Les voyous s’apprécient et se confortent entre eux. Donald Trump n’a pas l’apanage des comportements cyniques et provocateurs qui font florès, ce qui doit interroger. Au sein de l’Union européenne, le Hongrois Viktor Orbán ne dépare pas et entend tenir la dragée hautes aux autres dirigeants européens afin de couper court à la pression qu’ils exercent pour lui faire respecter l’État de droit européen. En pure perte jusqu’à maintenant et avec des chances réduites par la suite.
Dernière provocation en date, il exige le départ de la vice-présidente de la Commission, chargée de l’État de droit Věra Jourova. Celle-ci a osé qualifier la Hongrie de « démocratie malade ». Demain sera en effet rendu public un rapport de la Commission très attendu portant sur le respect de l’État de droit dans les 27 pays de l’Union.
Quelles mesures de rétorsion prendre si Viktor Orbán n’en tient pas compte ? Il a été question de ne pas faire bénéficier son pays des subventions et prêts du plan de relance communautaire, mais le dictateur hongrois est en position de force, menaçant d’exercer son droit de veto et d’empêcher sa ratification au préjudice de tous. Un compromis va donc devoir être trouvé afin que cette menace soit écartée des deux côtés. Un projet de la présidence allemande de l’Union donne déjà le ton : peu de chance que le mécanisme retenu soit en fin de compte dissuasif pour Viktor Orbán, l’enjeu est trop grand.
Il est prévisible que le Parlement européen s’en satisfasse, mais les Hollandais n’ont pas dit leur dernier mot, allant se trouver en pleine campagne électorale d’ici mars prochain, et les pays du Sud tenteront d’éviter des délais retardant les versements qu’ils attendent en accordant la priorité à l’adoption du plan communautaire. Une joyeuse cacophonie !
Un autre débat s’annonce prometteur dans le genre. Devant l’insistance hollandaise à surveiller de très près l’utilisation des fonds que les pays du Sud vont recevoir, si tout se passe bien, ceux-ci ont allumé un contre-feu en réclamant que les facilités fiscales accordées par les Pays-Bas, ainsi que par d’autres pays européens comme l’Irlande, le Luxembourg… et la Hongrie, soient également soumises à une surveillance commune car elles coûtent à l’Union européenne plusieurs dizaines de milliards d’euros tous les ans. Les grandes entreprises américaines en sont les principales bénéficiaires. On va en entendre parler.
Une autre question délicate est sur le tapis. À la demande des autorités de surveillance et des régulateurs, les banques ont introduit des moratoires de payement des prêts hypothécaires des particuliers, commerçants et petites entreprises afin d’éviter des défauts et des expulsions en série. Ceux-ci sont prorogés mais ne pourront pas l’être indéfiniment. Il en résultera alors pour les banques la nécessité de reconnaître de nouveaux « prêts non performants » à leur bilan et d’accroître en proportion leurs fonds propres. Les banques militent donc pour de nouvelles prolongations des moratoires, mais l’Autorité bancaire européenne ne l’entend pas ainsi. Le débat à ce propos est virulent en Irlande et en Espagne, non sans conséquences potentielles pour les emprunteurs s’ils interrompent leurs versements faute de moyens.
Les sujets de controverse ne manquent pas, on le voit. Tout y est dorénavant prétexte et l’art consommé du compromis qui prévaut dans les instances européennes a ses limites. Les priorités en viennent à l’emporter sur le respect des principes, et chaque gouvernement joue de plus en plus sa partie.
Le propre d’une propagande efficace est d’imposer son idéologie et ses mots de manière à ce que les victimes les fassent siennes et s’y retrouvent enfermées mentalement. Incapables même de voir les barreaux derrière lesquels elles se trouvent encagées.
L’Union européenne n’est pas l’Europe et sa constitution néolibérale qui précipite populations et pays dans la misère ne saurait être qualifiée d’État de droit.
Si c’est le droit bourgeois !
Je ne sais pas si des électro-acousticiens lisent votre blog ? Mais ils devraient si ce n’est pas le cas.
Ils y trouveraient la cacophonie décrite ici et entendue par ailleurs, de quoi être visité par l’inspiration, collecter les diverses sonorités et bâtir la musique représentative de notre temps.