Faut-il faire de BlackRock un épouvantail ? Ce serait profondément injuste, car il n’est pas seul. Avec un groupe de 27 fonds d’investissements dont il est le leader, quelques 60% des actifs en gestions sont détenus par leurs soins. Flowspring l’a calculé, qui se présente comme l’analyste « le plus avancé des gestionnaires d’actifs utilisant l’intelligence artificielle ».
Ce monde reste à explorer afin de le dévoiler, car une telle concentration ne peut pas être sans effets. Pour commencer la théorie de l’efficience du marché n’y retrouve pas ses petits. Le pouvoir de ceux qui en détiennent les clés n’est pas seulement reconnu par les banques centrales, qui font appel à BlackRock leur chef de file. La Commission européenne a aussi demandé son conseil afin d’établir ses règles en matière environnementale, social et de gouvernance… Le même, enfin, conseille également des fonds de pension et tend à devenir omniprésent pour son excellence présumée.
Qui est le maître, qui est l’esclave ? On savait déjà que quatre grands cabinets internationaux trustaient les fonctions de consultant et d’audit, une étape supérieure a été franchie. Elle remet à leur juste place les discussions à propos de la révision de la mondialisation au profit de la relocalisation. Pour ne pas parler du détestable repli souverainiste d’un autre temps.
Cela ne donne pas nécessairement la garantie que leur monde va retomber sur ses pieds. Il a été en effet était relevé que le nombre des victimes de la pandémie en cours était bien inférieur à celui de la « grippe espagnole », comment alors expliquer qu’elle ait à ce point paralysé l’activité économique ? La fragilité qu’elle a mise en évidence n’aurait-elle rien à voir avec un système capitaliste qui continue à ne pas trouver son équilibre et qui génère une société fragile et porteuse d’inquiétude ?
À juste titre, les anthropologues peuvent mettre en évidence que la domination de la nature auquel le capitalisme prétend est un échec flagrant, en attendant que la prochaine crise leur donne pleinement raison. On ne joue pas impunément avec notre monde fini dont les ressources ne sont pas illimitées, ni avec la chaîne du vivant qui en dépend. Pour faire simple, il n’y a qu’une seule maison et un seul destin…
N’épiloguons pas et redescendons sur terre, où cette évidence est loin de faire loi. La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, menace les banques des foudres des régulateurs si elles n’arrêtent pas de distribuer des dividendes et de procéder à des rachats d’actions, au profit de leurs actionnaires et investisseurs et au détriment de leur émission de crédits. Quelles chances a-t-elle d’être entendue, le système financier suivant imperturbablement la ligne de plus grande pente ?