Mario Centeno, le président de l’Eurogroupe, a manifesté son « impatience » suite à l’échec de la réunion d’hier des ministres des Finances de la zone euro. Le blocage a été total et rien n’a pu être décidé, dans l’attente de la téléconférence de demain des patrons. On croise les doigts !
Deux enjeux sont sur la table, l’activation des prêts aux États du Mécanisme européen de stabilité (MES) et, plus hypothétique encore, l’émission de corona-obligations. Celles-ci seraient à tous égards la meilleure solution, mais elles sont des créatures du diable pour les fanatiques qui y opposent leur veto et qui n’ont qu’une idée fixe en tête, combattre comme des preux chevaliers l’aléa moral pour l’abattre, afin que triomphe la juste austérité des esprits illuminés. En fait d’irresponsabilité des pécheurs de tout crin, c’est d’autant plus facile qu’ils ont le ventre plein.
Le ministre néerlandais des Finances Wopke Hoekstra, commentant la réunion, s’est réfugié derrière des propos dilatoires : « nous sommes dans le brouillard et nous ne savons pas si une phase plus difficile viendra plus tard », « la logique veut que nous gardions notre arsenal et que nous ne dégainions pas prématurément ». Tandis que le ministre allemand de l’Économie Peter Altmaier a été plus direct : « je ne peux que recommander de ne pas organiser un faux débat pour des raisons idéologiques, dans lequel chacun déterre sa solution préférée d’il y a cinq ou dix ans ». Ajoutant péremptoire « ce serait une erreur, pour le moment, et nous ne l’accepterons pas ». Fermez le ban !
En référence à l’argument éculé de l’aléa moral, le chroniqueur du Financial Times Martin Wolf oppose une toute autre faute morale qui atteint « le projet européen ». De leur côté, les partisans d’une action décisive font valoir qu’il ne s’agit pas d’éponger des dettes – et avec elles des fautes passées présumées – mais de préserver l’avenir. Rien n’y fait !
Chaque État a son propre plan de mesures et va accroître son endettement dans des proportions difficiles à déterminer. Lors de la précédente crise, cela a représenté environ 20% du PIB pour l’eurozone et pourrait aller bien au-delà cette fois-ci. Parmi ses membres, il y a ceux qui pourront y faire face – comme l’Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande – et il y a tous les autres. Le déséquilibre entre eux s’accentuera, avec comme seule perspective une austérité aggravée pour les derniers. Des corona-obligations seraient indéniablement la meilleure manière d’anticiper cette situation, désastreuse pour ceux qui la subiront en premier lieu et pour l’Europe en second.
La création de telles obligations donnerait à la BCE, qui épuise ses instruments, un nouveau moyen d’intervention. Car aucune loi existante ne ferait obstacle à l’achat de ces titres européens, seule l’acquisition de la dette nationale est proscrite par les textes. Et il n’y aurait pour elle aucune limite, pas de clé de répartition de ses achats, pas d’interdiction de se rendre sur le marché primaire en procédant à des achats directs auprès de l’émetteur. Celui-ci pourrait être le MES, ou la Banque européenne d’investissement (BEI).
Dans un tel contexte, les pays de la zone euro pourraient même faire défaut sur leur dette sans mettre en danger sa stabilité. Et, une fois la crise passée, ces mêmes obligations pourraient contribuer à la relance des investissements qui ont pâti de l’application des règles du « Pacte de stabilité ». Qui dit mieux ?
1. Quelle est l’intérêt de construire laborieusement une telle suprématie, si c’est pour devoir y renoncer sans aucun avantage ?
2. Quel est l’intérêt de permettre la construction d’une telle suprématie, si aucun effet de protection n’y est attendu ?
Il faut noter que le gouvernement néerlandais avec Rutte à sa tête est également un des seuls à continuer dans sa politique criminelle de l’immunité collective.
Terrible logique de gens ultralibéraux accrochés sur leurs dogmes ─ la « Religion féroce » implique des sacrifices, d’abord budgétaires et ensuite humains..