimistes que ne le justifient les faits, pour que la Bourse s’envole. »
    Et vogue la galère de la mondialisation . Dis papa , qu’est-ce que c’est le radeau de la méduse ?

  11. La récession a fait perdre du pouvoir d’achat à 46% des Américains (05/09/2010 22:05)

    Près d’un Américain sur deux (46%) estime avoir perdu du pouvoir d’achat avec la crise économique, et plus d’un quart (27%) a vu un membre de sa famille perdre un emploi, a révélé un sondage publié dimanche aux Etats-Unis. Selon ce sondage commandé par Change to Win, une coordination de cinq syndicats qui milite pour l’emploi et la protection sociale, 46% des personnes interrogées disent que la conséquence de la récession a été « un salaire qui ne suit pas le coût de la vie » pour eux-mêmes ou un membre de leur famille. Les conséquences les plus fréquentes de la récession sont ensuite « une réduction du salaire ou du temps de travail » (32%), une « décision de reporter ou d’annuler un traitement médical à cause de son coût » (27%), une « perte d’emploi » (27% également) ou de l’assurance-maladie (21%), « des retards de paiement dans les échéances d’emprunt immobilier ou le loyer » (14%) et « la saisie d’un logement » (7%). Environ deux tiers (65%) des personnes interrogées ont perdu un emploi ou connaissent quelqu’un qui en a perdu un, et trois quarts d’entre eux (75%) ont perdu du pouvoir d’achat ou connaissent quelqu’un qui en a perdu, d’après ce sondage. « Ce sondage renforce l’impression que donnent depuis plus d’un quart de siècle les statistiques économiques: une journée de travail dur en Amérique ne paie plus autant qu’avant, à moins d’être dirigeant d’entreprise », a commenté le responsable de la stratégie de Change to Win, Tom Woodruff, cité dans un communiqué. (CYA)

    http://www.dhnet.be/breaking_news.phtml?id=137480&source=belga&status=3

    1. 11% des américains qui possédent un fond de retraite (soit ceux qui bossent ou ont un jour eu des revenus) ont déja commencé à attaquer (soit emprunter) sur ce fond de retraite.

      Ce chiffre est évidemment « officiel »… Puisqu’il ne compte pas ceux qui l’ont déjà liquidé ou se l’ont fait liquider.

  12. Magistral est le mot. Merci encore François !
    Je vais devoir redoubler encore mes recommandations pour la lecture de ce Blog…
    On y trouve tant de données et analyses qui permettent de comprendre la crise !

    De tous côtés, les leviers font défaut qui permettraient d’agir, ou bien ils sont actionnés dans le sens contraire à ce qui serait nécessaire, en vue de défendre les intérêts particuliers du seul secteur économique des grandes entreprises actives à l’exportation.

    C’est le cas dans beaucoup de pays.
    Les grands groupes industriels et financiers dominent dans la bourgeoisie
    et dictent donc la politique économique,
    au mépris de toute autre considération de développement du pays-territoire d’origine,
    que ce soit l’emploi, le revenu ou l’environnement.
    Reste pour ces territoires la com (xénophobie sarkozesque par ex)
    et la trique (états d’urgence et dictatures sous le coude).

    On assiste ainsi, une nouvelle fois, aux méfaits des déplacements erratiques de ces masses importantes des capitaux flottants.

    4.000 milliards de dollars par jour, contre 1.500 milliards en 1998…
    C’est là aussi en partie la conséquence de l’explosion des revenus du capital,
    incapables de trouver un investissement rentable.
    Cette explosion est une décision politique, à court terme,
    conduisant à une longue crise aujourd’hui et demain à la révolte globale.

    on constate l’augmentation du poids dans les échanges des « monnaies matières premières »

    @ François : pour être sur de ne pas me tromper :
    il s’agit bien de l’or, de l’argent et quelques autres.
    A propos de l’or, on parle de Peak Gold. Exact ou manip encore des spéculateurs ?

    Non seulement aucune solution à la crise globale que nous connaissons n’est en vue, mais celle-ci continue de s’élargir et de s’approfondir. De financière, elle est devenue économique et désormais monétaire, tandis que l’on commence à percevoir dans toute sa dimension – en priorité aux Etats-Unis qui ont été son épicentre – la crise sociale et très bientôt politique qui montent.

    Effectivement, son origine est politique et sa solution sera politique :
    barbarie dans le cas où le capital réussit à maintenir sa loi,
    démocratie si les peuples exproprient le capital.
    A propos de la situation politique aux Etats-Unis,
    facteur aussi important que l’issue des luttes titanesques à venir en Europe,
    j’avais cité une analyse intéressante (http://www.solidarity-us.org/current/node/3017),
    mais il serait utile d’en lire d’autres. Suis preneur.

    Une autre de ses dimensions, encore largement méconnue, est qu’elle a été une machine à fabriquer de l’inégalité, que ce soit dans les pays émergents ou avancés, un coup d’accélérateur venant d’être donné dans ces derniers. Dans les premiers, on oublie trop vite comment la majorité de la population reste très largement écartée des bienfaits d’un modèle de croissance qui en premier lieu alimente l’hyper richesse d’une toute petite minorité.

