La situation en Italie et ses développements préfigurent-ils ce qui attend l’Europe toute entière ? Le gouvernement y est confronté à un redoutable arbitrage qui ne va pas lui être réservé : comment contenir la pandémie sans paralyser l’activité économique ? La Chine a fermé ses usines – avec des résultats qui restent à confirmer, une fois fait la part de la propagande – ce n’est pas le cas en Italie. Les mesures gouvernementales, à première vue draconiennes, peuvent-elles faire illusion, risquant de seulement ralentir la propagation du coronavirus mais par contre de précipiter le pays plus profondément dans la récession dans laquelle il se trouve probablement déjà ?
Sa sévérité dépendra de la durée de la pandémie et de la mise en quarantaine de ses 60 millions de citoyens qui l’accompagne. Chaque mois va compter, accentuant la baisse de la croissance de la troisième puissance économique européenne. Selon Reuters, qui cite un ancien économiste en chef du Trésor italien, l’impact négatif des mesures actuelles sur la production devrait pour l’instant être de 10 à 15%, le PIB allant se contracter de 1,2% puis de 3% lors des deuxième et troisième trimestre.
Les PME, point fort de l’économie italienne, ne vont pas seulement être atteintes par le ralentissement de leur activité dû à la baisse de leurs exportations. Elles sont à la fois dépendantes de celles-ci, mais également de leurs importations, en raison de la rupture de leurs chaînes d’approvisionnement, même si leur effet n’est pas immédiat en raison du temps d’acheminement des importations venues d’Asie. Un délai qui vient d’ailleurs d’être reconnu en Allemagne par le ministre de l’Économie Peter Altmaier qui s’inquiète des effets de cette rupture.
La décision du gouvernement italien de suspendre le remboursement des prêts hypothécaires et des crédits – intérêts et principal – va affecter des banques déjà fort mal en point. Le système financier italien va pénétrer dans la crise que les autorités européennes essayent de contenir depuis une décade, une fois qu’aura été épuisé le coussin de liquidités réglementaires de 30 jours des banques. Il devra alors être fait appel, pour commencer, au programme d’assistance en liquidités de la Banque d’Italie.
Les autorités européennes vont devoir mettre les petits plats dans les grands pour soutenir le pays, son gouvernement et ses banques, car l’augmentation de 7,5 milliards à 10 milliards d’euros des crédits gouvernementaux destinés à aider les entreprises et les familles sera loin de le sortir d’affaire.
Quant à la zone euro, Oxford Economics ne prévoit plus que 0,6 % de croissance en 2020, en attendant la suite. Destinés à l’ensemble des pays européens, les 25 milliards d’euros mis sur la table par la Commission – qui ne seront disponibles dans leur totalité que « les prochaines semaines » selon sa présidente Ursula von de Leyen – ne feront pas le poids au rythme où vont les choses. Elle a assuré mardi soir qu’elle allait utiliser « tous les instruments à disposition », employant une formule passablement restrictive. Combien de temps cela pourra-t-il être tenu ? La flexibilité annoncée à propos du respect des contraintes de déficit budgétaire et d’endettement va devoir être très prononcée…
La mesure de ce qui va survenir n’a pas été prise.
Heureusement que Trump nous a assuré que le coronavirus ne toucherait pas les États-Unis. Les échanges USA-UE représentant peu ou prou 30% du commerce mondial, on imagine les dégâts et la panique boursière si ceux-ci venaient à être fortement perturbés.
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