Haut-lieu du système financier, les fonds monétaires sont surveillés de près par les banques centrales, car ce sont de grands sensibles. Au mois de mars dernier, une crise les a sérieusement secoué, conduisant la Fed à intervenir en leur fournissant toute la liquidité dont ils avaient besoin. On a depuis appris que la BCE avait fait de même sur leur marché européen, qui pèse 1.200 milliards d’euros, mais cela avait été alors moins relevé.
Les fonds monétaires constituent un rouage essentiel de la gestion financière de court terme. Les entreprises et les fonds d’investissement y placent leur trésorerie et les banques en font leur bonheur en y trouvant leur financement. Mais si la liquidité est grande, le rendement doit être surveillé de près car il est maigre et il suffit d’un peu pour qu’il bascule. Un rien suffit à détraquer ce mécanisme, d’où la nécessité du gros coup de pouce des banques centrales. Car lorsque les fonds d’investissement décident de massivement retirer leurs capitaux, les fonds monétaires sont vite déséquilibrés et connaissent ce que les analystes appellent « un accident industriel » ! Ils doivent alors leur salut aux banques à condition qu’elles acceptent de racheter leurs créances, ce qu’elles ne font qu’après avoir obtenu une décote. Dans le cas contraire, les banques centrales sont naturellement le dernier recours, c’est ce qui s’est passé en mars dernier.
En ces temps de taux négatifs, le marché des fonds monétaire reste tendu. Et l’on comprend que la Fed se refuse à suivre l’exemple de ses consœurs européenne et japonaise en adoptant un taux négatif, même si elle n’en est pas très loin, le taux des obligations souveraines à trois mois étant déjà tombé à 0,14%. Une telle mesure pourrait perturber considérablement le marché des fonds monétaires et constituer une menace importante pour la stabilité financière dont les analystes expriment ouvertement la crainte.
La grande fragilité du système financier n’est plus à démonter. Et plus le volume de ses actifs s’accroit, plus elle grandit en raison de la soudaineté des mouvements massifs de capitaux résultant d’arbitrages implacables. L’image du lait sur le feu qu’il faut attentivement surveiller reste de circonstance. Quel sera le prochain épisode ? mieux vaut être aux aguets, tout tient à si peu de choses…