    Très bien vu.
    La mondialisation s’est accompagnée d’un développement de la classe ouvrière
    dans les pays en développement, mais aussi récemment,
    parallèlement au développement des inégalités, de luttes de plus en plus dures.
    Le site suivant, en utilisant la fonction « recherche » permet d’en pendre la mesure
    dans des pays comme la Chine, la Thailande, les Philippines, l’Inde ou le Bangladesh
    http://www.europe-solidaire.org/

    Il n’y a pas de solution financière à la crise actuelle : cette vérité-là n’est pas prête d’être admise et on prétendra – quand il ne sera plus possible de l’éviter – qu’une réforme monétaire en est la clé. Pour continuer, encore et toujours, à rester enfermé dans une logique qui fait des marchés une instance suprême abstraite devant laquelle il n’y a pas d’autre choix que de s’incliner.
    Au début, les serviteurs du système parlaient de crise financière. Ils n’ont rien pu faire contre…
    Ils vont maintenant parler de crise monétaire. Et ne pourront rien faire…
    C’est une crise majeure du capitalisme, l’issue dépend, comme dans les années trente,
    d’un affrontement, cette fois-ci encore plus global, entre le travail et le capital.

    Enfin une question :
    la dette publique du Japon serait détenue essentiellement par les japonais,
    ce qui les engageraient à se sacrifier au besoin pour qu’elle soit remboursée…
    Mais quels japonais ? Quel est le profil de ces détenteurs ?
    Merci de m’informer si qqun sait…

    1. Merci. Voilà qui répond bien à la question et contredit la vulgate que les citoyens japonais seraient détenteurs de la dette. Ils ont intérêts eux aussi à demander sa répudiation.

      Le financement de la dette japonaise est la plupart du temps décrit comme produit de l’épargne intérieure. Dans la grande tradition d’une science économique dont la vulgate nous est dispensée par des divinités secondaires, cette explication s’arrête là où elle pourrait devenir intéressante. La réalité est qu’environ la moitié des obligations d’Etat est détenue par le secteur public (ou quasi-public), fonds de pension gouvernemental, banque centrale et banque postale. Le solde, moins les 6% qui sont financés à l’international, l’étant par les banques privées, qui n’ont pu tout mettre en pension à la banque centrale, financé par le recyclage des profits industriels réalisés à l’exportation. On est loin des petits porteurs que l’on laisse entrevoir, qui ne contribuent au financement de la dette que pour assurer leurs retraites.

  13. @ François Leclerc :

    Aux antipodes du Japon et suite aux derniers évènements, une décision importante pourrait être prise par la Commission européenne (notamment la délégation à la concurrence), concernant Anglo Irish Bank en Irlande.
    Le nouvel obs en parlant déjà il y a trois jours, sur le ton des ‘rumeurs’ :
    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/economie/20100903.REU8269/une-liquidation-d-anglo-irish-bank-menacerait-la-note-de-dublin.html

    La veille de cet article, Reuters informait qu’aucune décision n’avait encore été prise, entre le démantèlement de AIB en deux banques et une liquidition, bien que ‘progressive’ (plus de 5 ans) :
    http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE6810VU20100902

    Dans son article du 03 septembre, le nouvel obs écrivait :
    « Même une liquidation progressive de la banque ne serait pas dénuée de risques.
    Un étalement sur une période de dix à 20 ans permettrait d’éviter une vente au rabais de ses actifs mais elle pourrait provoquer la panique chez ses clients, ce qui obligerait Dublin et la Commission européenne à combler d’énormes besoins de financements à court terme et pourrait entraîner une envolée des coûts de financement du pays. »
    Un risque très lourd : un ‘run bank’, comme pour Northern Rock en septembre 2007, sauf que AIB … est déjà nationalisée (Northern Rock le sera en février 2008) !!
    Qui produit invariablement la garantie des dépôts par la banque centrale, soit … la BCE et un apport de liquidité phénoménale en très peu de temps : le fond de garantie européen serait alors impacté plus tôt que prévu.
    Sauf que pour le coup, ce ne sera pas uniquement AIB qui sera de la partie mais bien l’ensemble du système bancaire irlandais (dont S&P estimait à 90 milliards d’euros le coût du refinancement, soit … 58% du PIB de l’Irlande), sans compter les divers impacts sur le système bancaire anglais, déjà bien faible, impliqué dans le système bancaire irlandais.
    Sauf qu’au final, c’est bien la note de l’Irlande qui sera immédiatement dégradée, par les différentes agences de notations et avec elle, le poids de la dette et du déficit publique pour l’Irlande, augmentant la nécessité pour la BCE d’intervenir ‘largement’ car le ‘bon élève’ irlandais a déjà utilisé tous les outils de la panoplie du bon élève déflationniste pour contenir une crise qui continue de s’enfoncer et qui n’en a plus guère à sa disposition …

    Un risque donc ‘majeur’, risque que les dirigeants d’AIB essayent d’éviter (ainsi que le gouvernement irlandais) en proposant leur solution de partition de la banques en deux ‘banques’, solution jugée moins couteuse et surtout moins risquée. Mais l’opinion publique irlandaise commence à trouver la note par trop salée (25 milliards d’euros) et la Commission, par la voix de la délégation à la concurrence, qui décide en dernier ressort : « La Commission européenne dit : ‘cette banque a laissé filer 25 milliards d’euros et ne mérite pas de survivre’ et ils ont raison. Mais il y a un dysfonctionnement du système bancaire », a déclaré Mike Aynsley au journal irlandais. »
    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/economie/20100905.REU8411/bruxelles-veut-fermer-l-anglo-irish-bank-selon-son-dg.html
    « Selon le Sunday Times, le ministre des Finances Brian Lenihan demandera au commissaire européen à la Concurrence Joaquin Almunia qu’il doit rencontrer lundi si la dissolution d’Anglo Irish peut être organisée sur une période de 15 ans. Selon lui, une fermeture plus rapide coûterait trop cher. »
    On devrait donc en savoir plus lundi.

