Et les banques dans tout cela ? Hier point faible d’un système financier qui craquait, elles prétendent aujourd’hui tenir le choc. Non sans de grandes disparités en leur sein ni présager de l’avenir.
Le ratio des fonds propres était le principal critère de leur solidité, ce n’est plus le cas. Ceux-ci ont été renforcés à l’instar des régulateurs, et les assouplissements qui sont depuis intervenus se contentent de reporter à plus tard les nouvelles dispositions qui avaient été décidées, pour voir venir. A posteriori, le renforcement des fonds propres et les mesures favorisant la liquidité trouvent leur pleine justification, car faute de celles-ci les banques ne résisteraient pas aux effets de la pandémie.
Tout va bien alors ? pour en juger, trois autres facteurs doivent être pris en considération : le plongeon de leur valorisation, la chute de leur rentabilité, et l’inflation présente et à venir des provisions pour défaut.
Le premier est le plus spectaculaire, le second le plus inquiétant et le dernier n’en est à qu’à son commencement. D’ailleurs, si les investisseurs se détournent du monde bancaire, est-ce sans raison ? Les banques affichent leur maitrise de la situation, mais leur avenir apparaît bouché, il ne peut plus être attendu des dividendes mirobolants, d’autant plus qu’il leur est demandé d’avoir la pédale douce dans ce domaine, et de stopper les rachats de leurs actions, afin de garder des munitions. Ce qui n’améliore pas le tableau.
Des fortes secousses ont été enregistrées ces dernières années dans le système financier, mais il ne s’agit plus de cela. Dans l’immédiat, la principale menace ne provient pas de ses soubresauts mais des faillites d’entreprise en série. Et les mesures ultra accommodantes des banques centrales ne les empêcheront pas, tandis que la pression sur les taux qu’elles exercent affecte les résultats et la rentabilité des banques. Associé à leur forte exposition au risque de défaut de paiement, leur situation n’est pas rêvée, quand bien même les établissements américains affichent des profits supérieurs aux européens. Selon Accenture, leurs pertes globales à ce titre pourraient atteindre 880 milliards de dollars, rendant les provisions déjà passées clairement insuffisantes. Prédire sans se tromper le niveau des pertes à venir est un pari de dupes.
Les grandes banques d’investissement tentent de compenser leurs pertes en allant sur les marchés, mais elles risquent de ne pas pouvoir maintenir le rythme actuel. Mises dans le même sac, toutes manifestent plus ou moins ouvertement un sentiment d’injustice devant la sanction qui leur est infligée par les investisseurs qui les abandonnent en dépit de leurs efforts. Les économies sont en mode reprise, les fonds propres et les liquidités sont très solides et néanmoins les valorisations des banques sont pires qu’en 2009, font-elles valoir en pure perte. L’amoindrissement de leurs marges de manœuvre ne leur laisse pas d’autres choix que de réduire leurs coût et leurs effectifs et leur interdit, en particulier en Europe, de financer une consolidation – entendez les rachats de petits établissements – qui leur permettrait de gagner quelques points dans la course sans fin à la taille qui les anime.
La superbe n’est plus de mise.