La finance avait dévoilé ses grandes faiblesses, voici venu le tour de l’économie. Deux vagues distinctes et conjuguées sont désormais redoutées, le retour de la pandémie et les faillites des entreprises qui en découlent, ces dernières s’apparentant plutôt à une explosion. « On ne les évitera pas », reconnaît le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire qui avertit « on a le plus dur devant nous ».
Une telle fragilité a ses raisons. Comment quelques semaines d’arrêt partiel de l’économie peuvent-elles avoir de tels effets ? La chute brutale de la consommation est à incriminer, dont on mesure a contrario tout le poids dans l’activité économique. Mais comment la relancer si « la confiance » n’est pas au rendez-vous, l’emploi menacé, et si par précaution il continue d’être épargné ?
Protéger les entreprises pour contenir le chômage est le maître-mot. Non sans contradiction quand d’une main leur participation au financement du chômage partiel est accrue tandis que de l’autre il est question de diminuer les impôts de production. Les autorités se tâtent et improvisent au gré du moment. L’assurance-chômage va devoir prendre le relais du dispositif de chômage partiel, cela va simplement déporter le problème.
En France, le gouvernement a utilisé toute la palette de ses moyens avec également le fonds de solidarité pour les petites entreprises, les annulations ou reports de cotisations sociales et la garantie apportée aux prêts. Mais tous ces programmes ne peuvent pas être éternellement reconduits. Alors il est joué sur les mots en annonçant des « plans de sauvegarde de l’emploi » dont l’objectif est de le réduire, et il est utilisé la procédure des « accords de performance collective » qui cachent leurs intentions véritables.
Les entreprises subissent trois effets conjugués. Un effet domino à l’origine de l’extension des secteurs en difficulté, un effet retard qui ne va pas être davantage différé, ainsi qu’un effet d’aubaine quand la pandémie sert de prétexte. L’emploi est désormais qualifié de priorité car il est particulièrement menacé.
Pas besoin de chercher très loin pour comprendre ce qui est en jeu. Les entreprises ne disposent pas de suffisamment de trésorerie pour faire face à la baisse ou à la chute de leur activité et du chiffre d’affaires correspondant. Ce qui met en évidence la faiblesse de leurs fonds propres, leur sous-capitalisation ainsi que leur dépendance au crédit qui en résulte. Le capitalisme financier est passé par là et parasite l’activité économique. Il est attendu des banques qu’elles dynamisent leur politique de crédit, la BCE les y incite par ses programmes, mais la capacité des entreprises à le rembourser à des limites. À force de trop tirer sur la corde… L’endettement privé a atteint d’immenses proportions.
François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, tempère les ardeurs des plus acharnés. La réforme des retraites ou de l’assurance-chômage, n’est pas selon lui la priorité, car des garanties doivent être apportées pour que « l’épargne supplémentaire des ménages de 100 milliards d’euros soit déversée en consommation ». Il ne préconise pas non plus les baisses d’impôts, cet autre levier favori du néolibéralisme, en raison de leur « efficacité décevante ». Le nouveau Premier ministre est sur les bancs de l’école.
Peut-on parler d’effet Pentecôte ?
Sacré Covid !