    ‘Mais il y a un dysfonctionnement du système bancaire’.
    Cette phrase m’interpelle. Et me rappelle quelque chose.
    Car je me demande si la délégation à la concurrence de la Commission européenne, avec son aveuglement pro-libéral si caractéristique n’est pas en train de produire ce que l’administration Bush a voulu faire avec une autre banque, elle aussi plombée par les subprimes : Lehman Brothers ?

    Qu’en dites-vous, M. Leclerc ?

    1. Un élément à mon sens important, c’est ce que pensent les irlandais non pas de l’éventualité du coût de sauvetage de AIB mais de ses conséquences :
      http://www.independent.ie/national-news/anglo-will-bankrupt-country-says-poll-2325321.html
      73% pensent que le coût de sauvetage d’AIB entrainerait une faillite du pays.
      72% la fin du gouvernement actuel.
      Si tout le monde pense au ‘chaos’, il n’est vraiment pas certain qu’une faillite, même organisée et sur la durée permettra d’éviter un ‘run bank’ …

    2. Zébu, un lehman bis (le retour) ferait du bien, car il montrerait par A + B que les politiques ont continué à nous enfumer depuis le lehman 1er, mais ce ne serait pas encore suffisant, je pense.
      Il faudrait combiner ça avec un coup d’inflation, quelques émeutes de la faim et une cessation de paiement d’un état.
      Quoique… pour qu’un état en arrive là, il faudrait d’abord vider les caisses du FéMI..
      Et ils ont encore les reins solides, ces usuriers-antisociaux.

    3. @ Yvan :
      Rien que ça ??? (lol)
      C’est la thérapie du choc, de Mme Klein …
      Pour la faim, les irlandais connaissent et disent merci à M. Parmentier.
      Je leur souhaite quand même d’éviter de retourner dans les années 50, … 1850.

    4. Comme vous le soulignez, l’Irlande a été saluée comme le « bon élève » de la classe par Jean-Claude Trichet, l’exemple qu’il fallait selon lui suivre.

      Or il apparaît que serrer les boulons budgétaires ne règle en rien la crise bancaire. C’est ce sens que, selon moi, l’Irlande montre la voie: il faut apurer le système financier.

      Mais est-ce dans les moyens de l’Etat, qui cherche à en optimiser le coût ? Pour, comme toujours, probablement étaler pour tenter de rendre l’addition moins douloureuse.

      La question reste toujours posée: douloureuse pour qui ? En proposant que des dettes soient transformées en actions, le Financial Times donnait une piste à suivre.

    5. @ François :
      Merci de votre réponse.
      C’est exactement ça : l’Irlande est un exemple.
      Or, un exemple ne peut pas faillir. Sinon, c’est l’ensemble du système que l’on remet en cause.
      Passe encore que la Grèce, cette faignasse menteuse, puisse défaillir.
      Mais l’Irlande, niet !!
      La Commission européenne (et la délégation à la concurrence, la bien nommée) préférera, plutôt que de scinder l’AIB en deux (façon détournée de faire une faillite partielle) prendre le risque d’une faillite totale : tout plutôt qu’une faillite partielle d’un état européen !!

      L’Irlande sera fusillée pour l’exemple : pour l’UE, quand on est en ‘guerre’ idéologique, c’est un sacrifice nécessaire, bien que douloureux. Surtout pour les irlandais.
      Mais ceux-ci risquent de comprendre bien plus que ne le souhaiterait la Commission européenne : un ‘run bank’ fait parti du ‘pari’ (le choix du ‘moins pire’ selon l’UE, entre un défaut partiel de l’état irlandais et une faillite totale de l’AIB).
      Mais s’il s’engage, c’est ce pari et la Commission qui seront bien mal engagés.
      In fine, c’est l’euro qui va morfler, autant que les irlandais.

      Wait and see.

      PS : si même FT propose de transformer les dettes en actions, c’est que la situation est grave …

    6. C’est aussi la théorie du barrage, Zébu.
      Tu mets un doigt pour boucher une fuite.. mais une autre fuite t’oblige à utiliser l’autre main… une troisième t’oblige à mettre le pied…

      Exactement l’inverse que de perdre ses prises en escalade avec 50 mêtres de vide en dessous. On panique vachement vite..

      Et puis.. tu oublies un peu vite l’Islande, espèce d’Eurocentré 🙂

    7. Pour être précis, Naomi Klein a écrit non pas la thérapie, mais « La Stratégie du choc ».
      Sa lecture permet de mieux comprendre comment les gouvernements
      profitent d’une crise pour tenter de renforcer la dictature du capital.

      Des fois, ça casse.
      C’est possible en France,
      en commençant par un coup de semonce étourdissant demain,
      et des grèves qui s’étendent jusqu’au départ du gouverneur du capital.

      En Irlande, la seule sortie qui ne ramène pas aux années 50 (sans parler de 1850…),
      c’est la répudiation de la dette et l’expropriation des groupes financiers et industriels.
      A partir de là, la vraie vie démocratique et souveraine peut commencer.

    8. D’ou proviennent les problèmes US Irlande Islande Grêce France ……..? .de la spéculation immo , du mauvais étalement , qui est responsable ? Jean Claude Trichet en déréglementant la durée du crédit hypothécaire……..
      Il faut déspéculer……….réduire les valeurs en cascade et faire supporter par les spéculateurs précédents ce qu’ils ont bénéficié……… .unique méthode , toute autre est vouée à la ruine du monde……..

    9. Bien vu, Kibou.
      J’espère juste que les « dirigeants » de banques centrales sont moins poilus…

      Mais la langue collante leur va très bien.

