Qui se ressemble s’assemble, le dicton reste vrai mais une nuance doit lui être apportée en ces temps de coronavirus. Par leur mode de vie commun et en raison de leur puissance financière, les riches continuent d’avoir des goûts partagés prononcés. Ce qui se manifeste plus particulièrement dans leur regroupement afin de vivre proches les uns des autres et d’exclure de fait ceux qui ne sont pas de leur monde.
La multiplication des murs de toute nature, en tous lieux et pour toutes raisons, est un autre trait caractéristique de nos sociétés. On n’en finirait pas de les énumérer. L’enfermement dans une prison dorée est la manifestation la plus éclatante de la ségrégation sociale, à égalité avec l’insolente prospérité de l’industrie du luxe. Se protéger de la misère n’a pas de prix et l’argent s’affiche chez les nouveaux riches. Et l’on constate que la fracture sociale loin d’être réduite s’approfondit. Le tiers-monde s’est installé à demeure et prospère lui aussi, dans nos murs pour le coup, et toutes les promesses n’y font rien, pas question d’enrayer le mécanisme de sa reproduction et de son élargissement. L’une des prochaines grandes négociations européennes va d’ailleurs porter sur la politique migratoire, en d’autres termes sur la meilleure manière de cantonner les étrangers qui viennent chercher un réconfort à nos frontières.
La donne a changé devant une autre menace immédiate, celle du coronavirus. Comment se protéger de la pandémie est une question partagée à laquelle les réponses sont multiples. C’est quoi, la « distanciation sociale » protectrice ? Cela commence par le mètre de rigueur – parfois plus selon le pays – le port d’un masque et l’hygiène des mains, ou par le télétravail pour les cols blancs qui le peuvent. L’exode vers les résidences secondaires a été massif, les plus privilégiés ont même pu se réfugier sur leurs yachts en mer. Mais tout cela n’ayant qu’un temps, qu’inventer de mieux quand on a les moyens ?
Il avait déjà été noté l’attrait que représentaient les pays nordiques comme lieu de repli illusoire face à l’élévation de la température. L’achat d’une île a maintenant le vent en poupe. En guise de mur, on a jamais rien fait de mieux que quelques milles marins et le courant d’affaires a commencé en vue de se protéger… de sa notoriété. Dans les temps présents, certains pays au rang desquels figurent le Japon, l’Australie et la Nouvelle Zélande ont montré l’exemple en fermant leurs frontières. Le marché des îles est dorénavant en plein boum, et les premiers prix s’affichent à 100.000 euros, selon un vendeur spécialisé, une misère. Mais ils grimpent vite au fur et à mesure que les opportunités se font rares et atteignent plusieurs dizaines de millions d’euros si l’on veut quelque chose de bien.
Les survivalistes qui se préparaient à une catastrophe triomphent. Ils se préparaient à se terrer dans des bunkers. En attendant de leur donner raison, les nantis tentent une autre approche plus paradisiaque afin de proscrire celle des autres. Il y en a là-dedans !