Quelle va être la réalité des transferts au sein de l’Union européenne dont il est fait grand cas ? La Commission prépare pour la semaine prochaine, comme prévu, une solution qu’elle a qualifié « d’équilibrée », ce qui signifie que la manne relative de 500 milliards d’euros va additionner des pommes et des poires, des subventions et des prêts.
L’équation n’est pas difficile à poser. Les prêts devront être remboursés par ceux qui en bénéficieront et du montant brut des subventions obtenues par chacun devra être soustraite la participation à l’augmentation du budget communautaire, une fois déduite la part de l’accroissement de ses fonds propres.
Suivant quels critères les subventions seront-elles accordées ? Chacun va vouloir être servi au mieux, et le résultera dépendra d’un rapport de force qui ne sera pas nécessairement favorable à ceux qui en auront le plus besoin. Lorsque l’on considérera le total des dépenses de chaque État, auquel il faudra ajouter les garanties de leurs prêts lorsqu’elles seront actionnées, que restera-t-il comme aide ?
Les États-Unis ont pris de l’avance question chômage de masse, mais les pays européens ne sont pas immunisés. Les critères suivant lesquels les aides gouvernementales sont accordées aux entreprises ne privilégient pas nécessairement le maintien de l’emploi, ni d’ailleurs la lutte contre le réchauffement climatique qui va inévitablement en faire les frais. Air France-KLM et Renault en sont le parfait symbole, priorité aux « fleurons », sans qu’il leur soit demandé dans ce domaine des contreparties.
L’amaigrissement du dispositif de soutien au chômage partiel est sur le tapis, et les réflexions vont bon train à propos de la poursuite du démantèlement du droit du travail. Et l’on peut lire les propos les plus confondants, comme ceux d’Eric Le Boucher dans Les Échos qui se trompe de film en menant un combat contre le « keynésianisme » et la poursuite de l’endettement, oubliant au passage que les entreprises y ont une large part ! Aux États-Unis, Donald Trump et Steven Mnuchin en charge du Trésor public continuent de temporiser, mais un nouveau plan gouvernemental massif d’un montant équivalent au précédent de 3.000 milliards de dollars est inévitable, vu les proportions que prennent la récession et le chômage qui l’accompagne. Heureusement, Eric Le Boucher veille au grain chez nous !
Soumis à des arbitrages à répétition, les autorités gouvernementales sont en terrain connu, le seul d’ailleurs. La « relance » va être l’occasion d’exercer à nouveau leurs talents dans deux domaines : comment la conjuguer avec les nouveaux objectifs de réduction des gaz à effet de serres ? comment fermer le robinet des aides et ne pas laisser se développer outre mesure le chômage ? Il était question d’une « ligne de crête », elle est toujours là…