Plus la pandémie durera, plus l’économie faiblira. Comment demander en même temps de s’isoler pour se protéger et d’emprunter les transports publics pour aller travailler ? Lorsque Bruno Le Maire, le ministre français des Finances, martèle que « sécurité sanitaire et économique doivent aller de pair », il pratique un numéro d’équilibriste. Les injections de liquidités, reports de taxes, garanties de prêts, nationalisations… tout l’arsenal possible des aides aux entreprises et à l’économie n’enrayeront pas ce processus.
Après la Fed, la Banque du Japon et la Banque d’’Angleterre, la BCE s’est décidée à agir de manière spectaculaire. Le taux de la dette italienne, qui était surveillé comme le lait sur le feu, a déjà baissé et les obligations des entreprises vont en faire autant. Emmanuel Macron a embrayé en demandant « une plus grande solidarité financière au sein de la zone euro », sans en préciser les modalités, car « nos peuples et nos économies en ont besoin ». Est ainsi posé collectivement le problème d’un soutien aux budgets des États, que Christine Lagarde a traduit lors du dernier sommet, mais sans succès, par la proposition d’émission d’« obligations coronavirus »
Giuseppe Conte, le chef du gouvernement italien, n’y a pas été par quatre chemins en déclarant que « nous avons évité l’effondrement du système, les mesures restrictives fonctionnent et il est évident que lorsque nous atteindrons un pic et que la contagion commencera à diminuer, au moins en pourcentage, dans quelques jours, espérons-le, nous ne pourrons pas revenir immédiatement à la vie d’avant ». Annoncer la date du pic de la pandémie est déjà ambitieux, établir le calendrier du retour à la vie normale l’est encore plus.
L’endiguement de la pandémie ne permettra pas de lever les restrictions, dans la crainte d’un rebond, et la crise sous ses aspects économiques se poursuivra. Yves Veyrier de Force Ouvrière remarque d’ailleurs qu’il est « difficile de définir ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas » et traduit le sentiment ambiant en demandant que les salariés soient « rassurés » tout en évoquant la possibilité qu’ils soient réquisitionnés….
Pour que l’économie continue de tourner comme il faut, il ne suffit pas de veiller au financement des entreprises par les banques ou par le marché, ni d’inciter au télétravail qui n’est pas toujours possible et qui pourrait à force saturer la banque passante de la tuyauterie d’Internet, comme s’en inquiète Thierry Breton de la Commission européenne. Il faut également que la consommation soit au rendez-vous et que pour cela les revenus soient autant que possible maintenus.
Le gouvernement prévoit pour l’instant un financement de 5,5 milliards d’euros du chômage partiel, soit l’équivalent de 15% des heures travaillées sur une durée de deux mois, mais il risque de vite être épuisé. La ministre du Travail Muriel Pénicaud annonce que 21.000 entreprises représentant 400.000 salariés ont déjà demandé à bénéficier du dispositif et que les demandes continuent d’affluer. La conduisant à rappeler que les employeurs peuvent imposer à leurs salariés la date de leurs congés, ceux-ci amenés à faire « un acte citoyen ». Du temps sera gagné mais les congés ne sont pas inépuisables.
Attendons la suite, en espérant qu’elle ne tarde pas trop !
Un beau job à plein temps… et une belle leçon … :
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