Faute de vaccin, il n’y a qu’une seule manière d’arrêter la pandémie en cours, c’est d’attendre qu’elle soit stoppée une fois l’infection suffisamment propagée. Les demi-mesures actuelles sont inopérantes et les autorités Britanniques, qui n’en prennent aucune, ne sont pas de ce terrible point de vue illogiques.
Inutile de se cacher derrière des boîtes d’allumettes, la progression du coronavirus pourra certes être ralentie – l’objectif revendiqué-, mais cela n’empêchera pas le système de soins d’être vite saturé vu le rythme de sa propagation. On touche là au cœur du problème : tant que les entreprises ne seront pas arrêtées, à la chinoise, et que les transports en commun fonctionneront afin de ne pas y aboutir de facto, on doit s’attendre à de très nombreuses morts, par centaines de milliers en France dans le pire des cas est-il annoncé. Les estimations données de source scientifique donnent froid dans le dos.
Se laver fréquemment les mains et garder ses distances, c’est bien, mais cela revient à s’en remettre à des pis-aller et faire reposer sur chacun une responsabilité qui n’est pas de son ressort. Et fermer les frontières est illusoire quand une épidémie devient pandémie, une fois mondialisée. Même quand Donald Trump, jamais à court, annonce avant de se reprendre que cela vaut aussi pour les marchandises.
Les hautes autorités sont face à un dilemme, elles ne se résolvent pas à arrêter la machine économique craignant que le système financier n’y survive pas. Quel prix va-t-il falloir payer pour ce nouveau sauvetage ?
Aux États-Unis, un effet secondaire de la pandémie justifie de se poser sans attendre la question. Le marché américain du crédit hypothécaire de triste mémoire fait reparler de lui. Il n’y a plus besoin de fouiller dans les profondeurs du système financier pour dénicher ce qui n’y va pas, ou de se gratter la tête pour comprendre les motifs du dernier paquet des mesures spectaculaires de la Fed.
Les Américains ont profité de la baisse des taux de la Fed afin de refinancer leurs prêts hypothécaires, créant une réaction en chaîne. Cela a abouti à l’émission massive de Mortgage-Backed Securities (MBS) par les organismes à l’origine de ces prêts, banques et autres, qui font coup double en les sortant de leur bilan tout en répondant ainsi aux besoins de financement. Mais ces titres ont trouvé difficilement preneurs auprès des investisseurs, et leur taux a augmenté, prenant à contrepied la Fed qui cherchait à les faire baisser. Il a fallu constater que la transmission de sa politique monétaire ne fonctionnait plus ! Et les emprunteurs ont finalement vu le coût de leur crédit augmenter par ricochet. Circonstance aggravantes, les entreprises ont également renégocié leurs emprunts pour profiter de l’occasion.
Le marché des MBS, qui pèse 7.500 milliards de dollars, est habituellement d’une grande liquidité, mais il est gelé. D’où la décision de la Fed d’ouvrir en grand ses vannes et les fortes pressions qu’elle subit pour qu’elle baisse à nouveau son taux, malgré un résultat incertain. La Fed est également appelée à intervenir sur le marché des MBS en achetant les titres délaissés. Ces mécanismes sont très pervers !
Après avoir dans un premier temps traité par le mépris la pandémie du coronavirus et nié l’existence d’une crise financière, Donald Trump va devoir venir à résipiscence alors que l’échéance de sa réélection s’approche.