Après avoir soulevé de grands espoirs, Syriza, le Mouvement des 5 étoiles (M5S) et Podemos ont-ils comme destin commun de décevoir une fois accédé au pouvoir ? Le premier a joué une partie difficile en Grèce et l’a perdue, le second vient de connaitre une déroute électorale en Italie, et le troisième est désormais à pied d’œuvre en Espagne.
En Italie, la cause semble mal partie. Les électeurs du M5S ne répondent plus aux attentes qu’ils ont fait naitre après qu’il ait rejoint le système qu’il pourfendait, passant d’une alliance avec l’extrême-droite (MSI) à une autre avec le centre gauche (Parti démocrate). La place qu’il occupait semble pouvoir être prise, sur un autre mode, par le mouvement naissant des sardines. Le M5E est en pleine déliquescence, menacé d’éclater. Et si la coalition avec le Parti démocrate n’est pas menacée dans l’immédiat, son avenir parait limité, rendant l’avenir incertain et renforçant le jeu de Matteo Salvini qui aspire à reprendre à sa manière le flambeau de Silvio Berlusconi. En attendant, il va falloir gouverner un pays au bord de la récession économique et trouver des marges de manœuvre budgétaires.
Un coin de ciel bleu est apparu en Espagne, mais qu’elle va être la portée de l’action gouvernementale de Podemos ? Le mouvement a certes atteint l’un de ses objectifs en rompant l’alternance entre le Parti populaire et le PSOE, ce qui l’a conduit à s’engager, après de longues discussions mais sans hésiter, dans une coalition gouvernementale qualifiée de « progressiste ». Devenu Premier ministre, le leader du PSOE Pedro Sanchez l’a toutefois encadré en confiant à des fidèles les ministères de l’Économie et des Finances, ainsi qu’en dessaisissant de ses compétences en matière de sécurité sociale le ministère du Travail, attribué avec d’autres ministères sociaux à Podemos. De fait, ses responsables reconnaissent la modestie leur poids au sein du gouvernement.
Il peut cependant être déjà enregistré une augmentation du salaire minimal à 950 euros mensuels sur 14 mois. Mais le nouveau gouvernement va devoir obtenir de la Commission du temps pour équilibrer ses comptes budgétaires afin de conserver des marges de manœuvre et de poursuivre sa politique sociale. Toujours le même verrou ! La situation reste cependant ouverte, la vieille droite qui ne s’est jamais avouée vaincue, alliée à la nouvelle qui a les dents longues, allant créer une situation permanente d’affrontement porteuse d’une dynamique sociale et politique.
Symptômes de rejets viscéraux et de besoins inassouvis, expressions d’un espoir, Syriza, le Mouvement des 5 étoiles et Podemos sont les précurseurs d’un profond mouvement dont le destin est de continuer à se chercher. Il est appelé à se renforcer au fur et à mesure que se préciseront les contours d’une nouvelle société rompant avec l’actuelle en crise chronique.
PS: Réaction de la Commission au projet grec de « barrières flottantes » : « elles ne doivent pas entraver le droit d’asile ». « Nous allons contacter les autorités grecques pour comprendre mieux de quoi il s’agit exactement, quel est l’objectif de cette installation de barrières », a déclaré hier Adalbert Jahnz, l’un de ses porte-paroles.