Après la dette publique, la BCE manifeste une fois de plus en grand ses meilleures intentions à l’égard du système bancaire. Un troisième round estimé à 1.000 milliards d’euros de prêts intitulé TLTRO III va lui être destiné au prétexte de relancer le crédit bancaire en direction des entreprises et des particuliers. En réalité, l’objectif est tout autre.
Il ne faut décidément pas prendre pour argent comptant les motivations données par la banque centrale à ses différents programmes. Dernièrement encore, Le Monde publiait une interview de Fabio Panetta, l’un de ses gouverneurs, qui prenait grand soin d’associer ses tentatives de relever le taux de l’inflation à toutes ses décisions, afin de rester dans le cadre de sa mission. En réalité, ses achats d’obligations souveraines ont pour principal objet de maintenir très bas voire négatifs les taux de ce marché afin d’aider à la soutenabilité d’une dette publique qui explose.
La BCE maintient le niveau de ses achats obligataires intacts en les renouvelant lorsque les titres arrivent à maturité. Entre les obligations perpétuelles, auxquelles Dominique Strauss Kahn vient de se rallier dans Les Échos et les obligations quasi-perpétuelles de son dispositif, le distinguo est tenu.
Qu’est-il attendu de ces nouveaux prêts massifs à taux négatif aux banques, qui vont donc être payées pour emprunter ? Officiellement, qu’elles maintiennent le niveau du mois de mars dernier de leurs opérations de crédit alors que pour les deux vagues précédentes de TLTRO elles devaient les accroître ! En réalité, elles vont être en mesure de procéder à du « carry-trade », empruntant des capitaux à taux négatifs pour investir dans des actifs à taux positifs, compensant par exemple la faiblesse des taux sur le marché de la dette publique. Les banques des pays les plus éprouvés par la crise pourront ainsi acheter les obligations émises par le gouvernement de leur pays, renforçant le fameux nœud Gordien qu’il fallait dénouer lors de l’épisode précédent.
Mais cela ne s’arrête pas là. Une bonne part des 1.000 milliards d’euros – 400 milliards selon les estimations – va permettre le roulement de la dette contractée par les banques lors de la précédente opération de TLTRO. De nouveaux crédits vont permettre de rembourser les précédents. Ce n’est pas encore de la dette quasi-perpétuelle, mais cela pourrait finir par lui ressembler.
Dans les deux cas, la BCE semble rivée à sa politique et condamnée à enchaîner ses programmes. De quoi rendre superflues les discussions sur l’élargissement de sa mission, puisqu’elle est de facto intervenue…
Dernières nouvelles : les banques ont emprunté 1,3 milliards d’euros à la BCE, signe que c’est une affaire qui ne se refuse pas !