Tout finit par arriver et petit à petit tout fout le camp ! Patrick Artus de Natixis tord le cou au dogme de l’indépendance des banques centrales et Paolo Gentiloni, membre de la Commission, déclare que « l’idée d’une reprise en V est une illusion à laquelle je n’ai jamais cru ».
Dans une tribune parue dans Les Échos, Patrick Artus établit sans équivoque le constat que « les liens multiples entre politique monétaire et politique budgétaire, au sens large, nécessitent que les deux politiques soient coordonnées, et rendent donc impossible à terme l’indépendance des banques centrales. »
Paolo Gentiloni a choisi le Financial Times pour s’exprimer : « la relance est interrompue et nous allons connaître l’année prochaine un très très faible niveau d’activité », pour en tirer la conclusion que les règles de déficit et d’endettement qui ont été suspendues ne vont pas pouvoir être rétablies en 2021 », en ajoutant pour ne pas pousser trop loin le bouchon « mais cela ne veut pas dire qu’à partir du 1er janvier 2022, elles ne seront pas réactivées ».
Christine Lagarde a apporté de l’eau à son moulin en prévoyant que même avec la disponibilité d’un vaccin contre le Covid-19, la reprise économique en zone euro risquait d’être « instable sur un mode marche-arrêt », dépendant du rythme de déploiement des traitements. Elle a également annoncé lors du forum des banques centrales organisé par la BCE que celle-ci étudiera en premier lieu le mois prochain l’hypothèse d’une augmentation de ses achats d’obligations et de ses prêts aux banques. « Si toutes les options sont sur la table, le PEPP (programme d’achats d’urgence face à la pandémie) et les opérations de refinancement du TLTRO ont prouvé leur efficacité dans le contexte actuel et peuvent être ajustés de manière dynamique pour réagir à l’évolution de la pandémie ».
Les États de la zone euro vont emprunter 1.130 milliards d’euros sur les marchés en 2021 d’après Natixis, un montant qui ne prend pas en compte les effets de la deuxième, voire d’une troisième vague de la pandémie et dont le calcul comporte une importante marge d’erreur. 1.300 milliards d’euros seront déjà empruntés cette année. La BCE devrait absorber la totalité de ses émissions, faisant la démonstration éclatante de la disparition de la frontière entre les actions des États et ses mesures dites « monétaires ». Par comparaison, la force de frappe de la BCE est en ce moment plus importante que celle de la Réserve fédérale américaine, qui n’absorbe qu’un tiers des émissions nettes de Treasuries. À ce jeu, la BCE est selon le FMI le premier créancier des États européens. En 2019, l’Eurosystème détenait déjà 16 % de la dette d’État française et 19 % de celle de l’Allemagne. La Fed américaine détiendrait 17 % des Treasuries en circulation, et la Banque d’Angleterre 5 % des Gilts.
Quand on ouvre les yeux, c’est pour voir que le monde a bien changé.
Le monde change….mais la sortie de crise ….c’est compliqué…..https://lacrisedesannees2010.com/2020/11/le-mur-du-neo-liberalisme-interdira-toute-sortie-de-crise.html
Au fait, Monsieur Leclerc, avez-vous donné votre avis au sujet de l’eurodéputé Pierre Larroututrou, qui s’est lancé dans une grève de la faim pour qu’une taxe sur les transactions financières soit instaurée à l’échelle de l’Union européenne ?
Êtes-vous, svp, pour ou contre cette taxe ?
Enfin, pensez-vous qu’il a une petite chance de faire changer d’avis Paris et Berlin, ou bien resteront-ils les yeux bandés ?
J’y suis très favorable, mais je doute de son assiette et de son taux.