    10. Dernières news de l’AFP :
      « M. Lang espère du coup une clarification « au plus vite » sur l’avenir de la banque, d’autant que le secteur bancaire irlandais se prépare, en parallèle, à à une épreuve importante : les principales banques du pays doivent refinancer dans le mois qui vient des dizaines de milliards de livres d’emprunts obligataires, qu’elles doivent rembourser. »
      http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jmlXWcVWE1ywxx34WEFdoMd1AEzQ

      Si je comprends bien, le secteur bancaire irlandais n’attend que la liquidation d’AIB … parce qu’il doit se refinancer le mois prochain et qu’il n’est pas question d’augmenter les taux d’intérêts des obligations, qui ne feraient qu’augmenter le coût de refinancement pour ces banques !!
      Sans compter le soutien des hommes politiques du gouvernement pour appeler à liquider au plus vite AIB.

      Tout ça pue.
      Il est effectivement temps de ‘purger’.
      Mais les irlandais vont morfler si la banque fait faillite.
      A moins qu’ils n’imposent à leur gouvernement un défaut partiel.
      Ce qui reviendrait à modifier l’euro (et l’UE) tel qu’il est conçu actuellement, en dernière instance.

      Good luck.

  14. Je reste perplexe quant à l’analyse faite par les commentateurs sur la situation sociale au japon. Après 20 ans de stagnation globale (composée de petites périodes de croissance et de déflation), il reste toute de même à constater que la société « tient », avec notamment un chômage vers 5 à 6%. Je veux bien croire que ces chiffres soient « officiels » et truqués (mais pourquoi le seraient-il plus que ceux des autres pays, empêchant par là-même des comparaisons?). Je veux bien croire que 16% des Japonais soient au-dessous du seuil de pauvreté (cf. Charles, mais mon espagnol ne m’a pas permis de comprendre quel mode de calcul était utilisé là). Toujours est-il qu’après seulement 2 ans de crise, des pays comme l’Espagne les USA, etc… ont vu leur chômage doubler, et la misère affecter une part croissante de la population.

    Il y a tout de même là une forme de résilience de la société japonaise qui mériterait analyse.

    A rebours, l’enseignement que l’on pourrait tirer de la situation japonaise, est que la fétichisme de la commission européenne sur les déficits publics (dette publique limitée à 60% du PIB, et déficit annuel à 3%) pour justifier d’une rigueur accrue dans nos contrées, reçoit ici un démenti d’assez longue durée…

    1. On ne peut pas décemment faire de comparaison valable entre le Japon et l’UE. Par contre, prenez l’Allemagne, faites en un île au large de la France avec un Kaiser d’opérette en guise d’empereur, en biffant 60 ans de construction européenne et vous aurez des modèles très comparables. 🙂

      Un ex-Empire du soleil couchant face à un ex-Empire du soleil levant.
      Deux empires drogués à l’excédent commercial.

      Et comme chantait Neil Young, « But every junkie’s like a setting sun… »

      http://www.youtube.com/watch?v=k0t0EW6z8a0

    2. Amusant, d’ailleurs, le fait que ces deux nations furent laminées par des conflits et obligées de reconstruire des industries flambant neuves…

      Une chose néanmoins. Le cas Suisse. Jamais détruite mais qui garde aussi la confiance des « zinvestisseurs » qui ne trouvent plus refuge QUE dans les obligations de ces trois pays…

      Pas trop rassurés à prendre des risques, en ce moment, les zinzins..

    3. @ Yvan.

      Vous n’y êtes pas. L’image de Berlin détruite (ou Hambourg, Dresde, Stuttgart..) est devenue le symbole de l’Allemagne de 1945. Symbole totalement en décalage par rapport à la réalité économique. De 1940 à 1945 l’Allemagne nazie a pillé systématiquement et outrancièrement toute l’Europe occupée. De sorte que les dommages causés par les bombardements anglo-saxons et les conquêtes de l’Armée rouge victorieuse ont été compensés par le stock accumulé. Si je n’écris pas de bétise, moins de 4% du potentiel allemand de 1939 à disparu en 1945. C’est dérisoire comparé aux ravages subis par la France ou l’URSS, systématiquement dévastée par le Reich. Ainsi s’explique le « miracle » des années 50 et 60 en Allemagne. Il n’y a jamais de miracle..

    4. Un doute m’habite, Boukovski.

      Donnes-moi les chiffres de ce qu’a dû payer l’état allemand aux vainqueurs, puis à l’armée d’occupation des alliés. Puis le montant total des investissements des BASF, Siemens, etc… qui ont dû réorienter COMPLETEMENT leurs productions vers du civil alors que toute l’industrie était orientée vers le militaire.

      Une vraie économie de guerre où le but compte plus que l’argent.

  15. @ François,

    Bonjour,

    Met ta physique financière au panier, ou à la corbeille?

    Une monnaie « est » un symbole de « valeur » déstiné à simplifier les échanges de « biens »…formel

    La dévalorisation objective de la valeur « activité humaine » est la personnification de la rentabilité, maillon faible de la reconnaissance du travail individuel, maillon fort de la tension de l’échange autour du principe de rapport de force (« raretés », « monopoles », intérêts vitaux, sous découvert prétextuel de besoins, bien entendu « fondamentaux »).

    Les normes comptables (l’international standard des multi et trans-), IFRS, modifiées il y a un an et quelques par les USA afin de permettre légalement de déguiser les bilans (question de droit, ou besoin de confiance?), suivies au niveau européen, car des trains de cette vie-guerre économique là ne se peuvent ignorer, sont une illustration pesante de la charge comptablement inacceptable dans les échanges économiques…de l’homme.

