Heureusement, des valeurs sacrées sont sauvegardées dans ce monde ou tout fout le camp ! S’exprimant lors d’une conférence de presse, un haut fonctionnaire de Bercy a exprimé un véritable cri du cœur quand il a justifié le versement de dividendes aux actionnaires par les entreprises qui « doivent payer leurs fournisseurs. Et les actionnaires sont des fournisseurs de capitaux ». Une analogie singulière qui souligne combien il est coulé dans le moule.
Il est loin d’être le seul. Le gouvernement français s’en tient à des conseils de modération, diversement suivis, ne voulant pas par principe dicter aux entreprises leur conduite. Il s’en remet à elles, comme pour le respect des consignes sanitaires, advienne que pourra ! Le droit du travail peut être aménagé en raison des circonstances, mais celui des actionnaires à recevoir leur rétribution prime sur toute autre considération.
Qu’importe si les augmentations de capital brillent par leur absence et si les actions des entreprises servent de sous-jacent à des produits financiers d’un substantiel rapport pour les investisseurs ! On connaissait la double peine, il y a également la double récompense !
L’État français va demander aux seules entreprises dont il est actionnaire de ne pas verser de dividendes, a annoncé vendredi la ministre du Travail Muriel Pénicaud, sans même inclure les entreprises qui bénéficieront des mesures de soutien du gouvernement. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir le front de déclarer : « je crois que dans ce contexte tout le monde doit montrer que le partage de la valeur, c’est aussi une solidarité ».
Les groupes bancaires français ne bougent pas d’un cil, on pouvait s’y attendre, en dépit de la consultation de la Fédération bancaire européenne, lancée par le Français Jean-Pierre Mustier qui préside également aux destinées de la banque italienne UniCredit. Dans l’intention que le secteur adopte une position commune avant de se voir imposer des règles par les autorités. Soyons rassurés, l’idée n’est pas d’annuler le paiement des dividendes mais de le reporter, afin de laisser passer l’orage.
Il est tout de même réconfortant d’observer que certains se refusent d’abdiquer de leurs convictions… et de leurs intérêts. Les banques ne sont-elles pas, en première ligne du monde financier, aux avant-postes pour contenir une crise dont elles ne sont pas cette fois-ci à l’origine ? C’est en tout cas ce que pensent ceux qui se voient déjà en sauveurs. Mais en attendant mieux vaut faire profil bas.
En guise de spéculations, celles sur le coût de la pandémie vont bon train. D’un côté, il s’agit de la contenir et de l’autre de financer ses effets économiques, ce qui ne va pas sans mal dans les deux cas. Un nouvel indice va-t-il en sortir afin de mesurer le rapport entre la baisse de la production et du PIB correspondant et l’augmentation du nombre des contaminés affecté du taux des décès ? Une nouvelle bataille des chiffres est engagée dans ce dernier domaine, mais il s’est vite révélé – comme dans d’autres – qu’ils sont bons à prendre avec des pincettes.
Une nouvelle crise enfle, celle de la crédibilité de ceux qui sont « en responsabilité », façon de parler.
DERNIÈRES NOUVELLES :
La BCE a demandé aux banques de la zone euro de ne pas verser de dividendes ni de racheter d’actions propres tant que dure la pandémie.
Faisant suite aux échanges d’Emmanuel Macron avec les responsables des grandes centrales syndicales, le gouvernement est partiellement revenu sur sa position initiale. Les entreprises versant des dividendes ne pourront pas bénéficier de report fiscal ou des cotisations sociale. Cette exclusion ne comporte pas le recours au chômage partiel et les prêts de la Banque publique d’investissement (BPI).
Un tournant se dessinerait-il dans cette « drôle de terrible époque » ?
Il est important d’autant que je trouve que l’on n’en a pas vraiment parlé dans « nos » médias [l’article de Médiapart est pour les abonnés https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/270320/coronavirus-lisbonne-fustige-la-mesquinerie-recurrente-de-la-haye?onglet=full%20() ].
Le gouvernement néerlandais montre son visage fasciste.02, la version ultralibérale.
Le ministre des finances Wopke Hoekstra a osé dire qu’il faudrait enquêter pour savoir pourquoi l’Espagne n’a pas su économiser.
Le premier ministre portugais, Antonio Costa, qui est tout simplement un homme de gauche (un vrai, est-il besoin de le souligner ?) a su lui répondre.
