La pandémie a pris le dessus sur les émissions de gaz à effet de serre, mais il faut bien revenir à ces dernières car le compteur tourne. Si l’inquiétude à propos du chômage s’accroit dans l’immédiat, la lutte contre le réchauffement climatique et ses effets dévastateurs revient sur le tapis. Sauf à déclarer comme Donald Trump que « cela finira bien par se refroidir ».
La présidente de la Commission européenne n’y va pas par quatre chemins en annonçant qu’elle a l’intention de revoir à la hausse les objectifs de réduction de ces gaz afin de réduire leur niveau de 55% par rapport à 2019, au lieu de 50% précédemment. L’Europe deviendrait alors, selon elle, la première région du monde à devenir neutre en carbone en 2050, ses émissions étant compensées par ses absorptions.
Ursula von der Leyen se plait à souligner que « nous sommes les leaders mondiaux de la finance verte et le plus grand émetteur d’obligations vertes dans le monde », indiquant clairement le chemin qui doit être suivi. Comme lors de la création du marché du carbone, qui n’a pas donné les résultats escomptés, il est donc question de s’appuyer sur des mécanismes financiers. Conduisant à se poser une question : c’est quoi exactement une obligation verte ? La présidente revendique la création d’une « norme solide » en Europe, est-ce si simple que cela ?
La Commission européenne a bien confié la mission au Groupe consultatif européen sur l’information financière EFRAG) – qui homologue les normes comptables européennes afin qu’il détermine un référentiel commun pour les informations dites « extra-financières » de la « finance durable ».
Mais américains, britanniques et européens sont engagés dans une course contre la montre sur ce sujet. L’enjeu est, dans un monde financier globalisé, d’aboutir à un référentiel commun, comme les normes comptables IFRS qui s’imposent aux entreprises cotées. Mais le rapport de force est-il en faveur des Européens quand BlackRock ou Bloomberg sont du côté américain où un vaste regroupement d’organisations et d’entreprises a été opéré ?
Le jeu se complique encore avec l’intervention de l’IFRS, dont la maison mère est le Bureau international des normes comptables (IASB, selon l’acronyme anglais) basé à Londres, qui est en charge des normes comptables internationales. Les Européens avaient déjà abdiqué de leur souveraineté en faveur d’un organisme privé, cela va-t-il recommencer ?
Pour ne rien simplifier, deux visions de ce référentiel coexistent. Certains voient dans ces normes une opportunité en termes de business, salivant devant le marché futur de la donnée extra-financière. D’autres penchent plutôt du côté de la défense de « l’intérêt général ». Le label ESG – les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance, de la gestion socialement responsable – est une auberge espagnole, obéissant à une métamorphose arrangeante et pas regardante sur les critères employés.
Il est certain que le green business va permettre de faire de bonnes affaires, cela reste à voir pour le reste.
La finance durable ? Heu….