Trop beaux pour être vrais, les montants mirifiques des plans gouvernementaux suscitent non sans raison quelques doutes sur leur efficacité. Les formalités administratives prennent du temps et étalent sur la durée l’obtention des aides, retardant leur effet, apportant une contribution supplémentaire à la crise économique, sociale et en fin de compte politique.
100 milliards d’euros sont annoncés côté français et 130 en Allemagne. L’objectif annoncé par Bercy est que 30% de ce montant atteindra l’économie en 2021, voilà qui donne une idée plus juste du plan de relance et de ses effets attendus. Ce n’est pas tout de dégager des fonds, il faut ensuite les dépenser ! Et les embûches sont nombreuses, car tous les bénéficiaires se précipitent au portillon. Quand ce n’est pas à Paris, c’est à Bruxelles quand la Commission a son mot à dire.
Les mesures du plan français sont avantageusement présentées regroupées selon trois axes afin de ne pas présenter crûment les effets du choix de la « politique de l’offre » en faveur des entreprises. Le financement de la transition écologique (30 milliards), la compétitivité des entreprises et la relocalisation de la production (35 milliards) ainsi que de la cohésion sociale et territoriale (35 milliards). Faut-il rappeler que le précédent fonds d’investissement, en 2010, prévoyait de distribuer 57 milliards d’euros mais que seuls 25 milliards furent dépensés ? Les montants et les mesures ne sont pas les mêmes en Allemagne, mais le goulot d’étranglement est similaire.
Circonstance aggravante, le Premier ministre hongrois Vitor Orbán menace de bloquer le vote du budget européen, dans lequel le plan de relance communautaire est inclus, si le respect des règles de droit prévu par celui-ci ne sont pas précisées à son avantage afin d’affaiblir le mécanisme. Mais ce n’est pas tout, l’adoption du compromis adopté par les chefs d’État et de gouvernement, qui doit être ratifié par les parlements nationaux, est menacé de tous côtés. Par les pays affublés désormais de l’étiquette de « frugaux » qui menacent d’exiger un renforcement des conditionnalités attachées à l’accès aux mesures de soutien. Ou par le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz qui, à lire le Frankfurter Allgemeine Zeitung, souhaiterait rétablir des mesures de recapitalisation des entreprises dans le plan, ce qui supposerait de tailler dans les programmes de prêts ou de subventions.
Les autorités européennes qui tentent de porter beau font face à un double spectre, la récession suivie de la déflation et le chômage de masse. La reprise de l’économie n’a eu qu’un temps et déjà elle s’essouffle, en attendant les effets du rebondissement de la pandémie. La généralisation du port du masque est un dernier rempart dont l’avenir dira l’effet, l’arbitrage rendu en faveur de la reprise du travail « à tout prix » restant précaire. Les temps s’annoncent difficiles, aux causes structurelles initiales de la baisse de la croissance s’ajoute celle des effets de la pandémie dont il est maintenant dit par l’OMS qu’il va falloir longtemps vivre avec… Circonscrire provisoirement les dégâts ne suffira pas pour éviter le décrochage durable.
Un plan, je me demande quand même si on ne se paye pas de mots à la tête de ce gouvernement libéral Macron !
Parce qu’un plan économique, un plan devant à partir d’un objectif pré-établi par la puissance publique, un plan visant à booster la croissance économique en investissant de l’argent public dans la production, la distribution et les services, c’est quand même le contraire d’une économie libérale et de la sacro-sainte liberté individuelle d’entreprendre ou de ne pas entreprendre.
Toute l’histoire universelle du plan atteste qu’un plan, voulu par la puissance publique, est de nature dictatoriale, attentatoire à la liberté individuelle, cette liberté si chère à Macron..
Il y a eu ce mode de production esclavagiste dans l’Antiquité, et les anciennes civilisations humaines, comme par exemple les civilisations précolombiennes. Là oui l’économie était planifiée, et d’ailleurs des émissaires publics, avec des soldats, se chargeaient de la bonne marche du plan. Malheur aux contrevenants !
A partir du début du XX siècle, les gouvernements bourgeois se résolvent au recours à un plan, au service d’un effort de guerre indispensable à l’échelle de leurs pays respectifs. Bien sûr il y a la planification stalinienne barbare, mais avant cela aussi le début de la planification socialiste du jeune Etat ouvrier, l’URSS. Enfin après la seconde guerre mondiale en Europe, il y a le plan Marshall, avec en corollaire et à la différence d’aujourd’hui, une armée de petits et hauts fonctionnaires, un Etat pléthorique, chargés de la bonne réalisation du plan.
Aujourd’hui, après 50 ans de politique libérale dans le monde, ayant détruit la puissance publique et limogé de haut en bas une masse de fonctionnaires dans le monde, où à part en Chine, existe-t-il les mandarins indispensable au suivi politique d’un plan financé par l’Etat et l’argent public ?
Nulle part ! Cela pose un gros, très gros problème, un problème qui menace même la réalité d’un plan, voulu par les Macron-Bayrou, et les possibilités de succès réels d’un tel plan libéral.
Déjà et historiquement, un plan contrôlé par des fonctionnaires, partout et en toute circonstance, est source d’un immense gaspillage et d’une gigantesque gabegie.
A chaque étape du processus, chacun essaye de tourner le plan à son avantage. Voir les affaires récurrentes des affairistes gaullistes, ayant défrayées la chronique du canard enchaîné, pendant les trente glorieuses 1945-1975 en France.
Mais au moins à cette époque il y avait une volonté politique et un chef sourcilleux, il y avait encore une certaine éthique chez les juges, il y avait surtout des organisations ouvrières puissantes, et par exemple un PCF, présent jusque dans la haute sphère de l’administration.
Aujourd’hui qui va pouvoir ( vouloir ) contrôler l’argent public qui va venir alimenter le plan Macron-Castex-Bayrou, argent public qui va être balancé sans contrôle dans les poches des patrons ?
Personne !
Le plan Macron-Castex-Bayrou, avant même le début d’un commencement de réalisation, son financement va être pillé par une bande de patrons libéraux piranhas, et de politiciens libéraux en marche aussi verbeux que véreux !
Qui vend du poison prend une enseigne fleurie !
Oui, c’est la trajectoire suivie du « libéralisme » issu au départ de ce monde marchand sans assise politique établie qui théorisait le trop d’Etat. Cinquante ans plus tard, s’étant glissé dans tous les rouages de l’Etat, le monde marchand est aux commandes et peut donc décider du plan et des attributions, piocher dans les caisses virtuelles d’une monnaie « espérance » plus connues hier sous l’appellation d’euro.
Le gouvernement Macron c’est la Française des jeux ressuscitée.
Pour les tirages, mieux vaut surveiller les boules.