La création monétaire des banques centrales a fait rêver pendant un temps, d’une manière assez inconsidérée, et les propositions d’utilisation de cette manne providentielle ont fleuri. Le débat s’est pour l’instant éteint, dans les faits il a été tranché : elles ont lancé une machine infernale qu’elles ne peuvent plus arrêter, ayant adopté comme solution d’accroître la dette pour combattre les effets de sa progression.
Pour l’arrêter, le remède risquant à terme d’achever le malade, il ne reste plus qu’à espérer le retour d’une forte croissance économique, bien qu’il plane au contraire le danger d’un nouveau ralentissement de l’économie si la pandémie se poursuit ou rebondit. Avec une visibilité à ce sujet réduite.
Ce ne sont pas seulement les États qui multiplient les adjudications obligataires. Le niveau d’endettement inquiétant des grandes entreprises a été largement souligné. Le moteur s’est emballé et va tourner de plus en plus vite, à consulter les prévisions d’émissions. Mais casser cette dynamique susciterait des défauts en série, contredisant l’espoir d’une relance salutaire au profit d’une récession durable. Conclusion : les banques centrales déplorent l’endettement des entreprises auquel elles contribuent mais sont condamnées à continuer de l’alimenter. C’est l’ultime avatar du monétarisme.
Sauf à réciter la même chanson en se cramponnant au spectre du retour de l’inflation, il ne reste plus qu’à retourner sur les bancs de l’école pour tenter modestement de comprendre la suite. L’inflation d’aujourd’hui, c’est celle des actifs financiers, la boucle est bouclée, tout le problème est là, mais la solution n’y est pas.
Une bulle n’est-elle pas cette situation qui voit tous ses acteurs à la fois alimenter le processus parce qu’ils en profitent et savoir pertinemment que ledit processus conduit à un effondrement ?
« Pourvu que ça dure ! » est leur slogan. Après, on verra bien…