En dépit de toutes les nouveautés perturbantes, ainsi que des incertitudes qui ne manquent pas, une nouvelle donne du capitalisme est en cours. La mutation de l’économie est sur toutes les lèvres, celle de la finance est moins affichée mais est plus avancée.
Le maître-mot est concentration, une fois enregistrée la prédominance d’un nombre réduit de méga-fonds d’investissement, dont émerge leur leader BlackRock. L’heure est au gigantisme. Le système bancaire est particulièrement concerné, en premier lieu en Europe où, dans la plupart des pays sauf en France, il est encore éparpillé en de nombreux établissements considérés de ce fait comme fragiles et condamnés à terme.
Pour justifier le regroupement, le déséquilibre concurrentiel avec les grandes banques américaines est mis en avant, la concentration des banques européennes ayant pour but de créer des géants préservant leur place dans un système financier mondialisé où elles seraient sinon marginalisées.
La faiblesse du rendement des banques est l’autre raison invoquée, à laquelle des synergies et des économies d’échelle doivent remédier, se traduisant par d’importants plans sociaux qui ont débuté et vont se poursuivre. La réduction des coûts est un impératif car, contraintes d’accumuler d’importantes provisions pour faire face aux faillites et impayés à venir, la plupart des grandes banques européennes ont enregistré des pertes ou une chute brutale de leurs bénéfices au deuxième trimestre 2020.
Sans surprise, les annonces ou projets de fusions et de rachats se multiplient. Pour commencer, la banque italienne Intesa Sanpaolo a absorbé UBI Banca, mais c’est en Espagne que le mouvement a pris tout son essor avec notamment l’achat de Bankia par CaixaBank et la création d’une banque unique par Unicaja et Liberbank. Banco Sabadell n’a pas encore fait connaitre sa flamme et BBVA n’entend pas rester inactive.
En plus spectaculaire, UBS et Crédit Suisse envisagent de fusionner et en France, la Société Générale, longtemps donnée pour s’intéresser à l’italienne UniCredit, a choisi de fusionner ses activité de banque de proximité avec celles de sa filiale Crédit du Nord.
La BCE suit de très près ces évolutions tout en les favorisant, car elle ne voudrait pas que les nouvelles entités soient « too big to fail », imposant alors aux gouvernements de les secourir si elles venaient à sombrer, un sauvetage très lourd à assumer en raison de leur taille. Elle manifeste ainsi une crainte contradictoire avec la concentration qu’elle préconise, imposant de bien ajuster le tir pour la résoudre !
En même temps, la BCE a annoncé qu’elle reconnaitrait dorénavant le « badwill » présenté par les banques lors de leurs fusions, une décision financièrement fort avantageuse. Le « badwill » permet en effet à un acquéreur de comptabiliser un bénéfice s’il paie sa cible un montant inférieur à sa valeur comptable, une situation fréquemment rencontrée en raison de la faible valorisation des banques européennes.
Le capitalisme cherche à se renforcer avec des acteurs économiques et financiers imposants, vis-à-vis desquels les États ne font pas le poids, tout en les obligeant à les soutenir pour ne pas déclencher des désastres s’ils n’y souscrivent pas.
[Syntaxe et style] La structure de la dernière phrase est incohérente et lourde, avec un usage excessif de pronoms de rappel.
Au lieu de :
Le capitalisme cherche à se renforcer avec des acteurs économiques et financiers imposants, vis à vis desquels les États ne font pas le poids, tout en les obligeant à les soutenir pour ne pas déclencher des désastres s’il n’y souscrivent pas.
Pourquoi ne pas écrire tout simplement:
Le capitalisme cherche à se renforcer avec des acteurs économiques et financiers imposants vis-à-vis desquels les États ne font pas le poids, mais sont contraints de les soutenir pour éviter des désastres s’ils ne le font pas.