La régulation financière vient d’essuyer un coup de semonce avec le scandale de Wirecard. Il est finalement apparu que la surveillance des sociétés cotées allemandes était confiée à une petite société privée dotée de pouvoirs quasi-officiels, le Financial Reporting Enforcement Panel (FREP). Elle-même était contrôlée par Ernst & Young, l’auditeur de Wirecard, comme on se retrouve.
C’est ce qui s’appelle être juge et partie ! Cela a conduit le ministre adjoint des Finances Jörg Kukies (un ancien de Goldman Sachs) à reconnaître que l’auto-régulation financière « ne fonctionne pas comme elle devrait » et à déclarer qu’il allait falloir trouver « une solution radicale ». Celle-ci a simplement consisté à négocier avec les dirigeants du FREP la cessation de leur prestation, le ministre adjoint se refusant à donner les détails de l’accord. Le doute est permis, des compensations auraient-elles été accordées ?
Le gouvernement allemand est à l’origine de ce contrat dessaisissant le BaFin, le régulateur, le ministre des Finances Olaf Scholz reconnaissant tardivement « un scandale sans précédent dans le monde de la finance ». Il fallait peut-être y penser avant ! Un recours collectif se prépare au nom d’investisseurs qui réclament des dommages et intérêts au gouvernement fédéral en raison de « la défaillance des autorités régulatrices allemandes ».
L’Esma européenne a donné de la voix et le BaFin va récupérer ses prérogatives, mais une question reste entière : qui a pris et pourquoi, la décision de lui rogner les ailes ? L’histoire va être difficilement enterrée.