Il a utilisé le terme « répugnant ».
« CE DISCOURS (des Néerlandais) EST RÉPUGNANT DANS LE CADRE DE L’UNION EUROPÉENNE. C’EST VRAIMENT LE MOT : RÉPUGNANT. »
« Ce type de réponse est d’une inconscience absolue et cette mesquinerie récurrente mine totalement ce qui fait l’esprit de l’Union européenne et représente une menace pour l’avenir de l’Union européenne »
« Personne n’est disposé à entendre à nouveau des ministres des Finances néerlandais comme ceux que nous avons entendus en 2008 et dans les années qui ont suivi. »
En VO :« O nome Wopke Bastiaan Hoekstra poderia não lhe ser familiar há 24 horas, mas depois da última reunião dos líderes europeus, ganhou um espaço (pouco esperado) mediático em Portugal. Depois de o primeiro-ministro ter considerado “repugnante” e excessiva uma declaração do ministro das Finanças da Holanda na qual defende que a Comissão Europeia devia investigar países como Espanha, que dizem não ter margem orçamental para responder ao impacto da crise provocada pelo novo coronavírus. António Costa considera que essa ideia não se insere no “quadro de uma União Europeia”.
GL a déjà cité cet échange mais j’y reviens car nous sommes devant une situation où tout va se mettre au clair.
Et bien sûr j’en profite pour demander à François (confiné au Portugal ?) plus d’éclaircissements …
Confiné à Lisbonne, je confirme ! Antonio Costa a fait une sortie, les portugais ayant subit la crise en renouant pour certains avec les années de misère du temps de la dictature. Et craignant de devoir renouer avec les années sombres après avoir cherché à les oublier, eux qui ont vécu leur entrée dans l’Europe comme une bénédiction. Les plages sont désertes car interdites, les rues sont vides, le silence est troublant.
En Italie c’est le President de la république qui a donné le ton:
« L’Europe doit comprendre la gravité de la menace, sinon il sera trop tard ».
Ce que ce « trop tard » désigne c’est à la fois le futur de l’UE et le futur de l’Italie. L’extrême droite continue à y attendre une occasion de prendre les choses en main. On peut d’ailleurs se demander dans quelle mesure la perspective de pouvoir faire porter sur l’extrême droite Italienne (toutes ses nuances s’y étant partagé le pouvoir) la responsabilité d’un effondrement de ce pays ne conviendrait pas à quelques-uns de ses voisins du nord.
Contrairement à Macron, qui s’estime probablement en mesure de rester aux commandes en France même si l’UE ne lui apporte aucun secours réel dans les moments difficiles, le Président italien est le mieux placé des italiens pour mesurer la fragilité de l’assemblage hétéroclite actuellement à la tête de son pays.
Je n’arrive pas à imaginer que Mme Merkel et consorts, même en se planquant derrière les institutions de Bruxelles, osent envoyer une « troika » en Italie. Par contre ceux qui contrôlent les robinets de l’euro me semblent détenir une énorme capacité de nuisance (tout en étant assurés de rester dans l’ombre ?)
« Je n’arrive pas à imaginer que Mme Merkel et consorts, même en se planquant derrière les institutions de Bruxelles, osent envoyer une « troika » en Italie. »
En matière d’aveuglement idéologique, j’en connais qui n’hésitaient pas hier à envahir l’Union soviétique en juin et à déclarer la guerre aux USA en décembre.
Le suicide comme forme du génie national ?
Bien vu.
Cependant, cela suppose un génie profondément ancré. Il me semble que nos voisins d’outre-Rhin ont assez montré pendant 70 ans qu’ils repoussaient ce génie-là. Je crois toujours que l’Allemagne reste exemplaire sur l’essentiel, ce qui n’exclut ni l’irresponsabilité européenne, ni un égoïsme nationaliste bien compris. D’ailleurs, ils ne sont pas sans problèmes sociaux de fond, ni problèmes commerciaux remettant en cause leur développement industriel. Les menaces sur la vache sacrée, l’industrie (« hier tun wir noch Dinge »), sont la cause d’une anxiété nationale.
Ou bien, autre point de vue, le génie suicidaire ressort de la bouteille. Nous n’en sommes pas là. Pas encore?