    La logique de sélection qui s’ensuit est impitoyable, les individus et peuples trouvent au gré de leur volonté, imagination et capacité d’acceptation ou contestation, des solutions adaptées au marché. Ici, l’aubaine du moins cher venant d’ailleurs fut le piège de réequilibrage à venir en cours de nos contes moralement acceptés aux nom du meilleur marché et de la nécessité du portefeuille, porte-à-faux encore du gonflement de la bulle égotique des désirs matériels, démultipliée par le nombre de ses adeptes, inertie fantastique, dont les errements financiers sont un pendant fantasmatique des volontés concentrées de continuer à profiter en dehors des contraintes de la compétitivité.

    La finesse, ou intelligence, use et abuse alors de la loi et de la technique, affichant son athéisme économique libertarien, « décomplexant » plus avant par l’exemple le rapport de l’individu à la collectivité, se payant in fine l’asservissement des acteurs économiques réels et politiques, après les avoirs attirés dans leur dépendance par l’imparable position de l’avantage concurrentiel décisif, la prédiction, le conseil, l’étranglement maîtrise des flux par les outils informatiques.

    Il convient de considérer probablement la finance comme une avant-garde prétorienne, militaire, de stratégies où le mercenaire choisirait guerres, armées, stratégies, dans un monopoly économique sur fonds de placements divertissants les pouvoirs auxquels ils se sont substitués. Les enfants de banquiers londoniens de la génération no future ont pris depuis belle lurette le relais de leurs pères..

    Les idéologies financières, en dehors de leur tracts marketing, sont peu connues, il serait intéressant de plonger dans une tentative de compréhension, afin d’en mieux cerner les finalités, communément abstraites?

    1. Les idéologies financières seraient peu connues…??? Pardon..???

      Quiconque a déjà vu le résultat du passage d’un nuage de sauterelles sur un champs peut parfaitement voir les similitudes…

      Il suffit d’avoir un minimum de mémoire et d’avoir, par exemple, retenu qu’il y a environ dix ans, le fond de placement de Honk Kong arrivait sur une place boursière avec un milliard de dollars à « investir » et, une fois les cours au plus haut, s’envolait comme le nuage de sauterelle vers une autre destination…

      L’autre face de la médaille peu honorifique est de faire du gagne-petit sur le dos des déposants et endettés…
      Soit, l’autre bout de la chaine.

      Faut bien « vivre » aussi…

    2. Errare humanum est : sur le dos des déposants, des endettés et des SALARIES.

      Et persistare fluctuas nec mergitur…

  16. @Charles

    Merci pour la référence de Krugman (si c’était à mon intention). Je ne suis pas très convaincu, car il me semble qu’on en reste au niveau de description de phénomènes individuels, sans recul sur son importance réelle. Inhabituel chez un auteur assez prolixe en faits et chiffres.

    Bien entendu, à ce stade, je ne peux qu’avouer ma nippophilie, qui trouble peut-être mon jugement…

    @vigneron

    Les ressemblances entre l’Allemagne et le Japon ne m’avaient pas échappé, ne serait-ce que parce que c’étaient les 2 pays « cibles » des accords du Plaza mentionnés plus haut. L’Allemagne n’a pas eu de bulle immobilière à ce moment peut-être parce que les capitaux disponibles ont eu à s’employer vers 1990 pour la réunification (hypothèse farfelue?).

    Par ailleurs (sans remonter à leur histoire commune), les similitudes restent grandes dans leurs structures économiques, et leurs spécialisation (je crois qu’à eux deux, ils produisent environ 80% des machines outils et autres robots industriels utilisés de par le monde). Ils se ressemblent aussi par la démographie très déprimée. A cet égard, l’attirance des Japonais pour les robots, peut-être aussi comme substitut implicite à cette baisse, mériterait d’être approfondie…

    Pour vous remercier de votre référence musicale, ci-dessous un extrait de « Gainsbourg made in Japan », disponible seulement sur Deezer (pas trouvé ce morceau sur You Tube, mais vous pouvez vous rabattre sur la version de « poupée de cire… »)

    http://www.deezer.com/fr/#music/various-artists/gainsbourg-made-in-japan-371674

    Que je trouve plus sexy que Neil Young….

    1. On est d’accord. Je crois que l’Allemagne n’investissait pas non plus à un niveau aussi élevé aux US que le Japon (autre zone, autre tropisme…). Se souvenir aussi qu’à l’époque ce n’étaient pas des chinois ou des européens qui achetaient de la titrisation de subprimes mais carrément le Japon qui se payait l’immobilier américain (c’est petit le Japon…). Le choc en retour sur l’immobilier et les actions japonaises était inéluctable après les accords du Plaza.
      L’Allemagne avait l’Europe où investir, puis l’Est après 89. Merci l’Europe.

      Sympas les versions nippones de Gainsbourg, plus sexy mais moins « roots » que Neil Young. 😉

  17. Un regard sur le Japon :
    http://www.courrierinternational.com/article/2010/08/27/la-famille-premiere-victime-de-la-crise

    Le gros problème chez eux : la virtualisation des rapports aux autres : ils ne s’écrivent plus que par blogs, parlent souvent d’économie, essaient de trouver des solutions à la crise, vont même parfois jusqu’à faire des bandes dessinées,…
    Un certain Pô Leu Jau Riz Hon aurait amplifié le phénomène…

    Hors, c’est pas comme ça qu’on fait des gosses… (sans vouloir pousser à la débauche ici, non plus…)

    1. Té.. en parlant de virtualisation…
      Pourriez-vous me rappeler la date de votre passage à Nantes, Monsieur Jorion..???

