À en croire François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, nous n’aurons comme seul choix possible, quand l’orage sera passé, que l’austérité aggravée ou l’inflation galopante. Bon, il ne le dit pas comme cela ! Il choisit naturellement la première option dans sa tribune parue dans Le Monde. Exit la monétisation de la dette, il faudra la rembourser, car « il n’y a pas de miracle ».(*)
Inflation ou pas inflation ? La BCE a triplé la taille de son bilan sans parvenir à lui faire retrouver son « taux d’objectif », qu’est ce qui pourrait changer la donne ? Tout dépend des pronostics concernant la suite, de la persistance ou non des tendances déflationnistes, du rythme et de l’amplitude de la relance quand elle interviendra. Il faudrait aussi que la consommation redémarre plus vite que la production.
Dans les circonstances actuelles, ce n’est guère vraisemblable. Le prix du pétrole a baissé de 70% et ne va pas remonter au niveau d’avant en claquant des doigts à la Donald Trump, l’emploi va continuer à chuter comme l’Organisation internationale du travail (OIT) s’en alarme, et les baisses de production et d’activité ne sont pas susceptibles de faire grimper les prix étant donné les secteurs qui sont le plus affectés. Mais, effet d’inertie sans doute, l’argument continue d’être utilisé pour s’opposer à une monétisation, même partielle, de la dette.
Toutefois, si l’inflation devait redémarrer, cela serait un excellent moyen de diminuer le poids de la dette, doit-on remarquer. Par contre, la BCE perdrait le prétexte justifiant de poursuivre ses achats obligataires qui stabilisent le marché de la dette. Les deux effets seraient donc contradictoires, lequel l’emporterait ? Difficile de prendre le risque de se tromper.
En tout état de cause, on est tenté de renvoyer dos à dos les partisans des deux options, qui ne nous promettent rien de bon. Que reste-t-il d’autre alors pour s’en sortir qu’une restructuration de la dette assortie de sa reconfiguration et accompagnée de la réorientation de l’allocation du capital par voie fiscale ? Si cela ne se fait pas de manière ordonnée, le risque est grand que cela se fasse dans le désordre, n’est-ce pas là le vrai choix ?
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(*) Il y a du nouveau de sa part, à suivre…
La question de savoir à quels intérêts obéissent les gouvernements ne se posant plus, la seule réponse possible à la récession en cours est donc connue d’avance :
Annuler les dettes de la zone euro après la crise, « totalement impensable » pour Christine Lagarde
https://www.usinenouvelle.com/editorial/annuler-les-dettes-de-la-zone-euro-apres-la-crise-totalement-impensable-pour-christine-lagarde.N951851
L’Usine nouvelle n’a pas donné l’intégralité de son avis dans le titre de son article. Christine Lagarde a renvoyé à plus tard le problème !
A mon avis, il est difficile de choisir entre austérité et inflation pour la bonne raison, me semble-t-il, que l’austérité alimente la récession et rien n’est sûr de dire qu’à l’inverse injecter dans le système de nouvelles quantités de monnaie produirait de l’inflation.
Quoi qu’il en soit, il faut bien voir que l’annulation de la dette aurait pour contrepartie une perte comptable (ou la constatation d’une monnaie permanente d’égal montant à l’actif du bilan), mais la masse de monnaie correspondante resterait toujours en circulation.
Inflation par ‘excès’ monétaire.
Si les billets de la planche à billet restent confinés dans la finance spéculative et ne n’égouttent pas ( trickle down) dans le monde réel, le risque d’inflation pour nous autres est très faible. L’expérience des QE le montre assez.
(Un bémol: l’inflation officielle est faible. La réelle, pour nous autres , est conséquente.)
L’utilité de booster la finance spéculative est questionnable, pour nous autres. Mais pas pour ‘eux’.
Pas de bol pour nous autres, ce sont ‘eux’ qui tiennent le manche, démocratiquement comme nous savons.