Billet invité.
Profitant qu’elles ne sont plus au centre de l’attention, les banques européennes n’arrêtent pas de marquer des points gagnants en stoppant la poursuite de la régulation. Et tous les moyens sont bons pour y parvenir.
Afin d’éviter la séparation de leurs activités de spéculation et de dépôt, qui est intervenue aux États-Unis, elles ont choisi comme tactique la politique de la chaise vide. Un projet controversé de la Commission était sur la table depuis janvier 2014, mais comme aucun contre-projet n’a été proposé depuis 2015, celle-ci a renoncé au sien faute de pouvoir négocier un compromis ! Imparable !
Le Comité de Bâle étant moins complaisant et ne pliant pas si facilement, les banques n’ont là pas d’autre choix que de l’affronter. Pour leurs représentants – la Fédération bancaire française (FBF) s’est portée en première ligne – il est en effet impensable d’accepter de nouvelles règles de valorisation des actifs qui imposeraient une charge supplémentaire en fonds propres. Ayant le choix entre leurs deux arguments de toujours, la distorsion de concurrence et la restriction du crédit pénalisant l’économie, elles ont choisi le premier pour faire front.
Marie-Anne Barbat-Layani, la directrice générale de la FBF, considère dans une interview à l’Agefi que « un problème d’équité » est en cause, la conduisant à reprendre sa formule affectionnée selon laquelle « il vaut mieux pas d’accord qu’un mauvais accord ». En effet, le statu quo qui en résulterait permettrait aux banques de continuer à valoriser leurs actifs en application de leurs modèles propres.
Ne comptez pas non plus sur les banques pour faire avancer le dossier de l’Union bancaire. Dans la même interview, la directrice de la FBF se déclare favorable à la première étape de garantie des dépôts, qui repose sur les fonds nationaux, et défavorable à la seconde, qui aboutissant à une mutualisation supposerait un examen du bilan de toutes les banques européennes, et pas seulement des plus importantes qui sont déjà sous la supervision de la BCE.
Afin d’éviter le renforcement d’une telle inquisition, les banques européennes appliquent une troisième méthode. Elles se réfugient derrière l’opposition allemande à ce que le mécanisme de supervision unique de la BCE mette son nez dans le bilan de ses banques régionales et de ses caisses d’épargne.