      (Heeuu.. en tout bien, tout honneur, bien sûr 😉 )

  18. « Laissez le champ sur la glace »
    dit Irwin Stelzer, directeur de l’Hudson Institute, à Trichet et aux gouvernements européens…

    More important, the ministers, tanned, rested and believing themselves ready for anything after their summer respite, are about to learn, re-learn to be precise, that all of their ministerial cars, staffs, secret briefing papers and other symbols of office pale into insignificance in the face of markets, which do not take vacations. Despite the massive bailout of Greece, and the promise of more support to come for the ailing members of euroland, the markets are saying that their lack of confidence in Greece remains undiminished, as does their guess that in the end the ministers will not be able to prevent Greece, its economy expected to contract by 4% next year, from restructuring its massive debt. With Spain perhaps next in line to do the same.

    True, the International Monetary Fund says that such default is « unnecessary, undesirable and unlikely. » Markets disagree, and fighting the market is rarely the road to riches.

    http://online.wsj.com/article/SB10001424052748703417104575473441864997422.html?mod=WSJEUROPE_hpp_MIDDLETopStories

  19. Je réponds aux objections de

    yvan dit :
    5 septembre 2010 à 20:33
    Le seul pépin de ton raisonnement, Johannes, est qu’il y a beaucoup d’autres manières de concentrer la richesse…

    JF:
    Ce que vous appelez « pépin » n’en est pas un!
    La création et même la concentration des richesses n’est un problème qui si ces richesses constituent du capital.
    En effet, dès que les richesses sont disponibles (ou même concentrées) sans générer la rente du capital, il suffit aux individus dépourvus de ces richesses de se mettre au travail pour en créer.
    Plus précisément, c’est bien l’empêchement de la création de richesse supplémentaire qui cause la crise et qui maintient dans l’état de pauvreté de la majorité.
    Dès que la monnaie ne serait plus réserve de richesse mais seulrment moyen d’échange, comme cela est proposé par le SMT, la rente du capital, liée à la monnaie sous forme d’intérêts, disparaîtrait.
    Cela implique, en particulier, que les prêts bancairers s’effectueraient sans générer la rente du capital.
    Tout mon propos vise à montrer que c’est bien le statut de la monnaie, tant qu’elle peut se soustraire à sa circulation, qui génère le régime capitaliste.
    Pour compléter mon propos: Si, par exemple, il créait de grandes propriétés foncières, on pourrait dire que ces grands propriétaires se trouvent en position de écapitalistes », voire de seigneurs féodaux. Il n’est pas douteux que cette situation les pousserait à « en profiter ». Or, dès que leurs revenus générés passent par la cas « SMT », ces même rentiers fonciers seraient poussés à réinvestir leur profits (même considérés comme peut-être excessifs et illégitimes) dans autre chose que des terres, car on peut prendre le pari que, une fois la « concentration obtenue », il n’y aurait plus de terres disponibles à l’achat. Et, en n’investissant pas les SMT dans la production ou les infrastructures, les rentiers en question se trouveraient en position de perdre de l’argent même beaucoup d’argent. On peut donc considérer que l’accumulation de terres est, certes, un problème, mais cela n’engendre pas autant de pouvoir que celui qui consiste à accumuler de l’argent liqide.
    Il en va de même avec les autres objets de spéculation.
    La raison en est que toute réalistaion de profit passe par la case » monnaie ».
    Dès que la monnaie elle-même (le SMT) ne peut plus servir à spéculer, les autres spéculations finiront par devenir rapidement tellement risquées que la spéculation elle-même s’essoufflera rapidement.
    Ceci dit, une taxe foncière adéquate me semble néanmoins très souhaitable, car il reste que les richesses naturelles, en premier lieu les terres et les richesses du soussol, appartiennent à tous, et des taxations ne seraient que le nécessaire moyen d’une répertition, sociale de ces richesses.
    Si un individu veut ensuite collectionner des maisons, voitures, pierres précieuses ou de l’or, libre à lui, mais puisque la rente capitaliste aura disparu, cela n’entraverait en rien le bon fonctionnement de l’économie.

    Bernique dit :
    5 septembre 2010 à 21:22
    Oui il faut donc également limiter l’accumulation des biens tangibles…bon courage!

    jf: voir ma réponse ci-dessus. Je maintiens qu’il ne me semble pas nécessaire de se soucier de cela en dehors d’une imposition normale et progressive des revenus. Dès que l’on admet que la monnaie elle-même doit cesser d’être accumulée, le reste de l’économie se réorganisera d’un façon satisfaisante, et le capitalisme sera ainsi vaincu, pas autrement.

    1. « appartiennent à tous, et des taxations ne seraient que le nécessaire moyen d’une répartition, sociale de ces richesses. »

      Nous sommes bien d’accord sur le plus important, soit : une limitation de possession individuelle.
      La monnaie n’en étant qu’un outil…

      Ne ps confondre cause et effets…

    2. Bonjour Johannes,
      Les SMT semblent repondre au probleme de l’accumulation de capital et de ce dont on souffre actuellement : augmenter le rendement de ces capitaux independammenet de la sphere reelle.
      Neanmoins l’accumulation de bien pour eviter l’evaporation d’un capital a duree de vie limite risque d’engendrer effectivement l’accaparement des terres ce qui couduirait de nouveau au metayage et a la dependance totale des non possedants a l’egard des detenteurs de la terre source principale des ressources vitales.
      TOut aussi dangereux est l’impact psychologique initial des SMT sur le public : faute de pouvoir thesauriser pour l’avenir chacun va se precipiter sur des biens durables ou non et ainsi intensifier la consommation et donc le pillage des ressources… sombre perspective al’heure des nombreux Pics et des dangers que l’on fait courir a l’equilibre general des ecosystemes
      Comment s’en premunir? quel est l’outil d’accompagnement aux SMT que vous preconiseriez?