Chaque génération est un pays différent et il semblerait au vu des dernières élections en Thuringe, que la vaccination appliquée aux arrières grands-pères par les B-17 et les T-34 ne soit plus aussi efficace pour les petits-enfants…
La première alliance des conservateurs avec l’extrême-droite choque l’Allemagne
https://www.lesechos.fr/monde/europe/lafd-relance-les-tensions-au-sein-du-gouvernement-dangela-merkel-1169600
Merkel a cette fois remis de l’ordre dans la maison, mais la prochaine fois ? Le (ou la) prochain Chancelier aura-t-il l’autorité suffisante, quel que soit son parti, pour stopper la contamination ?
Disons que le Covid-19 va agir comme un révélateur de l’imprégnation de l’idéologie ordolibérale. La transformation de la Grèce en protectorat et la condamnation à mort –littéralement- de ses habitants les plus démunis pouvaient encore passer pour un égoïsme national bien compris (sans oublier les gentils français tout contents de se cacher lâchement derrière le méchant Schäuble pour sauvegarder les intérêts de leurs banques).
Mais quid dans un monde post-Covid où le modèle exportateur allemand va être encore plus en difficulté du fait de la récession ? S’ils en reviennent au schwarze Null, ils précipiteront des millions d’électeurs dans les bras de l’AfD et là, parler de génie du suicide ne sera plus outrancier.
Wait and see…
Salut Roberto,
Tu as généralement une tonalité de mon point de vue assez éclairée.
Mais ton allusion aux générations est assez vaseuse, potentiellement vérifiable, mais limité aux allemands, dégueulasse de mon point de vue. A cet effet, on trouvera encore une bonne majorité de « bons » fRançais pour voter les plein pouvoirs au sauveur de la nation !
Un pays, parmi le plus riche du continent, qui donne 30% au RN n’a pas trop de leçon a donner au reste de l’Europe, et spécialement aux Allemands, question maladie, la fRance n’est pas en bonne santé.
Et cette vicieuse crise COVID ne va pas arranger les choses, je pronostique même une dégradation brutale du patient fRançais.
Même si le pire n’est jamais sûr. Wait and see my friends.
Bonsoir CloClo,
« Chaque génération est un peuple nouveau »
C’est de Tocqueville et même si ses exégètes se crêpent le chignon à propos de cette phrase tronquée et sortie en partie de son contexte, tout le monde s’accorde pour dire qu’elle s’applique à tous les peuples sans exclusif de lieu ou d’époque.
Elle porte sur les générations et leurs inévitables conflits liés à une mutuelle et plus ou moins cordiale incompréhension.
Traduite à la pelleteuse elle signifie que l’expérience est comme un cure-dent, personne ne s’en servira derrière vous. C’est la mise en parallèle de cette banalité avec la culture nationale qui peut provoquer – à mon humble avis – une légère angoisse. Si mon dernier commentaire concernait l’Allemagne c’est tout simplement que c’est le pays qui donne le la à l’UE. Et que le nazisme n’est pas un accident de l’Histoire, une monstruosité sortie du néant avant d’y retourner définitivement, mais un fait culturel total et exclusivement allemand.
Autrement dit, si le souvenir atroce de la guerre n’est plus porté que par une poignée qui s’amenuise rapidement, les racines culturelles qui l’ont provoquée sont toujours là. Et bien vivantes.
Naturellement ce schéma s’applique partout et à tous. La France de Pétain n’a pas miraculeusement disparu en 44 et nombreux sont aujourd’hui les signes de sa résurgence comme tu le fais justement remarquer. On pourrait même dire qu’elle a utilisé avec une remarquable réussite – jusqu’à présent – la stratégie du coucou.
» anxiété nationale. » Plus une intuition que tout autre chose.
Ouest-France, 29-03-2020:
« Le ministre des Finances de Hesse [Francfort], Thomas Schaefer, « profondément inquiet » des répercussions de l’épidémie du coronavirus sur l’économie, s’est suicidé, a annoncé dimanche 29 mars le Premier ministre de ce land allemand…
Il travaillait nuit et jour en liaison avec les entreprises… »
Un point sur lequel E. Todd s’est trompé. En gros, selon lui, les Allemands sont si sûr de leur bon droit, vis à vis de l’Euro et de l’Europe, qu’ils ne suicideraient pas.
Faudrait que je retrouve la citation exacte.