La transition écologique ne prend pas un bon départ en Europe. À nouveau on enregistre un grand écart entre les annonces et la réalité. Celui-ci n’est pas seulement dû au sauvetage dans l’urgence de l’industrie automobile et de sa production de véhicules thermiques, alors qu’il est établi que le transport est la première source d’émission de puissants gaz à effet de serre, devançant le chauffage résidentiel, les activités industrielles et les émanations de l’agriculture.
Les ministres de l’agriculture se sont mis d’accord après deux ans de pourparlers difficiles sur une nouvelle version de la politique agricole commune (PAC) – le premier poste des dépenses communautaires – qui doit maintenant être transmise au Parlement européen pour adoption, ce qui ne va pas être une petite affaire. Elle est claironnée par le ministre français comme comportant « une vraie logique agro-écologique, », mais c’est à condition que celle-ci se concrétise effectivement, ce dont on peut douter.
La proposition de la Commission était d’introduire des « éco-régimes qui réserveraient une part des aides directes (deux tiers du budget de la PAC) versées aux agriculteurs en contrepartie de leurs efforts écologiques. Mais leur pourcentage a été symboliquement réduit de 30 à 20% à la demande du gouvernement allemand tandis qu’un grand flou règne sur les critères de qualification au label « vert ». Faute d’une convergence des normes, les pays disposent d’une certaine souplesse à leur propos, tandis que les pratiques écologiques sont laissées à l’appréciation de chacun d’entre eux dans le projet ! La PAC est de moins en moins commune.
De plus, le critère dominant d’attribution des crédits de la PAC reste le nombre d’hectares cultivés, conservant l’incitation à produire d’avantage – la raison d’être de celle-ci au départ – les incitations environnementales restant un composant minoritaire de l’attribution.
Les obstacles à la transition écologique ne manquent pas. À tel point que Christine Lagarde annonce prudemment chercher à entraîner le Conseil des gouverneurs de la BCE à « au moins accepter de s’interroger sur l’action légitime d’une banque centrale pour participer à la lutte contre le changement climatique ». Le principe dit « de neutralité » guide en effet les achats de titres de la BCE et ignore les critères environnementaux. En application de celui-ci, une étude menée par Greenpeace montre que 63% des obligations privées acquises à la fin juillet par la BCE proviennent de secteurs utilisant les énergies fossiles ou consommant beaucoup d’énergie. Oxfam nous avait déjà fait part du poids des actifs carbonés présents aux bilans des grandes banques françaises, ce n’est donc pas une surprise.
Beaucoup de paroles démenties par les actes. Le lobby agricole n’a pas perdu la main et se prépare à l’étape parlementaire.
Bonjour, je me permets de laisser un commentaire suite à une brève visite sur v/site hier. Mon commentaire concerne votre titre, l’envers du décor de la transition écologique.
Je suis sensible à l’environnement et notamment tout ce qui concerne la nature, l’agriculture, les animaux et tout ce qui va de paire. Pour ma part, comme je l’avais déjà écrit dans 1 commentaire à Mr Jorion, je partageais ma vie entre ville et campagne. Issue d’un milieu modeste, mes parents avaient un jardin où nous récoltions nos légumes biologiques. Et pour rebondir une vraie logique agro-écologique devrait vraiment voir le jour. Ceci est tout à fait possible dans beaucoup de départements. J’ai constaté qu’il y a des endroits où il n’y a pas de productions (friches et autres zones Z.a.d)…., il y a des zones qui sont vides. On peut y faire différentes cultures et produire pour les populations, ce qui permettrait la qualification au label vert indispensable et j’y suis très sensible et favorable.!!! D’autre part, on peut cultiver des légumes qui consommeraient moins d’eau. Je remarque cette phrase […/…] : les incitations environnementales restant un composant minoritaire de l’attribution PAC. Il faut absolument passer/penser «agro-écologie» d’un point de vue environnementale – sociétale et santé. Je dois rajouter que le contenu de votre article, j’y ai déjà pensé en 2019. (je pense au système Kolkhose)…..
J’avais enregistré un article du blog : pandémie, un plaidoyer pour la décroissance – 19/06/2020 par Damaria Frédérico. J’ai compris qu’il faut comme il est écrit dans la première phrase de l’article : la décroissance incarne un projet de vie pleine de sens, en appréciant les plaisirs simples (pas toujours facile à comprendre quand on a été habitué à certains modèles), en mettant en commun et en partageant plus à travers de nouvelles relations aux autres, tout en travaillant moins dans des sociétés équitables. Le but minimiser les dommages (humains / éco-sys-thèmes). Je viens de découvrir ce matin tout à fait par hasard les fréquences sacrées…
Je rajouterai un dernier point : j’aime bien le dessin de Me Montellier : conf’ rance d’oppressés.
Ne pas céder à … Isabelle CORLAY