    3. il me semble que nous nous comprenons. Bien sûr, tout accaparement monopolistique d’une richesse peut poser problème, et, selon moi, il relève de l’ordre public de limiter cela. Il me semble que les diverses taxations, notamment foncières, y parviennent tant bien que mal, même si on peut et doit encore imaginer des améliorations.
      Ceci dit, j’insiste: dès que l’accumulation de la monnaie, grâce aux SMT, sera effectivement devenu très difficile, il est évident pour moi qu’aucun autre bien, pas même les terres agricoles, ne sont en mesure de se substituer à cela. Je rappelle quie l’accumulation de monnaie (la thésaurisation), n’est pas identique avec l’épargne qui, elle, peut egt doit bien s’accumuler pour celui qui aurait un projet plus coûteux.
      L’important est effectivement que la la monnaie circule inconditionnellement et sans ralentissement possible, car toutes les « réalisations » se font bien en monnaie, la case « monnaie » est incontournable pour toutes les transactions, spéculatives ou non.

  20. « Une autre de ses dimensions, encore largement méconnue, est qu’elle a été une machine à fabriquer de l’inégalité, que ce soit dans les pays émergents ou avancés, un coup d’accélérateur venant d’être donné dans ces derniers. Dans les premiers, on oublie trop vite comment la majorité de la population reste très largement écartée des bienfaits d’un modèle de croissance qui en premier lieu alimente l’hyper richesse d’une toute petite minorité ».

    Au contraire, cet aspect-là est documenté depuis un certain temps et a fait l’objet de quelques ouvrages intéressants. La mondialisation tend à transposer dans les sociétés les écarts de salaires et de revenus que l’on constatait autrefois entre pays riches et pays pauvres. Elle réplique d’une certaine manière au sein même de ces sociétés ces écarts, et ce mouvement est loin d’avoir atteint son terme. On retrouve dans cette différenciation les perdants et les gagnants de la mondialisation, qui n’a du reste jamais été une « mondialisation heureuse ».

    1. Il est vrai que l’on parle de tiers mondisation dans les pays développés et de l’extrême richesse d’une petite minorité dans les autres (les hélicoptères de Sao Paulo). Mais des ouvrages qui lient les inégalités de revenu crées des deux côtés, comme l’expression d’un même phénomène, je ne connais pas.

      Pouvez-vous en indiquer ?

    2. Par exemple, « Le piège de la mondialisation » (« L’agression contre la démocratie et la prospérité »). Hans Peter Martin et Harald Schumann. Solin. Actes Sud. Traduit de l’allemand. 1997. ISBN 2-7427-1260-7

  21. Encore une analyse claire, lucide et brillante de la situation par François Leclerc. Quelle différence avec les articles qu’on peut lire dans « les échos » ou « la Tribune » qui font dans l’optimisme béat, s’accrochant à la moindre nouvelle un peu moins mauvaise que d’habitude pour en faire aussitôt les gros titres et annoncer la sortie de crise !

  22. Pendant que François Leclerc continue à être envieux, à ne voir que le verre à moitié vide, à sciemment et systématiquement ignoré tout ce que va super-bien, et à rebacher sans cesse une idéologie d’un autre siècle et à montrer une nostalgie (à l’égard de cette idéologie) similaire à celle des nationalistes ou des libertariens pour la leur, et pendant que les syndicats français porte-voix puissant de cette idéologie paralyse vraiment stupidement et sans raison la France, en Asie, et, oui! aussi!, en Amérique! on plante les germes de ce que va être le 21 ième comme en témoigne ce merveilleux compte-rendu:
    http://www.time.com/time/nation/article/0,8599,2013683-3,00.html

    Les Français devront choisir entre ces choix: le marxisme d’un autre siècle, le nationalisme à outrance générateur de conflits, l’anarchie style 68, la corruption UMP, les guerrilleros styles 70’s, la gauche caviar, le retour à un Islam du 8ième siècle, l’extension d’une nomenclatura corporatiste d’incompétents promu par amitié politique, des syndicats nombrilistes prenant en otage la population sans défense, une bureaucratie tatillonne et étouffante, ou AU CONTRAIRE les Français peuvent faire le choix d’une jeunesse émancipée, crachant sur les idéologie attardée de toutes espèce (incluant celle de Leclerc), innovante, prête au changement et réalisant un avenir prometteur.

    Mais au fait, cette jeunesse française innovante n’a-t-elle pas déjà émigrée au Canada et aux USA? Car vraiment elle est *totalement* inaudible dans les blogs français!

    1. Tiens, le retour du marquis.
      Eh ben… Offensive des libertariens et fous de tout poil sur le blog ces derniers temps. Doivent s’emmerder à prier entre eux…

    2. En tout cas avec vous on aurait droit de fait à la mort d’une langue, et en tout cas de son orthographe, bizarrement tellement plus riche et nuancée que certaines autres. Et en tout cas que la votre.

    3. C’est bien ce que je disais: une jeunesse innovante totalement inaudible, remplacée par des veillards moribonds qui ne s’intéressent qu’à une nostalgie orthographique, et qui sont totalement déconnectée de ce qui se passe dans le monde qui avance… en Nouvelle-France.

  23. Article d’une clarté et d’un bons sens phénoménaux ! Quel enchantement de redécouvrir ce trésor de blog !

  24. « the news today from Japan is good and its economy is now experiencing relatively rapid economic growth. The data released today show that it has now posted 4 consecutive quarters of growth – the latest quarter recording an annualised growth 4.9 per cent to March 2010.

    Private investment grew by 4.6 per cent annually in the March quarter on the back of a very sizeable recovery in net exports grew by about 21 per cent annually in the first quarter (exports up 30.5 per cent annually and 6.9 per cent for the quarter) despite having an overvalued currency courtesy of the ensuing flight from the euro. Public demand continues to support domestic demand and private saving.

