Billet invité.
En continuant d’augmenter les dépenses publiques tout en diminuant les recettes de L’État avec sa réforme fiscale, Donald Trump rend l’équation budgétaire de plus en plus difficile à résoudre.
Après avoir annoncé l’année dernière que le budget serait à l’équilibre dans dix ans, la Maison Blanche a repoussé à 2039 cette échéance, appuyant cette nouvelle prévision sur une croissance annuelle de 3%. En attendant, Le déficit prévisionnel de l’année prochaine va continuer à croitre et atteindre 1.500 milliards de dollars.
Le président américain a déjà pris sa majorité républicaine à contrepied en la conduisant à négocier un compromis avec les démocrates au coût de 300 milliards de dollars sur deux ans afin de déplafonner le déficit fédéral. Demain, il s’apprête à demander au Congrès 200 milliards de dollars de plus afin d’apporter la part congrue de l’État fédéral à son grand plan d’investissement dans des infrastructures de transport très vieillissantes.
Et, quand il se mêle de faire des économies, il réduit drastiquement le budget du Département d’État, de l’agence internationale pour le développement (USAID) et dans celle de la protection de l’environnement pour financer les crédits militaires, illustrant sa vision du monde et heurtant les élus des deux bords en raison de la perte d’influence qu’ils en attendent.
Après avoir longuement fait attendre, Donald Trump a dévoilé son plan de financement des infrastructures, dont il évalue le montant de 1.500 à 1.700 milliards sur dix ans, pour lequel la contribution de l’État fédéral se limitera à 200 milliards de dollars. Il est pris en tenailles entre une majorité républicaine a l’œil fixé sur le déficit, et des démocrates qui voient une bonne occasion de le mettre en cause auprès de son électorat. « Les riches investisseurs et les grandes banques demandent des projets susceptibles de générer un profit. Où vont-elles le trouver ? En facturant à la classe-moyenne américaine des centaines de dollars par an pour les péages » a condamné Charles Summer, le président du groupe démocrate au Sénat. À Wall Street, le plan a été fraichement accueilli, son avenir n’étant pas assuré. Les milieux d’affaires attendaient une contribution publique plus importante, conformément aux usages établis pour ce type d’investissement.
Le plan de Donald Trump va-t-il, comme il en est question, englober aussi le financement du mur qu’il entend ériger à la frontière avec le Mexique, qui est en souffrance. Il a d’abord prétendu le faire payer par le gouvernement mexicain, ou par une taxe sur les importations mexicaines, à ce train-là, il ne va plus lui rester comme solution que le péage, ce qui reviendra à légaliser les clandestins lorsqu’ils en auront les moyens…
Les commentateurs n’hésitent pas à parler d’embellie pour qualifier la hausse de 2,3% en 2017 de la croissance américaine, donnant une vision enjolivée de la situation économique du pays. Selon un rapport de la Fed de New York, l’endettement des ménages américains continue d’enfler, pour la cinquième année consécutive. Les prêts étudiant, automobile et l’en-cours des cartes de crédits ont enregistré de fortes progressions, respectivement +9,3%, +2,3% et +4,6%. Les fruits de la croissance seraient-ils inégalement partagés ? L’accroissement de l’endettement de l’État va de pair avec celui des ménages. Voici les réels fondements de la croissance.
1er mars, lancement de Décodages
Ma chronique va entamer une nouvelle vie. A partir du mois prochain, vous la trouverez tous les jours à l’adresse décodages. Les commentaires y sont déjà ouverts !