Les réfugiés sont toujours aux portes de l’Europe afin d’y trouver un abri et la question de savoir comment les arrêter revient sur le tapis. La pandémie sous sa forme aigüe n’aura été qu’une parenthèse en passe d’être refermée. L’heure des barricades a sonné.
Le dispositif actuel témoigne d’une grande fragilité. La Libye est désormais comparée à une nouvelle Syrie, champ clos de l’intervention plus ou moins ouvertement revendiquée de nombreux pays dont la Turquie, la Russie, sans oublier la France plus discrètement. Le rôle qui lui est alloué va devenir de plus en plus difficile à tenir, tandis que de l’autre côté la Turquie utilise l’ouverture de ses frontières aux réfugiés comme moyen de pression vis à vis de l’Union européenne, menaçant la Grèce d’un nouvel afflux.
Les chancelleries s’agitent, les visites côté grec se multiplient, les adjectifs fleurissent, mais comment arrêter ce qui est qualifié de « dynamique de l’escalade de la tension » par Josep Borrell, qui est en charge de la diplomatie européenne ? Elle parcourt une large partie de la Méditerranée alors que le président égyptien al-Sissi menace d’intervenir militairement en Libye et que les « mercenaires » russes y manœuvrent déjà.
Dans l’immédiat, les navires des ONG humanitaires ont repris la mer, la force Frontex est accusée de se servir de ses patrouilles aériennes pour aider les garde-côtes libyens à localiser les embarcations des réfugiés cherchant à rejoindre l’Europe, tandis que l’Italie et Malte acceptent désormais d’accueillir les naufragés secourus. Mais les dirigeants européens sont toujours à court d’un dispositif solide protégeant l’Union des vagues migratoires dont ils pressentent qu’elles ne peuvent que s’amplifier.
La discussion d’un plan d’origine allemande a été repoussé en raison des circonstances, celle sur le plan de relance économique prenant ensuite le pas, mais ce n’est que partie remise. La présidence allemande de l’Union va être l’occasion de mettre sur le tapis une proposition mise au point par Horst Seehofer, le ministre de l’Intérieur de la coalition gouvernementale. Celle-ci se résume en trois points : l’instauration d’un dispositif très restrictif de demande d’asile à l’extérieur des frontières de l’Union, l’adoption d’un système de quotas entre pays afin de répartir ceux qui l’obtiendront (assorti d’un soutien à la surveillance des frontières pour les pays qui refuseront d’y participer), et l’interdiction pour les heureux élus de quitter leur pays d’adoption une fois installés.
De sérieux marchandages sont à prévoir, notamment en faveur des pays en première ligne comme la Grèce, l’Italie et l’Espagne, pour lesquels rien n’est à ce stade prévu dans ce plan. Il règne par ailleurs une forte odeur de pétrole au large de Chypre, provenant de gisements off-shore sur lesquels le gouvernement turc affirme ses prétentions.