« De profundis clamavi ad te, Domine »

L’échec du sommet européen est-il rattrapable ? Cela parait bien aventureux de le prédire, avec comme première conséquence que le plan de relance et de résilience est mal parti. D’autres conséquences en chaîne incalculables suivront.

Au jeu des responsabilités, la balle va circuler. Mais il parait difficile d’éluder celle du Premier ministre hollandais, Mark Rutte, qui a fait preuve de la plus grande intransigeance. On pourrait qualifier celle-ci d’expression d’un fanatisme idéologique – et non pas de frugalité comme il est partout écrit – en raison de sa détermination à lier les aides financières à la réalisation de deux réformes au cœur de la pensée libérale d’aujourd’hui, celle des retraites et de la législation du travail.

En la circonstance, la règle de l’unanimité a permis à un parlement national de faire prévaloir son droit à passer au-dessus des décisions des autres, ce qui n’est pas l’expression de la démocratie collective. Le ver était déjà ans le fruit lorsque la cour allemande de Karlsruhe a prétendu imposer sa vision à la BCE, ou quand les gouvernements polonais et hongrois se sont assis sur les normes de l’État de droit européen.

Comment enrayer cette dynamique de démantèlement ? Celui-ci ne fait que s’accentuer et les compromis dont les chefs d’État et de gouvernement avaient fait un art deviennent introuvables. Les autorités hollandaises et leurs alliés font face à leurs responsabilités. Tout en se défendant du pire, certains y amènent. Car si aucune solution n’était trouvée pour apporter une aide financière massive aux pays les plus dans le besoin, on voit mal une quelconque solution de rechange. En tout état de cause, la dynamique de démantèlement de l’Union s’accélérerait.

L’intervention à grande échelle du FMI s’imposerait, mais elle ne pourrait pas prendre la forme de subventions et ne pourrait que prendre celle de prêts. Elle nécessiterait également que le gouvernement américain accepte l’augmentation de ses droits de tirage spéciaux (DTS). Enfin, les conditionnalités de rigueur seraient imposées, ce qui ferait retomber dans le problème précédent…

Décidément, il ne se dessine pas de session de rattrapage évidente.

5 réponses sur “« De profundis clamavi ad te, Domine »”

  1. Avec « eux », pas besoin d’ennemis. « Ils » s’en chargent très bien. La finance est décidément une école d’extrémisme aveugle, magnifiant tout ce qui est mauvais en l’homme.

  2. Le premier ministre portugais A. Da Costa avait qualifié l’attitude de Hoekstra, ministre néerlandais des finances de « répugnante ». Aujourd’hui nous pouvons dire que Mark Rutte et son gouvernement sont des gens répugnants. Ce sont d’infâmes racistes, des dirigeants minables, des lâches qui ont peur du parti d’extrême-droite. Une partie de la population néerlandaise est donc contaminée par cette idéologie raciste qui consiste à mépriser les pays du sud, on pourrait dire notre « suprématisme local ».
    En réalité, la vérité des chiffres prouve que les ménages néerlandais les plus endettés de la zone euro et donc qu’ils ne sont pas des frugaux ! Ach gross propaganda !
    https://fr.businessam.be/les-foyers-neerlandais-sont-les-plus-endettes-de-toute-la-zone-euro-exp-157551/
    On pourrait également dire et redire que ce pays s’abaisse par son comportement en politique fiscale tout comme quelques autres, Luxembourg ou Irlande. P. Jorion parle à juste titre du spectacle navrant des É.-U. ; que dire alors de celui de ce sommet de l’UE ?
    Des pays qui ont été soumis à une politique austéritaire suicidaire, qui ont vu leurs systèmes de santé ruinés ou fortement ébranlés, qui viennent de subir une crise sanitaire inouïe aggravée par ces économies et auxquels Rutte et ses complices voudraient imposer la politique terrifiante que dût subir la Grèce ?
    C’est abject. Je sais bien que ces gens sont bêtement plus royalistes (ordolibéraux) que leurs rois allemands (qui ont compris que l’effondrement du sud provoquerait celui du nord) mais si l’on en est arrivé là ce n’est pas par hasard et lire François suffit pour le comprendre.
    Oui, ce soir, moi qui suis un fervent européen (certes du sud…), je souhaite que ce système dégueulasse implose, l’euro avec, et que nous puissions enfin rebâtir une Europe des peuples !

  3.  »Oui, ce soir, moi qui suis un fervent européen (certes du sud…), je souhaite que ce système dégueulasse implose, l’euro avec, et que nous puissions enfin rebâtir une Europe des peuples ! »

    La recrudescence de circulation du Covid19 un peu partout dans le monde va donner probablement le coup de grâce à cette bancale monnaie unique qu’est l’euro et par extension au reste du système financier international.

  4. La solution passera seulement par un rééquilibrage Capital-Travail.

    Pas par l’endettement des peuples à l’avantage du Capital.

    Le projet européen est mort-né parce que le temps n’est plus à l’endettement généralisé.

    Des esprits simples pensent que les pays  » frugaux  » doivent apporter leur caution pour que les pays du Nord se montrent solidaires des pays du Sud.

    La vérité c’est que si ces milliards étaient levés un jour sur les marchés, pas un euro ne finira dans la poche d’un travailleur italien, espagnol … français.

    L’Europe du moment ce résume à ce que les capitalistes du Nord viennent en aide aux capitalistes du Sud.

    Si on creuse un instant le processus, on demande à un travailleur autrichien, hollandais, finlandais, comme peuple, de se porter caution d’un prêt à l’avantage de la famille Agnelli.

    Ben voyons !

    Que le gouvernement grec fasse payer l’impôt à ses armateurs et son clergé orthodoxe.

    Que les gouvernements du sud de l’Europe fassent payer un lourd impôt exceptionnel à leurs bourgeoisie.

    Il faut un sommet des 27 oui … pour faire payer l’impôt à leurs bourgeoisies.

    L’endettement des peuples les réduit en esclavage !

  5. La règle de « l’unanimité » lors de la prise de décision provoque la paralysie, cette règle a d’ailleurs été la cause de la dissolution de la Société des Nations en 1946. Nous n’avons riens appris des évolutions historiques précédentes. L’Union Européenne semble bien n’être qu’une union de façade avec des Etats qui ne renonceront jamais à leur pleine souveraineté notamment en matière fiscale et sociale.

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