Elle a par contre vocation à être irresponsable ! c’est l’administration Trump qui en a décidé ainsi, la vérité sortant de la bouche des plus attardés. Selon le secrétaire d’État américain au travail, Eugene Scalia, « les produits d’épargne-retraite privés parrainés par l’employeur ne sont pas faits pour avancer des objectifs sociaux ou des objectifs politiques qui ne sont pas dans l’intérêt financier de l’épargnant ». C’est lui qui le dit !
Exit les produits d’épargne labellisés « ESG » répondant à une gestion « socialement responsable », cette dénomination fourre-tout qui impose de ne pas y regarder de trop près. Vu que l’encours des produits d’épargne-retraite est de 11.000 milliards de dollars aux États-Unis, cette injonction va avoir quelque poids et freiner la dite gestion responsable. Le secrétaire d’État prétend protéger les épargnants, mais il les empêche en réalité de bénéficier du meilleur rendement avéré des produits « ESG », au nom de la vision rétrograde des Républicains.
Une toute autre histoire est en train de se jouer en Europe. L’heure est venue pour les lobbys financiers de réactiver l’Union des capitaux et l’intégration financière, tandis que la discussion sur l’obtention « d’équivalences » à la City se poursuit. L’enjeu est énorme pour celle-ci, car elles ouvriraient la porte du marché européen qui sans elles se fermerait une fois le Royaume-Uni sorti de l’Union européenne.
Les milieux financiers européens sont favorables à un accord à ce propos, car ils souhaitent continuer de faire des affaires avec la City, la seconde place financière mondiale après celle de New York. Une question est particulièrement sensible, celle de l’accès aux chambres de compensation britanniques qui jouent un rôle déterminant sur le marché des produits dérivés.
Les propositions de toutes natures pleuvent, comme la relance de la titrisation ou l’allégement des contraintes prudentielles. La première permettrait de développer le marché financier et de libérer les bilans des banques encombrés par des actifs toxiques. La seconde d’améliorer la compétitivité des banques européennes vis à vis de leurs compétitrices américaines. À cet égard, il serait question de faciliter la conversion de la dette en capital, et l’on va reparler du calcul du risque bancaire au prétexte de soulager les banques des contraintes en capitaux propres.
Afin que ces dernières remplissent leur rôle, la création d’un actif européen sans risque d’un genre nouveau tourne dans les têtes. Il serait fait d’une pierre deux coups, car il représenterait une alternative à l’assèchement du marché de la dette publique qui résulte des achats de la BCE et réduirait la dépendance des banques à la dette de leur propre pays.
Enfin, la création de fonds de pension compléterait le dispositif, au prétexte de diriger l’épargne à long terme vers le financement climatique et l’innovation, là où les projets sont risqués est-il reconnu, où les banques n’ont pas envie de s’y frotter ! Pour le justifier, il est agité le prétexte du vieillissement de la population et des contraintes qui pèsent sur le régime de retraite par répartition.
Qui a dit que la construction européenne était gelée ?
La présidence allemande, plus qu’une heureuse coïncidence.
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