D’après Emmanuel Macron, des milliards d’euros vont continuer à voler, bien qu’ils ne soient pas acquis. Le compromis européen à propos du plan de relance reste à trouver à la veille du sommet. Les rencontres bilatérales vont bon train alors que la liste des conditions mises à l’adoption du plan de relance par les uns et les autres s’allonge.
Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois souverainiste, brandit la menace de son veto au cas où les versements ou prêts du plan seraient conditionnés à l’observation de L’État de droit. Pour mémoire, la Hongrie et la Pologne font l’objet de procédures au sein de l’UE pour ses violations répétées. Le président du Conseil européen Charles Michel a proposé l’adoption de cette conditionnalité parmi les bases de la discussion soumises aux chefs d’État et de gouvernement…
La position de Mark Rutte, le Premier ministre hollandais, est plus difficile à cerner, mais repose sur un point dur, des conditionnalités qui rappellent le temps de la « Troïka » de mauvaise mémoire. Les aides financières devraient être conditionnées à l’adoption de réformes qualifiées de « fondamentales » portant sur les retraites et la réglementation du travail… Ce qui représenterait une intrusion caractérisée dans la vie démocratique de chaque pays, le Parlement hollandais ayant le dernier mot en l’occurrence ! On en est là, le tribunal de Karlsruhe a décidément semé de mauvaises graines en prétendant prendre le pas sur la Cour européenne de Justice. Et les défenseurs hollandais acharnés des « réformes structurelles » prétendent tenir la dragée haute aux autorités de Bruxelles, dont on connait la permissivité en matière de fiscalisation des entreprises transnationales.
De son côté, la Commission y met du sien pour desserrer l’étau financier et va annoncer une panoplie de mesures, estimant à 35 milliards d’euros le coût annuel de la fraude fiscale des entreprises pour l’Union européenne. Notamment en proposant l’introduction d’échanges automatiques d’informations sur les revenus des plateformes numériques entre les autorités fiscales des pays de l’Union.
Que va-t-il sortir finalement du chapeau ? Il restera une issue au cas où la mariée n’est pas aussi belle que prévue, que le président français a clairement évoqué : l’augmentation de l’endettement « à très long terme » de la « dette Covid-19 », une fois celle-ci cantonnée. Le plan de relance français sera annoncé en septembre prochain, son calibrage risque de dépendre de celui du plan européen. Emmanuel Macron annonce 100 milliards d’euros qui ne sont pas, il s’en faut, dans les caisses de L’État. Le monde change, ce qui était hier impossible ne l’est plus. Pourquoi, dans ces conditions, ne pas utiliser le même procédé pour financer le trou de la retraite, si les projections qui annoncent le rétablissement ultérieur des comptes sont exactes, une fois passé l’effet « baby-boom » ?