Les mauvaises plaisanteries doivent cesser ! Le rebond de la pandémie implique des « décisions difficiles » dont la solution ne court pas les rues, annoncent les autorités scientifiques françaises qui avertissent que l’on va « droit dans le mur ». Mais en quoi vont-elles consister pour ne pas faire obstacle à la reprise du travail ? Selon le FMI, la crise économique mondiale « est loin d’être terminée, une reprise complète nécessitant « une solution médicale permanente », en d’autres termes une vaccination à grande échelle.
Sur l’autre front, celui des émissions de gaz à effet de serre, l’ONU fait part de ses inquiétudes et réclame « une action urgente et concertée de tous les pays et dans tous les secteurs ». De son côté, aux États-Unis, l’autorité américaine chargée de la surveillance des marchés de produits dérivés, la CFTC, annonce de sérieux risques pour le système financier américain et appelle les autorités à « agir de manière urgente et décisive » pour y faire face.
Une étude du Pew Research Center met en évidence que les habitants d’une sélection de quatorze pays développés considèrent désormais le changement climatique et la propagation de la pandémie comme les deux plus grandes menaces mondiales. Elles ont pris la place du terrorisme.
Comment ne pas être frappé, face à ces alertes qui se multiplient, par l’inconsistance ou l’inconscience des réponses qui y sont apportées ? Les organisations internationales remplissent leur fonction, mais les autorités gouvernementales sont incapables de réunir un G20 comme lors de la précédente crise. La désunion l’emporte, le chacun pour soi domine, la gouvernance mondiale est en panne durable.
À l’échelle de l’Europe, l’occasion d’un sursaut se présente. Le camp de Moria où étaient entassés dans des conditions insalubres 12.700 réfugiés en attente d’une hypothétique obtention de l’asile a été dévasté à deux reprises successives par le feu, les laissant totalement démunis et sans abri. Cette catastrophe était prévisible, une explosion était inévitable, c’est la forme qu’elle a pris, rien n’ayant été fait si ce n’est mettre le camp en quarantaine, en en faisant un lieu d’internement.
Ursula von der Leyen a exprimé au nom de la Commission sa « profonde tristesse », et Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français, a déclaré que « la France ne s’est jamais dérobée face à ses responsabilités, elle est comme toujours prête à prendre sa part dans la solidarité ». Jamais en retard lorsqu’il faut communiquer ! Plusieurs milliers d’Allemands ont manifesté spontanément pour exiger des autorités la prise en charge des réfugiés après l’incendie. « Droit de séjour, partout, personne n’est illégal ! » ou encore, « nous avons de la place ! » ont scandé les manifestants dans les grandes villes du pays. À Berlin, ils étaient 10.000. Plusieurs Länder allemands ont offert d’accueillir des réfugiés et ont même organisé un transport aérien pour Lesbos, mais il y a été mis le holà. Le gouvernement a fait savoir qu’il s’en tenait à la recherche d’un compromis européen sur la répartition des réfugiés sinistrés sur le continent, ce n’est pas une nouveauté.
Dans tous les domaines, les gouvernements font preuve avec des variantes d’une même impuissance, incapables de prendre le taureau par les cornes. Les mises à plat que cela imposerait leur sont inaccessibles, révélant que le système qu’ils défendent est arrivé au bout du rouleau, advienne que pourra !