    The consumer price index fell by 1.1 per cent in the most recent period, so deflation is still dogging them. But that just means private spending will remain weaker than otherwise and they will have to maintain the fiscal support. But it is clear that the private investment is recovering modestly helped by the strong fiscal stimulus from the national government.

    Japan also just recorded a steady unemployment rate at 5 per cent , which demonstrates that with appropriate social policies and collective sensibilities a production meltdown does not necessarily have to devastate the labour market. 5 per cent is clearly too high but better than 20 per cent in Estonia and Spain.

    The Japanese have a nice turn of phrase. Apparently they described the recent (second) bailout offered to struggling EMU governments as as being : … like a “picture of a rice cake” – attractive, but without nourishment. »

    http://bilbo.economicoutlook.net/blog/?p=9830#more-9830

    « The lack of any inflationary pressure relates to the relative state of nominal aggregate demand growth and the real capacity of the economy (supply-side) to absorb that spending via real output growth. When the non-government sector is increasing its saving rate (and aggregate demand growth falls) then fiscal policy has to fill the gap for output growth to remain stable.

    If it “over-fills” the gap and thus runs nominal spending growth above the capacity of the real economy to absorb it then inflation will result. It has nothing to do, per se with the deleveraging of the private sector. The deleveraging is, however, motivated by the increased desire to save which is the ultimate culprit. »

    The government is the last borrower left standing
    http://bilbo.economicoutlook.net/blog/?p=11003#more-11003

    « Japan is the second largest (still) economy in the World. It runs a fiat monetary system like most nations since 1971. Its central bank’s operations are very similar to the operations in most nations. Fiscal policy in Japan is implemented in a similar way to most nations in the World. So it is not some special case although it does have some distinctive cultural features and one important institutional difference relating to the absence of public retirement pension plans and an emphasis on private or corporate provision. »

    « The point is that economists etc have been lining up with predictions of a Japanese apocalypse as the budget deficits persisted, interest rates stayed at zero, long-term rates were similarly very low and stable and inflation fell and at times deflation was the issue. If we had the inclination (and I could go back through my press cuttings and assemble quotable quotes over the years) we would be able to produce a time series of predictions of disaster from all the major economists who comment on Japan.

    Year-in, year-out they have been peddling the same line. And we waited patiently. »

    Japan … just wait … your days are numbered
    http://bilbo.economicoutlook.net/blog/?p=9183

  25. What you consume or what you produce?
    http://bilbo.economicoutlook.net/blog/?p=11436

    « For some time I have been promising to write a blog about the role that manufacturing plays in a modern economy. There is a strong presumption, especially from the progressive side of the political debate that manufacturing – or what you produce – defines the capacity for a nation to enjoy growth in real wages and therefore standards of living. So when I have said in the past that I am against industry protection I usually get attacked from the left and I note that this if often coming from people who think it is cute to sound technical by saying the government should balance their budget over the course of the business cycle. As if!

    Neither viewpoint coming from that quarter has much credibility. I take a more experiential viewpoint. People prefer to consume than to work. What we consume is more likely to give us joy than what we produce especially if the latter is in the context of exploitative capitalist production relationships. I am painting this in black and white terms to garner your interest. Clearly it is more complicated but in general I do not think you need a manufacturing sector to enjoy strong growth in material living standards and perhaps a polluting manufacturing sector erodes the capacity to enjoy broader concepts of growth and well-being. My flame resistant suit is now in place … so here goes. »

    « Many progressives (and others) think that manufacturing is an essential vehicle to improve trade deficits, which they erroneously consider to be problematic.

    It is a reality that currency speculators will usually chase relative margin. But the notion that a current account deficit is something that is a problem is well-rehearsed in the orthodox economics literature and public debate.

    We have been instilled with the notion that exports are ‘good’ and imports are somehow ‘bad’. However, if we take a material perspective (which all economic measures do and this debate is no exception) then exports are a real costs and imports are a real benefit. If we can persuade the rest of the world to send more ships packed with goods to us than we have to send to them then we are relatively (in real terms) better off!

    So to repeat: exports are a cost. They constitute real resources that we send away and cannot consume ourselves.

    The issue about us buying imports is this. If we buy more imports than we sell in exports then in net terms we are using up ‘purchasing power’ and that means that we will not have enough private spending capacity to purchase all of the domestic goods and services which we could produce if we fully employed everyone and everything (capital).

    The solution – the national government has to run budget deficit (net spending) of sufficient magnitude to fill this spending shortfall. The benefits of this are obvious but typically lost on neo-liberal economists: (a) we have full employment – only frictional unemployment of short duration remains; (b) we enjoy the benefits of higher government spending – both households and private producers benefit from better infrastructure, better public services, and such AND/OR we enjoy lower taxes; (c) we enjoy access to the commodities from abroad – that is we can consume BOTH whatever we can produce AND whatever the rest of the world wants to (net) send us. »

    « Is there any role for tariffs? Not generally, they are massive profit subsidies to capitalist interests and provide disincentives to invest in best practice, high productivity, high real wage capital. »

    « In the Anglo-speaking nations we have seen the services sector largely develop as a low-wage, precarious employment sector with little innovation or clustering. Most of the service sector growth has been in the private sector.

    In nations like Norway, they have seen a rapid rise in the service sector too. But the government has played a major role and created many high-skill, well-paid and secure service sector jobs in the public sector which have allowed complementaries and productivity gains to be made elsewhere in the economy.

    This should be the focus on nations rather than become obsessed with keeping dirty jobs that only involve them in a race to the bottom with developing nations like China in terms of wages and conditions. »

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