Pas encore reconnue par l’OMS, qui retarde le moment où il faudra bien l’admettre officiellement, la pandémie du coronavirus est un bon révélateur des faiblesses de la mondialisation de l’économie – telle qu’elle a été conçue – et de la fragilité du système financier parasitaire. Une véritable leçon de choses nous est administrée.
La Chine est au centre du ralentissement de l’économie mondiale en raison des perturbations qui en résultent. Dans des secteurs de la production aussi importants que ceux des médicaments, des transports maritimes et de l’automobile, les chaines de valeur (de production) sont interrompues en raison de la fermeture des entreprises chinoises. Et, en dépit des directives du Parti-État, la relance de la production ne répond pas aux exigences, les chaînes logistiques n’étant que très partiellement rétablies. Le pire est que l’on n’en sait trop rien, car le reconnaitre serait un avis de faiblesse. Il n’empêche, le choc que connait le premier exportateur mondial s’avère être un goulet d’étranglement de l’offre globale.
Il n’en va pas différemment pour la demande d’importation chinoise, notamment en matières premières mais pas exclusivement, qui touche ses principaux fournisseurs, les pays asiatiques en premier lieu, dont le Japon et la Corée du Sud, la plupart des grands émergents comme le Brésil, mais aussi l’Allemagne et même les États-Unis, dont la Chine est le troisième pays d’exportation.
Pour partie, cela explique que la finance se sente mal, la dégringolade boursière en représentant le symptôme le plus visible. Les banques sont appelées à la vigilance par le Comité de Bâle, HSBC et Standard Chartered ayant déjà lancé une alerte sur l’impact de la pandémie et les risques d’instabilité financière mondiale. Les deux sont très exposées en Asie, où Standard Chartered dégage plus de 60 % de ses revenus. Autre signal, les CDS couvrant le risque de crédit des banques italiennes UniCredit et Intesa Sanpaolo ont commencé à grimper.
Pour qui voudrait se convaincre des tensions, un phénomène hautement significatif est visible sur le marché de l’or, la valeur refuge par excellence. Elle devrait monter face à la demande grandissante, mais elle plonge ! Ce paradoxe est le fruit des ventes réalisées dans la précipitation par des opérateurs financiers devant répondre sans tarder à des appels de marge en raison de la baisse brutale de la valeur des actions qu’ils ont apporté en garantie de leurs transactions. Voilà ce qui arrive lorsque l’on utilise des actions comme collatéral et que leur marché est en pleine déroute, une illustration de plus des effets de la mécanique financière.
Il en est craint un autre effet qui pourrait cette fois-ci toucher les obligations émises par les grandes entreprises, car celles-ci utilisent communément des actions comme collatéral. La qualité de ces titres pourrait donc s’en ressentir à son tour, le très volumineux marché de la dette d’entreprise victime de la contagion. Enfin, la dette publique ne serait pas épargnée en Europe si les investisseurs se reportaient sur les titres les plus solides, comme les allemands, et délaissaient les plus fragiles, comme les italiens. Et la crise obligataire européenne en serait relancée. Ces scénarios ne sont certes pas joués, mais ils sont écrits.
Tous se tiennent par la barbichette, à ce jeu systémique le premier qui chute entraine les autres.