Il va falloir déchanter, alors qu’ils n’en seront ce vendredi qu’à l’acte I de leurs tractations. Ni ce sommet, ni probablement celui de juillet qui se tiendra sous la présidence allemande ne pourront conclure. Le plan de relance européen va être discuté sous toutes les coutures.
Le plan d’attaque de ceux qui sont désormais appelés « les frugaux » pour partager une même rétention est maintenant connu. L’enveloppe globale proposée par la Commission n’y résistera pas, comme attendu, mais deux points épineux supplémentaires vont être soulevés. L’un concerne le critère de répartition des crédits et des prêts, l’autre celle du remboursement de l’emprunt de la Commission destiné à les financer. En substance, l’idée est d’y participer moins tout en en profitant plus.
Les exclamations de bonheur et les grandes envolées de départ vont difficilement y résister. L’usage qui sera fait pays par pays des fonds attribués au bout du compte est une question centrale. Le gouvernement italien prépare activement ses propositions, les autorités allemandes se sont données de premières priorités, les françaises restent pour l’instant muettes, parant au plus pressé dans les secteurs fort peu écologiques de l’aviation et de l’automobile. Est-ce que ces fonds communautaires devront répondre à des priorités d’avenir ou vont-ils plus prosaïquement boucher les trous ? Tout va être mis sur la table afin de trouver un compromis. À commencer par la clé de répartition des fonds qui pourrait se révéler nettement moins favorable aux pays les plus fragiles, la Commission ayant pris en compte non pas une application des dégâts occasionnés par la pandémie mais la situation préalable de chaque pays, ce qui lui est contesté.
Les discussions vont également englober la Banque européenne d’investissement (BEI), qui souhaite bénéficier d’une importante augmentation de capital, qui lui a été pour l’instant refusée. La sous-capitalisation des entreprises européennes a été mise à jour par la brutale baisse de l’activité économique, qui est loin d’avoir retrouvé son régime d’avant la crise. Les petites, moyennes et grandes entreprises ont toutes été touchées et seules celles qui ont pu s’endetter s’en sont mieux sorties. Mais il faudra rembourser, ce qui suppose de retrouver un niveau d’activité élevé.
La solution est de les aider par tous les moyens, comme déjà engagés, que ce soit par des différés de payement soulageant la trésorerie, des garanties d’emprunts, la prise en charge partielle des salaires ou des prises de participation au capital (*). C’est sur ce dernier point que la BEI devrait intervenir. Le monde financier est protégé par les banques centrales, celui de l’entreprise par les États directement. Le capitalisme est de plus en plus assisté.
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(*) La mirifique enveloppe de 500 milliards d’euros annoncée par Emmanuel Macron pour la France comprend pour plus de 400 milliards d’aides en trésorerie et garanties, pour des montants qui ont vocation à être au moins partiellement recouvrés ou actionnés… Mobiliser n’est pas dépenser, nuance !