La Commission s’est résolue à suspendre les règles du pacte de stabilité qui n’étaient déjà plus respectées. Mais les vieilles divisions européennes, bien ancrées, ne sont pas estompées. Elles continuent de s’exprimer aussi bien au sein du conseil des gouverneurs de la BCE que lors des sommets de chefs d’État et de gouvernement. Les barrières vont elles tenir ou céder ?
La dernière réunion des gouverneurs de la BCE a une fois de plus donné l’occasion aux « faucons » allemands et hollandais de se manifester. Fallait-il ou non limiter l’ampleur du nouveau train de mesures ? Un compromis a été trouvé en le chiffrant tout en laissant ouverte la possibilité si nécessaire de l’augmenter. En laissant à résoudre pour plus tard la révision des quotas d’achats de la dette publique que la banque s’est elle-même donnée, qui sera alors inévitable.
Angela Merkel ne s’est pas frontalement opposée à l’émission de corona-obligations, mais elle a botté en touche en renvoyant la question aux ministres des Finances, dans l’intention que leurs discussions s’éternisent. Et les appels pressants des autorités italiennes pour activer les prêts du Mécanisme européen de stabilité (MES), secondées par les françaises qui sur ce terrain ne veulent pas les laisser tomber, sont restées pour l’instant lettre morte.
C’est forcés et contraints que les partisans de l’immobilisme ne vont pas pouvoir éviter de manger plus tard leur chapeau. Pour l’instant, affirmant la raison du plus fort, ils prétendent privilégier les mesures nationales dont ils ont les moyens financiers. Si une confirmation devait être trouvée à l’état de désunion de l’Europe, elle est trouvée !
Dans un deuxième temps, la BCE s’est décidée à réagir. Faut-il compter sur l’ampleur de la récession qui menace l’Allemagne, première puissance économique européenne, pour espérer un changement ? Les sombres prévisions des instituts allemands vont jusqu’à prédire une chute de 9% du PIB, est-ce bien dans les moyens du pays devant un défi que Christine Lagarde qualifie « d’existentiel » en mettant les points sur les « i » pour se rattraper ? Cela fait beaucoup de points d’interrogations, mais la dynamique qui est enclenchée est de fer, et il faudrait un miracle pour que l’appareil de production ne se grippe pas d’avantage.
Les partisans du revenu universel, portés par les évènements, le rebaptisent désormais revenu d’existence. À circonstances exceptionnelles, réponses d’exception, font-ils prévaloir. C’est sinon se réfugier dans le déni, une attitude dangereuse que les « psy » connaissent bien ? Il n’est pas interdit d’y réfléchir.