Ils n’ont pas fini de manger leur chapeau

Hors de la BCE, point de salut ! Son programme d’achats de titres en cours, le PEPP, est promis à un bel avenir, les juges de Karlsruhe ayant laissé entrouverte cette piste. Ce n’est pas une idée fixe, mais une nécessité impérieuse que défend Isabel Schnabel, anciennement professeur d’économie à l’Université de Berlin et ci-devant membre du conseil des gouverneurs de la banque centrale.

Elle met les choses au point dans le Financial Times, et même les points sur « i », soulignant implicitement le compromis que va proposer aujourd’hui Ursula von der Leyen au nom de la Commission. Aux dernières nouvelles, le fonds de 1.000 milliards d’euros aurait fondu à 750 milliards, et on attend les détails. C’est entendu, le capitalisme va devoir devenir « plus inclusif » disent-ils dans leur langage barbare, la croissance être plus soutenable et certaines productions relocalisées, mais ce sont pour l’instant des perspectives lointaines. Il y a plus urgent, comme le démontre l’adoption de plans de soutien à Air France-KLM et à Renault devançant les mesures en faveur du système hospitalier.

Choisissant ses arguments, Isabel Schnabel manifeste sa crainte d’une spirale déflationniste ainsi que d’une désintégration de l’Europe qui serait « très douloureuse ». « L’Allemagne est un des pays qui a beaucoup bénéficié de l’euro et ne devrait pas être celui qui le critique le plus », explique-t-elle, ajoutant « beaucoup des récits les plus populaires en Allemagne devraient cesser, tout simplement parce qu’ils ne concordent pas avec les faits ».

Elle affecte de manifester sa confiance dans l’issue de la réponse que la Bundesbank prépare aux juges ainsi qu’à l’action du Bundestag et du gouvernement allemand car « une solution doit être trouvée ». Tout en affirmant au détour d’une phrase que « nous devons éviter une situation dans laquelle une banque nationale ne serait pas en mesure de participer à notre programme d’achats d’actifs », suivez-mon regard ! Cependant, on a appris par ailleurs qu’une étude avait démarré au sein de la BCE, pour étudier la continuation de ce programme sans le soutien de la Bundesbank. La banque centrale n’est plus à cela près après tout, et la fuite est opportune. La clé de répartition de ses achats, qui n’est qu’une règle interne, n’a déjà pas résisté sans que cela soit revendiqué, la dette italienne étant soutenue tout particulièrement. Les autres banques de l’Eurosystème pourraient se répartir la part des achats de la Bundesbank, à moins que la BCE se substitue à elle.

François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France ayant déclaré que « s’en tenir aux clés de capital pour déterminer le montant des achats par pays serait une contrainte injustifiée qui réduirait l’efficacité même de nos interventions », c’est un signe que la voie est libre. La BCE pourrait dès la semaine prochaine accroître la taille de son programme en cours, car il est calculé qu’au rythme actuel de ses achats de titres, l’enveloppe initiale de 750 milliards d’euros sera épuisée d’ici la fin de l’année.

Il reste aux autorités politiques à faire preuve d’un même sens de l’innovation, coincés par les impératifs contradictoires de la crise économico-sociale. Devons-nous leur souhaiter bon courage ? En France, l’intention est de négocier les augmentations salariales contre un détricotage des 35 heures et l’effort fait pour les soignants par des contraintes pour les autres. Au nom de l’équité, bien entendu !

Une réponse sur “Ils n’ont pas fini de manger leur chapeau”

  1. Pendant que M Macron sous couvert de « disruption » électrique nous vend une énième prime à la casse automobile :

    Automobile: l’illusion électrique du gouvernement
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/260520/automobile-l-illusion-electrique-du-gouvernement

    Et que la Commission européenne nous vend le « Green Deal Climatique », la BCE et la BEI achètent la dette obligataire d’entreprises aussi vertes que prometteuses d’un avenir radieux (et même radiatif), telles que Total, Repsol ou Shell :

    En pleine épidémie, le soutien accru des institutions financières européennes aux gros pollueurs
    https://multinationales.org/En-pleine-epidemie-le-soutien-accru-des-institutions-financieres-europeennes

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