L’Europe continue à se tenir en équilibre sur une seule jambe, sa banque centrale, car la seconde fait toujours défaut. Le dernier Sommet s’est défaussé sur la Commission en lui donnant la consigne de préparer un plan de relance, et elle peine à la tâche. N’y croyant plus, les investisseurs font pression sur la BCE pour qu’elle agisse, quitte à sortir sans le dire du cadre de sa mission.
Au rythme actuel de ses achats d’actifs, l’enveloppe de 750 milliards d’euros initiale sera épuisée en septembre prochain et devra être augmentée. Les marchés la verraient bien suivre l’exemple de la Fed et de la Banque du Japon en achetant des obligations d’entreprise quelle que soit leur notation. La BCE a déjà accepté que les banques utilisent comme garantie à ses prêts des obligations des « anges déchus », ces émetteurs qui ont vu leur note dégradée. Ses achats d’obligations italiennes ayant justifié la décision de l’agence Standard & Poor’s de ne pas dégrader la note italienne, le modèle est donc tout trouvé qu’il suffit de répliquer. En attendant, ces obligations « pourries » ont désormais droit de cité dans les circuits financiers au titre de collatéral, c’est toujours cela de pris.
Cette nouvelle contribution sera toutefois la bienvenue, car la participation de ces mêmes grands investisseurs au plan dont la Commission va accoucher est incertaine, si toutefois il est adopté par les gouvernements allemand et hollandais. À défaut de relance, des faillites seraient ainsi évitées.
Un projet est à l’étude visant à permettre à la Commission de lever 1.700 milliards d’euros sur les marchés, sur la base d’un apport de 300 milliards apportés par les États. Le flou règne encore sur la durée des emprunts et les modalités de leur remboursement. Celui-ci ne débuterait qu’à partir de 2027 et serait à la charge directe ou indirecte des États, dans ce dernier cas via un financement ad hoc du budget de la Commission, un impôt communautaire pouvant également y contribuer.
En tout état de cause, l’impact sur la relance du plan de la Commission serait limité. Seule la valeur nette des prêts à chaque État devrait être prise en compte, une fois déduit le montant de sa contribution à son financement. Le transfert serait réduit d’autant et la contribution à la relance également.
Tant que le ver sera dans le fruit et que le gouvernement français ne concrétisera pas avec les pays du Sud sa politique au profit du maintien hypothétique de ses relations avec les dirigeants allemands, la construction européenne battra de l’aile. En guise de moteur, le vieux couple franco-allemand est devenu un frein moteur !
Combien de temps va-t-il pouvoir être dissimulé que la dette italienne est insoutenable ? Jusqu’à quand la BCE va-t-elle l’acheter, éludant la nécessité de sa restructuration ? Ne perdez pas courage, il y a encore du grain à moudre !