Déjà bien ancrée, la peur ambiante a trouvé avec la pandémie un aliment de choix. Ses risques sont immédiats, ni fantasmés ni suscités, lui permettant de prendre toute sa mesure.
À l’heure du soulagement, qu’il soit ou non justifié, est survenu un dangereux relâchement chez certains, tandis que chez d’autres les précautions sont sur-jouées. Chez d’autres encore, le déni l’a emporté, souvent instrumentalisé par la politique. Quoi qu’il en soit, il va falloir vivre longtemps avec une pandémie qui sera au mieux latente tant qu’une vaccination massive ne sera pas intervenue.
La peur est bien installée et ne va pas s’estomper de sitôt. Le profond sentiment de vulnérabilité dont le système financier avait déjà fait preuve s’est élargi à l’économie toute entière. Alors que les autres menaces que représentent la surveillance numérique et l’élévation des températures se vérifient, tout en suscitant d’heureuses réactions sans toutefois empêcher leur progression qui semble inexorable.
Elles ne sont pas les seules à exister. On peut ainsi mentionner les conséquences d’une tempête solaire sur le fonctionnement des systèmes informatiques et de télécommunications, dont l’emploi est désormais généralisé. Les équipements électroniques cesseraient de fonctionner avec les conséquences que l’on devine. Ou bien également les hackers malveillants, avec lesquels une compétition permanente est engagée pour combattre leurs intrusions, mais avec souvent un temps de retard. Ce qui n’est pas sans rappeler la lutte contre le dopage sportif ! Le progrès n’est pas toujours synonyme d’avancée…
Face au coronavirus, les scientifiques témoignent de leur ignorance et, pour les plus sensés d’entre eux qui prennent leurs responsabilités, ne veulent pas être conduits à assumer des choix qui sont d’ordre politique. Les dirigeants, qui n’échappent pas à la tentation, cherchent à justifier leurs mesures de reprise du travail en s’abritant imprudemment derrière un indicateur, le R0 (prononcer R zéro), dont le calcul nécessite de choisir la valeur de très nombreux paramètres après estimation faute de données établies. Très sensible à ces choix initiaux comme cela a été démontré, le R0 vaut à l’arrivée ce qu’il vaut, mais il faut bien se raccrocher à quelque chose !
Puisqu’on en est aux calculs hasardeux qui participent de la grande incertitude largement ressentie, mention s’impose des prévisions économiques calamiteuses qui sont assénées, avant une inévitable révision, ainsi que du risque financier, cette clé de voute du système. Quant à eux, les indices les plus communément utilisés le sont sans rappel de leur méthodologie ni mention du degré d’incertitude de leur calcul. Saurait-on, d’ailleurs, l’estimer ?
Le mal est donc profond, la fin de la guerre froide et l’éloignement de l’apocalypse atomique ne l’a pas calmé. La menace terroriste l’a avantageusement remplacé, qui a fini par trouver son origine en notre sein. La peur, savamment distillée et orchestrée, serait-elle l’arme fatale du maintien du capitalisme ?