« La colossale expansion matérielle de ces dernières années a pour destin, selon toute probabilité, d’être un phénomène temporaire et transitoire. Nous sommes riches parce que nous vivons sur notre capital. Le charbon, le pétrole, les phosphates que nous utilisons de façon si intensive ne seront jamais remplacés. Lorsque les réserves seront épuisées, les hommes devront faire sans… Cela sera ressenti comme une catastrophe sans pareille. »
Aldols Huxley : « Le progrès : comment les accomplissements de la civilisation vont ruiner le monde entier ». Article paru dans la revue Vanity Fair en 1928.
Depuis les prédictions de l’économiste anglais Thomas Malthus (1766-1834) nous sommes avertis des dangers qui pèsent sur les sociétés humaines du fait de la croissance démographique mondiale, à savoir qu’un jour viendra où les ressources tirées de la planète ne suffiront plus à nourrir les populations soumises selon ses observations à une croissance exponentielle. Un constat qui semble se révéler au final assez juste en ce début 2020.
L’Europe possède le plus grand territoire maritime du monde. Le CIEM (Conseil International pour l’Exploitation de la Mer) estime que 38 des 43 stocks de nos ressources halieutiques sont surexploitées ce qui implique des quotas de pêches diplomatiquement baptisés Rendement Maximal Durable (RMD). Les produits de la mer sont bien une ressource qui s’épuise du fait d’une surcharge (surconsommation ou gaspillage) produite par l’homme sur son environnement. Sourire de Thomas Malthus, grimace pour ses héritiers, pêcheurs ou consommateurs.
L’eau, « cet or du vivant » pourrait-elle un jour manquer elle-aussi ?
S’il y a plus de surface liquide que de terres recouvrant la surface du globe, les ressources en eau douce sont limitées, 2,5% seulement de la surface liquide et sa présence mal répartie en fonction des territoires fait de cet « or bleu » un objet de captations, de détournements, de spoliations. Selon un rapport de l’ONU (remis à jour régulièrement) les conflits liés à l’eau dans le contexte du réchauffement climatique vont encore augmenter dans la décennie à venir.
Notre espèce invasive aurait dû prendre conscience plus tôt des limites des ressources de notre planète. Nous commençons à nous en rendre compte lorsqu’une de ces ressources vient à manquer ou lorsque se la procurer devient un problème : c’est bien le cas du pétrole, qualifié « d’or noir », ayant permis à l’humanité de faire un bond gigantesque en seulement une centaine d’années. En effet, grâce à la puissance énergétique de ce produit miracle extrait des sous-sols de la planète nous avons pu décupler nos forces, franchir allègrement de grandes distances, exporter toutes sortes de marchandises, mettre un pied sur la lune. L’épuisement de cette ressource remettrait en cause toutes les chaines de distributions, notre mode de vie même en serait affecté.
Un vrai produit miracle et rien en vue pour le remplacer.
Un domaine qui a échappé à Malthus, n’ayant connu que le cheval, le bois et le charbon. Pas de détérioration de la couche d’ozone à son époque. Pour nous, le revers de la médaille : gaz à effet de serre, fonte des glaciers, acidification des océans, catastrophes climatiques …
Du coup, on songe à notre alimentation, à tout ce qui pousse sous le soleil, à cette aubaine de la nature offrant après quelques soins particuliers la récolte attendue, céréales, fruits et légumes nécessaires à notre survie.
Où en sommes-nous ? Après plus d’un demi-siècle d’agrochimie, le constat n’est pas des plus réjouissant : pollution des sols, des eaux, effondrement du vivant, monocultures intensives, pandémies …
Nous sommes entrés dans une ère nouvelle : l’anthropocène.